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Afghanistan

Afghanistan: un ministre démissionne après l’attaque d’une base militaire

Le ministre de la Défense afghan Abdullah Habibi et le chef d'état-major des armées ont présenté leur démission, avec effet immédiat, ce lundi 24 avril, trois jours après une attaque talibane qui a fait plus de 130 morts sur une base militaire dans le nord du pays. Les chefs de quatre corps d'armée ont également été remplacés. Ces sanctions étaient attendues par la population.

Le ministre de la Défense Abdullah Habibi et le chef d'état-major des armées Qadam Shah Shahim ont donné une conférence de presse, ce 24 avril 2017, après avoir annoncé leur démission.
Le ministre de la Défense Abdullah Habibi et le chef d'état-major des armées Qadam Shah Shahim ont donné une conférence de presse, ce 24 avril 2017, après avoir annoncé leur démission. REUTERS/Omar Sobhani
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Avec notre correspondante à Kaboul Sonia Ghezali

Les autorités afghanes ont été vivement critiquées durant le week-end par les observateurs et experts qui demandaient notamment des sanctions contre le ministre de la Défense, Abdullah Habibi. Il lui était reproché son incapacité à assurer la protection des citoyens et même celle des bases militaires. En effet, un commando d'au moins dix talibans lourdement armés a attaqué, vendredi 21 avril, plus de cinq heures durant, la plus grande base militaire du nord du pays, Balkh, près de la ville de Mazar-e-Charif, faisant au moins 130 tués.

L'annonce de la démission du ministre afghan de la Défense Abdullah Habibi et du chef d'état-major des armées Qadam Shah Shahim a eu lieu, ce lundi, alors qu'un petit groupe d'une quinzaine de manifestants s'était rassemblé devant le palais présidentiel à Kaboul, la population attendant des sanctions. Dimanche 23 avril, des rumeurs concernant leur limogeage et celui de hauts gradés de l'armée avaient circulé une bonne partie de la journée avant que des communiqués ne les démentent. L'annonce a donc été accueillie avec un certain soulagement, ce 24 avril.

L'attaque de Bakhl est la deuxième attaque d'envergure en quelques semaines contre des sites militaires après celle, début mars, du grand hôpital militaire de Kaboul qui avait fait des dizaines de morts. Elle a suscité l’indignation, la colère et la lassitude des Afghans de voir se répéter les mêmes scénarios. Début mars, la chambre basse du Parlement avait qualifié de « honte pour le gouvernement » le fait que les talibans puissent attaquer des lieux aussi sécurisés. Et le Parlement avait, en vain, demandé la démission des ministres de la Défense, de l'Intérieur et du chef des services de renseignements.

Un premier pas vers une prise de responsabilités

C'est un message fort qu'a voulu envoyé le gouvernement afghan, ce lundi 24 avril, en limogeant non seulement le ministre de la Défense et le chef d'état-major des armées mais aussi quatre commandants de corps d'armée, ceux d'Hérat, de Kandahar, de Paktia et de Mazar, celui qui a été pris pour cible dans l'attaque survenue vendredi. Il s'agit d'un premier pas vers une prise de responsabilités. Le seul responsable pointé du doigt ce week-end qui reste à son poste est le patron des services de renseignement.

Ces dernières attaques donnent l'impression que les talibans peuvent frapper où ils le veulent, et soulignent l'impuissance des services de renseignements et des forces de sécurité. Après l'attaque de Balkh, le porte-parole des talibans a déclaré que quatre des assaillants étaient des militaires qui connaissaient les lieux de l'intérieur. Des soldats blessés dénoncent aussi des complicités internes, mêmes complicités évoquées lors de l'attaque de l'hôpital militaire.

Les talibans, qui profitent de l'affaiblissement de l'armée depuis le départ des forces occidentales, contrôlent ou sont en guerre sur près de 40 % du territoire afghan.

Les problèmes que l’on a aujourd’hui ne sont pas des problèmes liés à des individus. Ce sont des problèmes totalement structurels. Premièrement, on a une pénétration très forte des talibans à l’intérieur des institutions. […] Le deuxième problème majeur qu’on a, c’est un problème de corruption généralisée, de népotisme, de « factionnalisme » à l’intérieur des institutions afghanes. […] Et là, évidemment, ce n’est pas changer le chef qui va changer le fonctionnement de ces institutions

00:59

Ecoutez l'analyse de Gilles Dorronsoro, professeur à l'Université Paris 1 Sorbonne

Quand vous parlez aux gens, ils sont en colère. […] Le ministre des Armées est changé maintenant mais le système reste à sa place. Le système est corrompu. Ce sont des personnes attachées les unes aux autres dans l’armée, dans la sécurité, dans l’administration afghane et, dans les domaines politiques et diplomatiques, et même dans les domaines civils

01:14

Sonia Ghezali a rencontré Khalil Roman, militant de la société civile, à Kaboul

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