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France

Sivens: tension maximale avant une réunion cruciale du Conseil général

La tension est à nouveau très vive autour de la forêt de Sivens (Tarn) où un projet de barrage très contesté donne lieu depuis 18 mois à un face-à-face tendu entre partisans et opposants. Craignant des affrontements, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé au préfet d'interdire une manifestation prévue vendredi à Albi.

Des anti-barrage gardant la « zone à défendre » (ZAD) près de la forêt de Sivens, le 5 mars 2015.
Des anti-barrage gardant la « zone à défendre » (ZAD) près de la forêt de Sivens, le 5 mars 2015. AFP PHOTO / REMY GABALDA
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Si ce projet de barrage, pourtant sans envergure, connaît une si grande médiatisation, c’est surtout en raison du drame qui s’est déroulé sur place à la fin de l’année dernière : la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, 21 ans, été tué dans l’explosion d’une grenade offensive, lancée par un gendarme lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. C’était le 26 octobre dernier et l’émotion suscitée par ce décès avait poussé le gouvernement à mettre un coup de frein au projet dénoncé par ses opposants comme étant inutile, surdimensionné et dangereux pour l’environnement.

La retenue d’eau prévue se situerait sur ce que l’on appelle une zone humide. Une zone où sont recensées plusieurs centaines d’espèces protégées, animales et végétales. Mais au-delà de l’aspect écologique, c’est aussi (et peut-être surtout) le montage économique de l’opération qui est pointé. La société chargée des travaux est également celle qui a mené les études sur la nécessité d’une telle retenue d’eau. Les opposants crient au conflit d’intérêt.

Dialogue de sourds

La tension est à nouveau montée ces derniers jours. Les deux camps sont tournés vers le Conseil général du Tarn qui doit prendre une décision vendredi. Le gouvernement, et notamment la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, avait assuré après la mort de Rémi Fraisse, que le projet initial n’était plus d’actualité. Les élus tarnais diront vendredi s’ils maintiennent le barrage ou, et c’est plus probable, s’ils le transforment en un projet plus petit.

Le problème, c’est que les militants occupent la zone depuis dix-huit mois et refusent de la quitter, malgré les décisions de justice autorisant l’expulsion. Ils assurent qu’ils refuseront tout projet qui mettrait l’environnement en danger. Et face à eux, les agriculteurs de la région assurent que seul le projet initial leur paraît acceptable. Des agriculteurs très remontés contre des militants écologistes qui les empêchent, disent-ils, d’accéder à leurs parcelles de terre pour y réaliser des cultures ou faire paître leur bétail. « Nous voulons le retour de l’Etat de droit », affirme le représentant local des syndicats d’agriculteurs.

Au-delà du problème du barrage, c’est aujourd’hui un face-à-face politique qui risque de dégénérer à nouveau. C’est en tout cas la crainte affichée par la plupart des acteurs de ce dossier. Y compris par le gouvernement qui a déployé sur place un nombre impressionnant de représentants des forces de l’ordre. Plus de 200 gendarmes mobiles sont présents autour de la zone de Sivens. Ils bloquent tous les accès, officiellement pour éviter qu’agriculteurs et militants écologistes ne s’affrontent.

Manifestation interdite

Jeudi soir, le Premier ministre, Manuel Valls, a estimé que « l'ordre républicain doit s'imposer » à Sivens pour « garantir un débat démocratique serein » et qu'« il faudra très vite évacuer les lieux ».

01:07

Didier Houlès

Raphaël Reynes

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a demandé au préfet du Tarn d’interdire une manifestation qui devait se tenir vendredi à Albi, en marge de la réunion du Conseil général. Les deux camps prévoyaient chacun un rassemblement. « J'ai donné instruction au préfet que cette manifestation ne soit pas autorisée », « compte tenu des risques graves auxquels s'exposeraient les manifestants, pour leur intégrité physique » et « du climat de violence », a-t-il justifié jeudi.

Les opposants au barrage dénoncent « une collusion entre forces de l’ordre et milices d’agriculteurs ». Les gendarmes semblent effectivement bien plus conciliants avec les pro-barrage qu’avec les anti. Mercredi, quelques partisans du projet ont réussi, par exemple, à entrer sur la zone de Sivens et à détruire un chapiteau sous lequel était stocké de la nourriture. Plusieurs véhicules ont été endommagés à coups de barres en bois. Il n’y a semble-t-il pas eu de blessé, mais ce genre d’affrontements est devenu quotidien ici. Ces échauffourées se déroulent bien souvent sous les yeux des forces de l’ordre qui semblent avoir bien du mal à contenir la colère montante, qui risque de ne pas s’apaiser quelque soit la décision prise demain. Beaucoup craignent que les conseillers généraux renvoient le dossier à la prochaine assemblée départementale. Les élections ont lieu dans moins de trois semaines.

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