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Abandons d'enfants, crimes d'honneur: la Syrie dans la tourmente

Les douze ans de guerre et les sévères sanctions internationales ont détruit l’économie, les infrastructures syriennes et mis à genoux la population. Ce sont 90% des Syriens qui vivent sous le seuil de pauvreté dans un pays qui compte six millions de déplacés internes et autant de réfugiés dans les États voisins ; soit la moitié de la population syrienne. L’une des manifestations de la crise en Syrie est la dissolution des liens sociaux et familiaux traditionnels. Les abandons d'enfants à la naissance sont de plus en plus nombreux.

Sur un marché de Raqa, syrie, le 23 décembre 2022.
Sur un marché de Raqa, syrie, le 23 décembre 2022. AFP - DELIL SOULEIMAN
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De notre correspondant dans la région,

Dans un rapport publié le 13 mai dernier, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a documenté l’abandon de 28 nouveaux nés depuis le début de l'année 2023. Quinze enfants ont été retrouvés dans les régions sous contrôle kurde, au nord et au nord-est du pays ; 12 dans les zones gouvernementales, et un seul dans les régions sous domination turque au nord et au nord-ouest.

À titre comparatif, l’ONG Syrians for Truth and Justice avait recensé en 2021 et 2022, 100 cas d’enfants abandonnés. Les données disponibles aujourd’hui montrent donc une nette augmentation de ce phénomène, de l’ordre de 70%. Ces chiffres sont sans doute en deçà de la réalité, car les autorités locales ou gouvernementales ne sont pas informées de tous les cas de nouveau-nés retrouvés. Les enfants sont souvent abandonnés au bord d’une route ou devant une mosquée et parfois sont laissés dans des bennes à ordures.

Aggravation de la crise ces douze derniers mois

La détérioration dramatique des conditions de vie explique en partie l’augmentation du nombre d’enfants abandonnés. Des millions de familles n’ont tout simplement plus les moyens de nourrir leur progéniture et de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Mais ce n’est pas la seule cause : il y a aussi la pression communautaire dans un pays où les repères traditionnels qui comptaient énormément commencent à se dissoudre.

Les mariages forcés de jeunes filles mineures ont explosé. Celles-ci cachent leur grossesse et préfèrent se débarrasser de l’enfant ; les relations hors mariage dues à la destruction des structures familiales ont aussi nettement augmenté. Les femmes qui tombent enceintes sont contraintes d’abandonner leur enfant à la naissance.

Les souffrances des femmes et des filles accrues

Autre phénomène tragique, les « crimes dits d’honneur » qui augmentent également, et qui restent impunis la plupart du temps. Le gouvernement syrien, l’administration kurde ou les pouvoirs locaux issus des groupes rebelles ne communiquent pas de chiffres globaux à ce sujet. Une étude de l’ONG Syrians for Truth and Justice indique que pour les seuls mois de janvier et février 2021, 22 femmes ont été victimes de crimes dits d’honneur.

Une compilation des chiffres laisse penser que plusieurs dizaines de femmes sont tuées tous les ans par leur mari ou des membres de leurs familles ou de leur clan pour « sauver l’honneur ». Elles payent de leur vie le prix d’une relation hors mariage, d’une union non autorisée par la famille, d’un présumé adultère ou, pire, elles sont tuées parce qu’elles ont été victimes d’un viol. Des données susceptibles d'être beaucoup plus élevées, compte tenu du fait que tous les cas ne sont pas signalés en raison de la peur, pour éviter la stigmatisation ou pour protéger les auteurs masculins.

>> À lire aussi : Le retour de la Syrie dans la Ligue arabe ne devrait pas changer la situation économique du pays

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