Jugé en appel, Jérôme Cahuzac maintient la thèse du financement politique
L'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac a maintenu mardi 13 février, à son procès en appel, la thèse d'un financement du mouvement de Michel Rocard pour expliquer l'ouverture d'un premier compte en Suisse en 1992.
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La voix nouée, le visage fatiguée, Jérôme Cahuzac raconte à nouveau, face au tribunal, sa propre chute, celle d'un brillant ministre du Budget devenu un paria de la politique.
Dans son récit, on retrouve l'ex-Premier ministre socialiste Michel Rocard, le banquier suisse et « Birdie », le nom de code du compte caché. La ligne de défense n'a pas changé : c'est la volonté de constituer un butin de guerre politique qui explique le « basculement » dans la fraude, un dévouement désintéressé à la cause, si l'on en croit Jérôme Cahuzac. La suite relèverait d'une « fuite en avant permanente ».
« En novembre 1992, jusqu'en mai 1993, des fonds émanant de l'industrie pharmaceutique seront versés pour financer les activités politiques de Michel Rocard », affirme-t-il à la barre. Cette thèse avait été avancée pour la première fois à son procès de 2016. L'ex-chirurgien avait assuré que Rocard, qui venait de mourir, « ignorait tout » de ce financement occulte.
Au président de la cour d'appel, Jérôme Cahuzac a expliqué qu’il a bien conscience que sa « déclaration spontanée » sur le financement du mouvement rocardien a été « très mal perçue ». Elle avait suscité l' « écœurement » de la famille socialiste sans convaincre le tribunal, qui l'avait condamné à trois ans de prison ferme en première instance.
Durant le procès, l’ex-ministre des Finances a maintenu que l’argent de ce compte en Suisse devait servir à financer la campagne des législatives de 1993 puis la présidentielle de 1995. Mais après l'échec de Rocard aux européennes de 1994, Jérôme Cahuzac affirme avoir compris que « personne ne (lui) demanderait jamais » de rendre cet argent.
Lorsque le président du tribunal lui demande « Mais pourquoi ne pas donner les noms de ceux qui vous ont demandé de gérer ce compte ? » L'ancien ministre répond : « Ils vont nier, ce sera ma parole contre la leur, et la mienne ne vaut plus rien. »
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