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Pakistan

Pakistan: dans l'armée, des limogeages de hauts gradés qui en disent long

Le chef de l’armée pakistanaise a limogé plusieurs hauts gradés pour corruption. Un fait rarissime, qui intervient alors que le Premier ministre devrait s'exprimer ce vendredi 22 avril. Nawaz Sharif est empêtré dans les révélations des « Panama Papers » . Ses proches seraient en effet détenteurs de plusieurs sociétés « offshore ». De quoi alimenter les pressions politiques sur le chef du gouvernement, et promouvoir l’image de l’armée.

Raheel Sharif, chef de l'armée pakistanaise, photographié le 23 mars 2016 à Islamabad.
Raheel Sharif, chef de l'armée pakistanaise, photographié le 23 mars 2016 à Islamabad. REUTERS/Faisal Mahmood
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De notre correspondant à Islamabad,

Ils sont au moins six, dont deux généraux et un colonel. Ils officiaient pour la plupart au Baloutchistan, province la plus dangereuse du Pakistan, dans le sud-ouest du pays. Un endroit où les militaires pakistanais font face à de nombreuses accusations d’exactions, notamment contre les séparatistes dans cette zone frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan, sanctuaire des talibans et repaire de nombreux groupes armés.

Les militaires montent au créneau

On ignore tout des faits reprochés aux gradés limogés, jusqu'à leur nombre exact. Mais le signal envoyé par le très puissant général Sharif, chef de l’armée, est très fort. Jamais de telles évictions n’avaient été portées à la connaissance du public. Au Pakistan, l’armée cultive le secret, et ce ne sont d’ailleurs pas les canaux officiels de l’armée qui ont révélé les limogeages.

A l’origine de ces décisions apparaît donc un homme considéré comme le plus puissant du pays. Le général Raheel Sharif dirige l’armée d’une main de fer. Il est aussi l’homme le plus populaire du Pakistan. En début de semaine, il a appelé à la fin de la corruption pour lutter contre l’extrémisme. Dans cette intervention musclée, il a même appelé les responsables du pays à rendre des comptes, pour le bien du Pakistan.

Un Premier ministre éclaboussé

Au même moment, le Premier ministre Nawaz Sharif regagnait le Pakistan après un séjour à Londres, officiellement pour des examens de santé. Il en a profité pour faire le point avec ses enfants sur les dossiers panaméens. S’il n’est pas cité en personne dans le scandale des « Panama Papers », trois de ses enfants sont montrés du doigt. Il leur est prêté d'être à la tête de plusieurs compagnies « offshore » détenant notamment des appartements de prestige au cœur de la capitale britannique.

La ligne de défense du Premier ministre n’a pas changé depuis les premières révélations : il répète que tout est en règle et que ses enfants résidant à l’étranger n’ont pas à soumettre leur patrimoine au droit pakistanais. Il devrait néanmoins s'adresser à la nation ce vendredi soir, au sujet du scandale des « Panama Papers ». Il pourrait par exemple annoncer la mise en place d'une commission d'enquête.

Le sommet du pouvoir déstabilisé ?

Car jusqu'ici, les explications de M. Sharif ne suffisent pas et la colère gronde au Pakistan. La commission d’enquête sur le scandale, déjà promise par le gouvernement, n’a toujours pas vu le jour. Les magistrats pressentis pour la présider se sont un à un portés pâles. L’opposition s’est saisie du dossier, à l’image du PTI, le Mouvement du Pakistan pour la Justice, troisième force politique du pays.

Ce parti, qui fait campagne contre la corruption et fêtera en grande pompe, dimanche à Islamabad, son vingtième anniversaire, a menacé de manifestations monstres si la commission d’enquête ne voyait pas le jour d’ici dimanche. Face au regain de popularité de l’armée, dans ce pays qui fut dirigé la moitié de son histoire par des généraux putschistes, le Premier ministre a affirmé jeudi soir, devant une réunion exceptionnelle des ministres fédéraux, qu’il ne permettrait à personne de déstabiliser le Pakistan.

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