Les Indiens, terrorisés par les enlèvements d'enfants, alimentent les rumeurs
Le week-end dernier, deux jeunes hommes se rendent en voiture dans la campagne de la région de l'Assam, à l'extrême nord-est de l'Inde. A leur retour, ils se font arrêter par une foule d'une centaine de villageois en colère, qui les battent à mort. Ils étaient accusés, à tort, d'être des enleveurs d'enfants. Depuis des mois, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux et la messagerie WhatsApp, et alimentent les rumeurs.
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De notre correspondant en Inde
Deux hommes qui revenaient d'une escapade dans la campagne quand une foule d'une centaine de villageois les prend en embuscade. Ils les accusent d'être des enleveurs d'enfants et les tabassent à mort, alors qu'il n'y a bien sûr aucun enfant dans leur voiture. Cette région de l'Assam connaît le plus haut taux de traite d'enfants en Inde, ce qui rend la population sensible à ce sujet. Et surtout, des rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux et WhatsApp ont accru cette crainte.
Une vidéo circule depuis des mois dans tout le pays et effraie les Indiens. Elle montre deux hommes à moto qui s'approchent d'un groupe d'enfants qui jouent au cricket. La moto ralentit, et le passager attrape l'un des enfants et ils prennent tous deux la fuite. Un procédé rapide et terrifiant.
Un clip d'une campagne de prévention contre les enlèvements d'enfants
Sauf que cette vidéo ne décrit en aucun cas un fait réel. C'est même l'opposé : ce clip fait partie d'une campagne de prévention contre les enlèvements d'enfants, et pas en Inde, mais au Pakistan. Et on peut d'ailleurs voir un message de prévention en anglais à la fin de la vidéo. Mais depuis des mois, son propos est détourné: Ces derniers jours, la vidéo circule sur WhatsApp dans l'Etat du Goujarat, à l'ouest du pays, accompagné du message d'alerte suivant, prétendument issu par la police : « un gang de 300 enleveurs d'enfants est arrivé dans la région, protégez vos enfants ! »
Une fausse information qui sème la panique
Un média local a même relayé cette fausse information, semant la panique. Et cela peut être grave. A Bangalore, au sud, des dizaines de personnes ont été attaquées à 5 endroits différents par des groupes les accusant d'être des kidnappeurs. Pareil au Tamil Nadou, à l'extrême sud, ou dans le Jharkhand, à la pointe nord, où 7 personnes ont été tabassées à mort à la fin mai. A chaque fois, des messages transmis par WhatsApp en langue locale affirment que des étrangers s'apprêtent à enlever leurs enfants.
Elles essaient d'inciter la population à de ne pas croire à de telles rumeurs alarmantes, mais pour que ce message porte, la police doit accroître sa présence sur les réseaux sociaux. Du reste, l'essentiel de ces fausses informations est diffusé par WhatsApp qui est une messagerie cryptée et donc quasiment impossible à intercepter. Alors en attendant, la police de l'Etat du Telangana, dans le sud a composé une chanson qui demande de ne pas lyncher les étrangers, mais de les appeler s'ils ont des doutes.
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