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Espagne: le gouvernement met la Fédération de football sous tutelle

Déterminé à mettre fin à l'énième crise secouant la Fédération espagnole de football, au centre d'une enquête pour corruption quelques mois après le scandale du baiser forcé, le gouvernement a annoncé ce jeudi sa mise sous tutelle, « dans l'intérêt » du pays.

La décision du gouvernement espagnol est tombée à quelques jours des élections à la présidence de la Fédération de football, pour lesquels Pedro Rocha (photo) est le seul candidat.
La décision du gouvernement espagnol est tombée à quelques jours des élections à la présidence de la Fédération de football, pour lesquels Pedro Rocha (photo) est le seul candidat. AP - Manu Fernandez
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Le gouvernement espagnol justifie sa décision de placer sous tutelle la Fédération de football en raison de la « grave situation » dans laquelle se trouve la RFEF. L'objectif est de lui permettre d'entamer « une étape de renouvellement dans un climat de stabilité », poursuit dans son communiqué le Conseil supérieur du sport (CSD), un organisme dépendant du ministère des Sports. Cela, dans « l'intérêt de l'Espagne », future organisatrice du Mondial-2030 conjointement avec le Portugal et le Maroc.

Concrètement, une commission de supervision, de normalisation et de représentation créée par le CSD et dirigée par des « personnalités indépendantes » exercera « la tutelle de la RFEF durant les prochains mois ». Selon la presse espagnole, l'ex-sélectionneur Vicente del Bosque, champion du monde 2010, devrait en faire partie.

Les contours et les prérogatives exactes de cette « commission mixte » restent néanmoins à définir, car les fédérations sportives doivent être indépendantes de leurs gouvernements. La RFEF, comme la Fédération française de football, répondent à l'UEFA et la Fifa, qui eux seuls peuvent intervenir dans ses affaires internes, comme ce fut le cas lorsque la Fifa a décidé de suspendre Luis Rubiales après qu'il a embrassé de force la championne du monde Jenni Hermoso en août dernier.

Enquête pour corruption

Déjà secouée par ce scandale, qui avait mené à la démission de Rubiales et aux licenciements de plusieurs dirigeants, la RFEF est désormais au centre d'une enquête pour corruption dans laquelle l'ancien homme fort du foot espagnol et son successeur par intérim à la tête de la Fédération, Pedro Rocha, sont mis en examen.

Le Tribunal administratif du sport (TAD) a en plus de cela estimé, dans un rapport récent, que l'ex-vice-président de Rubiales et sa direction par intérim avaient commis des fautes « très graves » en prenant des décisions allant au-delà de leurs compétences. C'est ce rapport qui a abouti à la décision prise ce jeudi, à quelques jours d'élections à la présidence prévues le 6 mai, pour lesquels Pedro Rocha est le seul candidat. Alors que la presse espagnole évoquait une possible sanction à son encontre, ce dernier devrait ainsi pouvoir être élu officiellement, mais ne pas être totalement libre de ses choix, qui seront désormais supervisés.

Cet épisode fait suite à une nouvelle crise déclenchée le mois dernier par des perquisitions fracassantes au siège de la Fédération, au stade olympique de Séville et aux domiciles de Luis Rubiales à Grenade et en République dominicaine, dans le cadre d'une enquête pour corruption. Cette affaire porte sur des irrégularités dans les contrats signés par la RFEF au cours des cinq dernières années, pendant la présidence de Luis Rubiales, dont le juteux contrat conclu pour délocaliser la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite.

Le royaume saoudien accueille depuis 2020 les demi-finales et la finale de cette compétition moyennant quelque 40 millions d'euros par an, au terme d'un accord dans lequel la société Kosmos de l'ex-défenseur du FC Barcelone Gerard Piqué a servi d'intermédiaire. En 2022, des enregistrements de conversations entre Luis Rubiales et Gerard Piqué avaient été publiés par la presse, dans lesquels on entendait les deux hommes parler de commissions de plusieurs millions d'euros.

Déjà menacé de deux ans et demi de prison pour agression sexuelle, l'ex-patron du foot espagnol est accusé dans ce dossier de blanchiment d'argent, corruption commerciale, administration déloyale et appartenance à une organisation criminelle. Il devra s'expliquer lundi devant la justice.

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