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Russie/Turquie

Ambassadeur russe assassiné à Ankara: la politique russe en Syrie mise en cause

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux. On y voit l'ambassadeur russe en Turquie s'effondrer, abattu de plusieurs balles dans le dos par un homme qui dit vouloir venger les morts d'Alep. Andreï Karlov a été assassiné alors qu'il inaugurait une galerie d'art à Ankara. Son assassin, un policier en civil, a ensuite été tué par les forces spéciales. Le président turc a rapidement appelé son homologue russe et les deux dirigeants ont montré un front uni face à cette attaque. On apprenait ce mardi que six personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête.

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Un assassinat en direct avec les images d'un homme qui tire sur l’ambassadeur alors que celui-ci prononçait un discours et qui explique qu’il s’agit de venger les morts d’Alep. Les coupables vont rendre des comptes un à un, ajoute t-il ensuite. Un groupe de dix-huit enquêteurs, agents des services secrets et des diplomates russes sont arrivés ce mardi matin à Ankara pour enquêter. Six personnes ont déjà été arrêtées.

Les réserves de l'opinion publique turque sur la Russie

Très rapidement les autorités turques avaient annoncé la mise en place d’une commission d’enquête conjointe russo-turque sur cet attentat, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a parlé avec Vladimir Poutine hier dans la soirée et assuré que l’attaque n’aura pas de conséquences sur les relations avec Moscou.

Mais l’attentat intervient dans un contexte de tension, avec une multiplication des manifestations anti-russes en Turquie. Une situation très paradoxale pour le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, partagé entre ses liens avec Moscou et sa base pour qui la politique russe en Syrie est inacceptable. Les prochains jours seront très délicats pour le pouvoir turc qui va certainement devoir multiplier les gestes de bonne volonté face à Moscou, malgré une opinion publique de plus en plus réservée sur les bons rapports entretenus avec la Russie de Vladimir Poutine.

« Le crime qui a été commis est sans aucun doute une provocation destinée à perturber les relations entre la Russie et la Turquie, ainsi que le processus de paix en Syrie auquel contribuent activement la Russie, la Turquie et l’Iran. Il ne peut y avoir qu’une seule réponse à cela : intensifier la lutte contre le terrorisme…», a expliqué de son côté Vladimir Poutine à la télévision russe, lundi 19 décembre.

A Moscou, depuis hier soir, la tonalité du côté des officiels et de la presse exprime une volonté de ne pas exacerber les tensions, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Pour le ministère des Affaires étrangères, ce « crime inhumain » vise à faire échouer le règlement politique en Syrie et le processus de normalisation entre la Russie et la Turquie. Mais cette provocation ne réussira pas selon Sergueï Lavrov qui a insisté sur le fait que le président Erdogan avait présenté ses condoléances, que les enquêteurs russes sont partis pour la Turquie, et qu’il y aura une enquête conjointe, afin de comprendre qui est derrière ce crime.

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La presse n’exclut toutefois pas l’acte isolé d’une personne radicalisée hostile à la politique russe en Syrie. Mais pour les analystes, le plus important est le développement des relations entre Ankara et Moscou, qui va dépendre des réactions turques. Pour l’instant, la Turquie a une réaction très différente de celle qu’elle avait eue lorsqu’un avion russe avait été abattu par un chasseur turc il y a un an. Les deux pays avaient mis neuf mois à se réconcilier et ce processus est toujours en cours.

Meurtre de l'ambassadeur russe en Turquie: les interrogations de la presse

Cet acte soulève beaucoup de questions dans les médias turcs, rapporte notre correspondant à Istanbul, et d’abord sur la sécurité. Comment un tel geste a pu être commis dans l’un des quartiers, sinon le quartier le plus sécurisé d’Ankara, en plein cœur du quartier diplomatique ? Beaucoup de questions aussi en raison bien évidemment du profil du tireur. Un policier qui a pu faire passer son arme de service avant de se fondre avec les gardiens de l’ambassadeur.

Le profil du tueur est notamment évoqué par le quotidien Hürriyet qui se demande si les vagues de licenciement au sein de la police, pour notamment éliminer les éléments proches de l’imam Gülen, l’ennemi numéro un du pouvoir turc, n’ont pas bouleversé l’institution et facilité en quelque sorte l'embauche d'éléments instables.

Toujours à propos de l’imam Gülen, le cerveau présumé du coup d’Etat de juillet dernier, la presse progouvernementale fait ses grands titres ce matin en évoquant une proximité entre Fethullah Gullen justement et le tueur. Un scénario qui peut sembler farfelu mais qui a été évoqué dès hier soir par des responsables politiques. Le signe que le parti au pouvoir panique, selon certaines publications de l’opposition de gauche.

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