Des Sud-Coréens partent à la rencontre de leurs parents nord-coréens
Ce lundi 20 août, au nord de la frontière inter-coréenne, débutent les retrouvailles des familles séparées par la guerre de Corée (1950-53). Jusqu’à mercredi, la délégation sud-coréenne, composée de 89 personnes, va d’abord rencontrer les membres de leurs familles restés au Nord. Les trois jours suivants, ce sera au tour de 83 Nord-Coréens de revoir pour quelques heures seulement leurs proches vivants du Sud. Tous n’avaient qu’une chance sur 529 d’être sélectionnés grâce à un système de loterie électronique. Il s’agit des 21es réunions du genre après leur interruption il y a trois ans suite à une escalade de tension sur la péninsule.
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Avec notre correspondant à Séoul, Louis Palligiano
« Des petits appareils ménagers, des compléments alimentaires, quelques vieilles photos… » Lee Soo-nam, 77 ans, nous dresse la liste des cadeaux qu’il s’apprête à offrir à son grand frère qu’il n’a pas vu depuis plus de 60 ans et nous livre son impression au moment où la Croix rouge lui a annoncé qu’il avait été sélectionné pour participer à ces retrouvailles.
« Je ne savais même pas s’il était vivant ou mort après la guerre de Corée. Quand j’ai appris qu’il était en vie, j’étais extrêmement heureux et surpris. J’ai hâte de le revoir. »
Lee s’assombrit néanmoins en pensant au fait qu’ils se reverront sans doute pour la dernière fois. « Maintenant que je sais que nous allons nous revoir, je crains le moment où nous serons de nouveau séparés. Mes sentiments sont partagés, car je sais qu’il est vieux maintenant et que je le suis aussi. »
Amertume
Kim Seon-gu a, quant à lui, été tiré au sort il y a trois ans lors des dernières réunions des familles séparées par la guerre de Corée. Le fermier de 87 ans se remémore cette expérience avec amertume.
« Je n’ai rien ressenti de particulier. Tous les membres de ma famille étaient décédés sauf mes deux petits frères qui étaient très jeunes la dernière fois que nous nous sommes vus. Si j’avais pu revoir mes parents, ça aurait été différent. »
Depuis 1988 plus de 132 000 personnes se sont portées candidates à ses retrouvailles. Aujourd’hui, seules quelques 57 000 d’entre elles, désormais très âgées, sont encore en vie.
Des parents sélectionnés pour les retrouvailles témoignent
Ja Eun Jung est à la tête de l'équipe chargée de la coopération entre les deux Corées à la Croix Rouge sud-coréenne. Elle veille au bien être des membres de familles séparées pendant leur séjour en Corée du Nord jusqu'au 22 août.
« Lorsque nous parlons de familles séparées par la guerre de Corée, j'estime que ce qu’il y a de plus important ce sont les problèmes de droits de l'homme entre les deux Corées. Par conséquent, mis à part le contexte politique, qu’il soit bon ou mauvais, les réunions doivent être tenues régulièrement. Malheureusement, les tensions diplomatiques affectent énormément les retrouvailles. Les deux choses devraient être bien distinctes. »
« Le temps presse pour tenir ces réunions. Principalement, parce que les personnes concernées sont très âgées et parfois en mauvaise santé. Elles ont besoins de beaucoup d'aide pour se rendre en Corée du Nord, cela leur demande un grand effort et nous sommes là pour faciliter au maximum leur déplacement. De nombreux candidats qui souhaitaient revoir leurs proches sont aujourd’hui décédés. Environ 4 000 disparaissent chaque année. Par exemple, si un frère du sud voulait rencontrer son frère au nord mais qu'il n'est plus là, il se retrouve face à son fils ou sa fille qu’il n’a sûrement jamais rencontré. Ils se retrouvent donc finalement avec des personnes qu’ils ne connaissent que peu ou pas du tout. »
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