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France / Politique

Jean-Luc Mélenchon en hologramme, le politique impalpable

Le candidat de la gauche radicale à l'élection présidentielle française, Jean-Luc Mélenchon, a créé dimanche 5 février le buzz avec un double meeting. En chair et os à Lyon, virtuellement à Paris, grâce à un hologramme. Une prouesse technique qui a fonctionné sur les réseaux, mais qui a pourtant comme un goût de déjà vu.

Le 5 février 2017, le candidat Jean-Luc Mélenchon tenait deux meetings simultanément : en chair et en os à Lyon, en hologramme à Paris.
Le 5 février 2017, le candidat Jean-Luc Mélenchon tenait deux meetings simultanément : en chair et en os à Lyon, en hologramme à Paris. THOMAS SAMSON, JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Par Aurélie Bazzara

« Où suis-je ? Je suis à Lyon… Et maintenant à Paris. » En meeting dans la ville lumière, Jean-Luc Mélenchon est apparu d’un claquement de doigts sur la scène des Docks de Paris, devant des partisans oscillant entre ébahissement et hilarité. L’astuce : le candidat de « la France insoumise » est en chair et os à Lyon, et en simultané dans la capitale sous la forme d’un hologramme. « Il est venu le temps des hologrammes », a même lancé Alexis Corbières, son directeur de campagne quelques minutes avant l’apparition, digne d’un film de science-fiction (il faut l’admettre !), de la figure française d’extrême gauche.

Un hologramme, vraiment ?

Pour créer son avatar virtuel, l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon a fait appel à la société française de création digitale Adrénaline pour un coût estimé entre 30 000 et 40 000 euros. Point de vue technique : le signal des images filmées sur la scène à Lyon a été envoyé en direct à Paris sur un écran qui a projeté les images vers le sol. Ces mêmes images ont ensuite été renvoyées vers une sorte de mur transparent tourné vers le public. Résultat : le double digital de Jean-Luc Mélenchon est survenu avec seulement deux secondes de retard par rapport à sa prestation donnée à Lyon. Un décalage similaire à ce que l’on peut trouver avec la télévision grâce à une transmission par satellite.

Comme en vrai donc, ou presque... Car si le candidat évoque un hologramme, certains spécialistes parlent en revanche d’une illusion d’optique. Ainsi, il n’a pas été possible de le voir sur le côté ou de dos, le rendu paraissant réel seulement de face.

Un coup de communication réussi

Peu importe, les militants de Mélenchon rassemblés à Paris ont été conquis. Et la prouesse technique a fait le buzz. Près de 41 000 vues en direct sur sa chaîne YouTube, des salles de meetings combles, et le hashtag #JLMHologramme a figuré en haut du classement des tendances Twitter. Un coup de force réussi pour le quatrième de la présidentielle de 2012 qui voulait sortir du passage à vide qu’il traverse depuis que le « frondeur » Benoît Hamon a été désigné candidat du Parti socialiste.

Originale, la forme a également été présentée comme une « réponse » au ton « réactionnaire » de Marine Le Pen, qui s’est exprimée le même jour à Lyon. Pour le candidat « à la gouaille », l’hologramme est « l'occasion de découvrir ce que tout le monde sait : quand l'esprit humain invente, quand on ne lui pose pas avant des conditions de couleur de peau, de religion ou de genre, et bien l'imagination se déchaîne et elle met en partage les savoirs », a-t-il plaidé, en allusion au projet de la candidate d’extrême droite.

Erdogan et Modi, tout en hologramme aussi

Le fameux procédé révolutionnaire dont se vante le candidat de l’extrême gauche n’est pourtant pas « une première mondiale » en politique comme il l’a affirmé le 12 janvier sur son compte Twitter.

Le précurseur en la matière est étonnamment le prince Charles. Le membre de la famille royale britannique est intervenu en 3D pendant une conférence sur l’énergie à Abou Dabi en 2008. Une année plus tard, l’ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore a tenu un discours sur le réchauffement climatique en hologramme à Tokyo.

Mais l’actuel Premier ministre indien a été le pionnier dans le domaine politique. Narendra Modi a pu organiser près de 3 500 meetings en 45 jours pendant la campagne des élections législatives en 2014. La même année, le président turc Erdogan a aussi eu le droit à sa prestation holographique lors d’un meeting dans la ville d’Izmir. Mais aucun n’avait tenté l’expérience en direct comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon. Tous avaient enregistré en amont leur prestation en studio sur fond vert, afin d’éviter tout couac technique.

En dehors de la politique, plusieurs concerts ont également été réalisés à partir d’hologrammes. D’abord en 2012, lorsque le festival américain de Coachella a fait revivre le rappeur Tupac, seize ans après sa disparition. Cette année, quatre stars de la chanson française dans les années 70, et disparues - Claude François, Dalida, Mike Brant ou encore Sacha Distel - font un retour holographique dans la tournée Hit Parade. Et maintenant, à qui le tour ?

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