«Taxi Téhéran», Jafar Panahi crée un véhicule cinématographique public
Une leçon de cinéma et de courage. « Taxi Téhéran » sort ce mercredi 15 avril sur les écrans français. Couronné par l'Ours d'or à la dernière Berlinale, ce road-movie plein d'humour est signé Jafar Panahi, cinéaste iranien dissident, censuré, qui continue de tourner.
Publié le :
Taxi Téhéran est le troisième film que Jafar Panahi tourne dans la clandestinité. Condamné à 20 ans d'interdiction de tournage, pour avoir voulu filmer les manifestations après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009, il a profité d'un léger assouplissement dans son régime de liberté surveillée pour se déguiser en chauffeur de taxi, béret sur la tête et mini-caméra sur le tableau de bord.
Les passagers défilent : du vendeur de DVD pirates à l'avocate qui porte des bouquets de roses aux détenus politiques. Cette avocate, c'est Nasrin Sotoudeh. Elle aussi est interdite d'exercer son métier. Et c'est tout naturellement qu'elle a accepté de jouer dans ce film malgré les risques encourus. « La décision du tribunal qui interdit à Jafar Panahi de tourner et d’exercer sa profession, cette décision est illégale et surtout injuste. Donc je ne pouvais pas respecter cette décision. En tant que citoyenne, j’avais le devoir de l’aider dans son film. »
Jafar Panahi réfléchit aussi au pouvoir des images avec cette scène où sa petite nièce lui explique qu'elle doit tourner un film pour sa classe, en respectant une longue liste d'interdits, comme le « réalisme sordide ». Un cas d'école pour Jafar Panahi ! Distribué dans une trentaine de pays, Taxi Téhéran n'a évidemment pas obtenu de visa d'exploitation en Iran.
► Ecouter aussi notre Rendez-vous Culture sur Taxi Téhéran
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne