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Moyen-Orient

Que reste-t-il des printemps arabes ?

Cette question trouve tout son sens en ce début 2016, cinq ans après les mouvements qui ont ébranlé le monde arabe en 2011 et ont échoué à transformer radicalement le Moyen-Orient et fait le lit du jihadisme. Le projet révolutionnaire est-il pour autant sans avenir ? Le mouvement est-il terminé ?

Banderole hostile au président Hosni Moubarak lors d'une manifestation au Caire, le 31 janvier 2011.
Banderole hostile au président Hosni Moubarak lors d'une manifestation au Caire, le 31 janvier 2011. Chris Hondros/Getty Images
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Le seul succès à ce jour des mouvements qui ont débuté il y a cinq ans, c'est la Tunisie, ailleurs c'est le retour à la case départ, comme en Egypte où on a assisté à une prodigieuse détermination des militaires à ne céder aucune miette de leurs privilèges. Egalement à Bahrein. Deux pays où les régimes autoritaires ont survécu, voire se sont intensifiés, et auxquels s'ajoute la Syrie. Ou le chaos avec des Etats qui se sont effondrés, Irak, Yémen, Libye....

On est loin de ce qui avait été imaginé il y a cinq ans. Le bilan des printemps arabes est clairement négatif. Et ce que l'on voit, c'est un conflit entre sunnites et chiites qui a redoublé de vigueur et une organisation de l'Etat islamique dont la dynamique a le vent en poupe, alors que la transformation politique des Etats est sur le reflux.

Face au constat de la fragmentation d'un certain nombre de pays, les analystes pointent du doigt deux phénomènes. Le premier est l'isolement de segments entiers de la population. Une grande erreur, selon eux, qui a débouché sur un retour par les armes et explique le développement du groupe Etat islamique, en Irak, en Syrie et également en Libye. Second phénomène, les processus électoraux prématurés qui se sont avérés catastrophiques dans des pays qui n'ont pas pris le temps de la réconciliation ou tout au moins du dialogue entre adversaires. Les élections se traduisant le plus souvent par une exacerbation des tensions entre factions rivales. C'est le cas de l'Irak. Egalement de la Libye.

L'exigence de liberté et de dignité est toujours là

Les évènements depuis 2011 sont un retour de l'histoire après le dépeçage de l'Empire ottoman, estime Jean-Paul Chagnollaud, professeur des universités et directeur de l'Iremmo. Les printemps arabes ont révélé des crises très profondes et anciennes. Et une intolérance montante des sociétés civiles face à des gouvernements considérés comme illégitimes.

Le processus révolutionnaire n'a sûrement pas disparu. Quand et où ressurgira-t-il et sous quelle forme ? Difficile à prédire, mais l'exigence tant de liberté que de dignité aujourd'hui contrainte ne s'est pas éteinte. Les problèmes ne se sont pas davantage volatilisés. D'après l'Organisation internationale du travail (OIT), le chômage des jeunes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de l'ordre de 25% en 2011, atteint aujourd'hui les 30%, soit plus du double de la moyenne à l'échelle mondiale. Ce alors que la croissance économique ralentit voire stagne. Et la baisse continue des prix du pétrole peut faire craindre le pire dans des pays qui ont fait de la rente pétrolière leur modèle économique. On pense à l'Algérie et à l'Arabie saoudite notamment.

Les gouvernements concernés sauront-ils engager les réformes qui s'imposent ? Les pays de la région exploitent la peur du djihadisme afin que l'extérieur et en particulier l'Occident ferme les yeux sur les violences. Ce silence et cette indifférence ont marqué l'histoire et se prolongent aujourd'hui, estime Salam Kawakibi, de l'Arab Reform Initiative (ARI). Ce n'est que depuis l'arrivée des migrants sur le sol européen qu'on réfléchit à ce qui se passe en Syrie. Depuis également les actions terroristes. Et le chercheur de se déclarer très pessimiste sur le dossier syrien et de qualifier l'ONU, UN en anglais, de « United Nothing ». Le Levant est dans l'impasse et interroge le reste du monde.

écoutez aussi sur RFI : Géopolique, le débat, dimanche 6 février à 19h10 TU

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