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Unrwa: sans financement américain, l’agence onusienne a besoin de plus d’engagements internationaux

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza manque de « neutralité » politique, mais Israël n'a pas encore fourni la « preuve » de prétendus liens de certains membres à des « organisations terroristes » comme le Hamas, ont conclu lundi 22 avril des experts mandatés par l'ONU. Les accusations de Tel-Aviv avaient largement freiné les financements internationaux, stoppé, même, en ce qui concerne notamment les États-Unis. Est-ce que ce rapport rendu hier pourrait aider Washington à reprendre son financement de l’agence ?

Des employés de l'Unrwa distribuent des sacs de farine aux civils à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en décembre 2023.
Des employés de l'Unrwa distribuent des sacs de farine aux civils à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en décembre 2023. AFP - MOHAMMED ABED
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Le porte-parole du département d’État américain a beau se dire satisfait de la réaction de l’ONU à cet audit, qui a promis d’implémenter les réformes suggérées, cela ne changera pas à moyen terme le financement américain à l’Unrwa, 350 millions de dollars, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. Depuis plus d’un mois, le Congrès américain a interdit tout financement jusqu’en mars 2025, c’est presque passé inaperçu et, pour satisfaire les parlementaires américains qui sont vraiment sensibles à la propagande anti-Unrwa, la mesure a même été réitérée dans le projet de loi voté par la Chambre des représentants samedi 20 avril et qui doit passer au Sénat ce mardi.

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Il en va de même du côté de Londres. Le gouvernement britannique avait déclaré, en janvier dernier, « suspendre temporairement tout financement futur » à l’Unrwa, et lundi 22, les députés conservateurs ont insisté pour maintenir cette décision, note notre correspondante à Londres, Sidonie Gaucher. Il y a peu de chances que le Royaume-Uni change d’avis, malgré la publication des résultats de l’enquête. Le pays fait face à des pressions contradictoires.

Comme le rapportait le Guardian lundi, l'ancienne ministre de l'Intérieur Suella Braverman a déclaré, entourée de plusieurs députés conservateurs proches d’Israël, que « le Hamas a utilisé des éléments de l’organisation et qu’il serait immoral et honteux pour le gouvernement britannique de financer les activités de l'Unrwa ». Durant sa collaboration, le Royaume-Uni avait versé l’équivalent de 40 millions d’euros à l’agence des Nations unies, dont près de la moitié en aide humanitaire. Le gouvernement estime que l’aide humanitaire peut continuer « à être prise en charge par d’autres branches des Nations unies telles que le programme alimentaire mondial ».

À la question de savoir comment l’Unrwa va pouvoir faire avec ce manque à gagner dans son budget, il semble que la communauté internationale se rallie de plus en plus autour de l’agence, convaincus par les résultats d’audit intermédiaire remis mi-mars.

De nouveaux donateurs privés

Le Japon a ainsi dégelé ses 35 millions de dollars de contribution, certains donateurs ont doublé leur contribution – la Norvège, l’Espagne ou l’Irlande –, de nouveaux pays ont rejoint aussi les rangs des financiers – le Portugal ou l’Algérie, qui a par exemple promis 15 millions de dollars, ou l’Irak, qui s’est engagé à en verser 25 – et surtout, et c’est nouveau, une tendance s’est créée autour de la solidarité pour le peuple palestinien.

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Les donateurs privés ont afflué, versant en tout 50 millions de dollars depuis février. L’Unrwa a pour l’instant un budget suffisant pour fonctionner jusqu'à fin juin, elle ne pense pas pour autant que cela sera suffisant pour compenser le trou créé par ce gel des 350 millions de dollars américains. Il faudra beaucoup plus d’engagements internationaux.

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La création de l'Unrwa et ses principales missions

L’Unrwa est créée fin décembre 1949 par l’Assemblée générale de l’ONU après le premier conflit arabo-israélien qui éclate au lendemain de la création d’Israël, en mai 1948. Elle a pour mandat de fournir une assistance humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans la zone d’opérations de l’agence, « dans l’attente d’une solution juste et durable à leur situation ».

Plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs terres entre avril et août 1948 au moment de la création d’Israël, selon l’ONU. Ces personnes, ainsi que leurs descendants, ont le statut de réfugiés. L’Unrwa devient le seul garant par défaut de leur statut international et intervient dans les territoires palestiniens, mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Quelque 5,9 millions de Palestiniens sont enregistrés auprès de l’agence et peuvent bénéficier de services qui comprennent l'éducation, des soins de santé, des services sociaux, des camps, ainsi qu'un aide d’urgence, y compris en période de conflit armé. Plus de 540 000 enfants étudient dans les écoles de l’Unrwa. Il existe au total une soixantaine de camps de réfugiés gérés par l’agence onusienne, dont dix-neuf en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, la situation humanitaire était déjà critique avant le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien. Selon des données de l’ONU datant d’août 2023, 63% des habitants souffraient alors d’insécurité alimentaire et dépendaient de l’aide internationale et plus de 80% vivaient sous le seuil de pauvreté. Sur les 30 000 personnes employées par l’agence, 13 000 officient dans la bande de Gaza, réparties dans plus de 300 installations sur un territoire de 365 kilomètres carrés, selon le site de l’organisation.

L’agence onusienne est financée en grande partie par des contributions volontaires des États. En 2022 par exemple, les fonds provenant du budget ordinaire des Nations unies et les contributions d’autres entités onusiennes s’élevaient à 44,6 millions de dollars. Les cinq principaux donateurs sont les États-Unis, l’Allemagne, l’Union européenne, la Suède et la Norvège.
 

 

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