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France: dix jours après les blocages, les agriculteurs maintiennent la pression sur le pouvoir

Les principaux syndicats rencontrent le Premier ministre, Gabriel Attal, ce mercredi 13 février dans l’après-midi avant Emmanuel Macron, à partir de demain. Dix jours après la levée des barrages d'agriculteurs et malgré plusieurs annonces du gouvernement, les organisations agricoles menacent toujours de reprendre les actions à deux semaines du Salon de l'Agriculture. 

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau (à g.), lors d'un blocage près de Beauvais, le 28 janvier 2024.
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau (à g.), lors d'un blocage près de Beauvais, le 28 janvier 2024. AFP - JULIEN DE ROSA
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Mise à jour : ajout des réactions d'Arnaud Rousseau pour la FNSEA, et des députés Vert et RN

Le ton n'a pas vraiment changé côté paysans. Malgré 400 millions d'euros d'aides d'urgences promis par le gouvernement et ces discussions prévues au plus haut sommet de l'État, la défiance est très nette. Les syndicats affichent leur détermination à obtenir « du changement dans les fermes »  pour reprendre la formule du patron de la FNSEA ce matin sur TF1.

Arnaud Rousseau prend notamment l'exemple du « grand plan élevage » promis par Gabriel Attal et dont les modalités ne sont pas encore connues. Les éleveurs confrontés à des maladies bovines ou la concurrence déloyale venue d'Ukraine sont parmi les agriculteurs à souffrir le plus d'une baisse de niveau de vie.

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Il y a aussi la question sensible des pesticides : beaucoup d'agriculteurs demandent d'assouplir le plan de réduction d'utilisation des produits phytosanitaires, en fâchant au passage les ONG de défense de l'environnement. Huit d'entre elles ont refusé de participer à une réunion dédiée au sujet ce lundi 12 février au ministère de l’Agriculture.

Le salon de l’Agriculture en ligne de mire

Depuis le début du mouvement de protestations, fin janvier, le monde agricole a le soutien massif des Français. Les blocages ont permis d’obtenir de premières concessions de l'exécutif. Il s'agit de battre le fer tant qu'il est chaud avant le salon de l'Agriculture, qui se tiendra à Paris dans onze jours. Un moyen de pression important dans la main des agriculteurs. Le salon est un haut lieu de rencontre avec les responsables politiques, le président de la République s'y rend notamment.

La FNSEA menace d'ailleurs, si elle n'obtient pas gain de cause, d'organiser un comité d'accueil à Emmanuel Macron. Le chef de l'État recevra d'ailleurs à partir de demain les responsables syndicaux, dont la FNSEA attendue la semaine prochaine à l’Élysée. Ce mardi, FNSEA et Jeunes agriculteurs ont été reçus par le Premier ministre français Gabriel Attal à Matignon. Lors d'une conférence de presse organisée dans la soirée, ceux-ci ont fait part de leur satisfaction de voir que « tous les sujets de travail sont sur la table ». Pourtant, les syndicats comptent bien maintenir la pression. « On a donné absolument aucun blanc-seing, puisqu'on attend des annonces très concrètes au moment du Salon de l'agriculture, prévient Arnaud Rousseau. Les actions continuent, les actions vers les préfectures, les actions menées par les départements eux-mêmes, personne n'a intérêt à ce que ce mouvement, soutenu par l'opinion publique, ne soit pas entendu. »

Si l’Élysée dépassionne ces premières rencontres officielles depuis le début de la crise, en expliquant que c'est habituel à la veille du salon de l'Agriculture, il est difficile d'imaginer de simples visites de courtoisie. Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà vu des agriculteurs. La semaine dernière, sans annonces ni caméras, il est allé dans le Doubs, dans l'est de la France, visiter des exploitations et prendre la température sur le terrain. Une façon de montrer qu'il prend très au sérieux le dossier agricole.

Année électorale et victoires populistes annoncées

Ce mouvement n'est pas seulement français, il traverse de nombreux pays européens : Allemagne, Pologne, Roumanie, Espagne... L'Europe, souvent ciblée par les manifestants, lâche encore du lest ce matin. La commission suspend l'obligation de laisser en jachères une partie des terres pour 2024. Le tout à moins de six mois d'élections européennes promises à une poussée des extrêmes.

Évidemment, les populistes ne laissent pas passer l'occasion. Ce matin, des députés Rassemblement national (RN), le parti de Marine Le Pen, lancent une commission d'enquête parlementaire sur la souveraineté alimentaire. Les différentes auditions des parties prenantes du monde agricole doivent s’étendre sur six mois. De quoi ajouter de la pression sur l'exécutif et engranger des voix dans le monde paysan. « C'est surtout s'assurer que les réponses apportées à la mobilisation agricole par le gouvernement soient tenues, soient surtout efficaces, ce dont nous doutons énormément, justifie Grégoire de Fournas, député RN, au micro d'Aurélien DevernoixJordan Bardella a dit que l'agriculture serait un grand thème de la campagne des Européennes. L'objectif c'est que l'on continue à parler des agriculteurs toutes les semaines. »

La pression au Parlement est également exercée par les écologistes, dont le député Nicolas Thierry, qui va proposer une résolution sur la question des produits chimiques dans l’agriculture : « Le gouvernement a plutôt lâché sur la question écologique en pensant qu'en sacrifiant l'écologie sur l'autel de la colère des agriculteurs, cela allait les calmer mais au final ça ne marche pas puisque aujourd'hui, on a à la fois les ONG qui sont mécontentes et qui quittent les tables des négociations et les agriculteurs qui menacent de revenir dans la rue. »

Un double front dont les oppositions espèrent voir les premiers résultats dans dix jours à l’occasion de la traditionnelle inauguration du salon de l’Agriculture par Emmanuel Macron. 

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