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Présidentielle française: Christiane Taubira désignée par la «primaire populaire»

L'ancienne ministre française de la Justice est arrivée en tête de cette consultation citoyenne organisée selon le principe du jugement majoritaire, ont annoncé les organisateurs ce dimanche 30 janvier. Ces derniers ambitionnaient de faire émerger une candidature unique pour la gauche et l'écologie à la présidentielle du mois d'avril.

Christiane Taubira, au Point Éphémère à Paris le 30 janvier 2022 après l'annonce des résultats de la « primaire populaire ».
Christiane Taubira, au Point Éphémère à Paris le 30 janvier 2022 après l'annonce des résultats de la « primaire populaire ». AFP - THOMAS COEX
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Quelque 466 895 personnes s'étaient inscrites et avaient de jeudi à dimanche 17 heures pour donner leurs avis, en ligne, sur sept candidats issus de la gauche et de l'écologie. Finalement, 392 738 personnes ont participé, soit un taux de participation de 84,1%, et un nombre total d'électeurs non négligeable.

Ces électeurs pouvaient donner leur avis sur Anna Agueb-Porterie, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Christiane Taubira, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, les trois derniers candidats ayant toutefois prévenu qu'ils n'avaient pas l'intention de respecter le résultat de cette consultation inédite.

Christiane Taubira a obtenu la mention « bien + ». Yannick Jadot est en seconde position avec la mention « assez bien + », Jean-Luc Mélenchon complète le podium, noté « assez bien - ». Pierre Larrouturou, noté « passable + », est quatrième. Et Anne Hidalgo, également notée « passable + », arrive cinquième.

« Je mesure la confiance »

Les cris de joie ont fusé à Paris, à l'annonce de la victoire de Christiane Taubira. Mais les quelques dizaines de militants réunis dans la salle où leur candidate allait s'exprimer ont eu le triomphe bref, focalisés sur les enjeux à venir, comme l'a constaté notre envoyé spécial, Aurélien Devernoix. Et c'est une Christiane Taubira plutôt grave qui s'est adressée à eux : « Je veux vous dire que je mesure la confiance que vous me témoignez, mais que je ressens aussi le poids de cette confiance. »

« Je prendrai l'initiative d'appeler les autres candidats », ainsi que le communiste Fabien Roussel qui n'avait pas été sélectionné pour ce scrutin, a réagi la candidate lors de son allocution. « Je sais leurs réticences, mais je sais aussi leur intelligence et leur sens de l'intérêt général. Cette union, nous la construisons ensemble », a-t-elle ajouté.

« Nous devons trouver un chemin de façon à rassembler les gauches et leurs sensibilités », explique l'ancienne vice-présidente du Parti radical de gauche (PRG), appelant dans « un esprit de concorde » les militants, dirigeants et « élus de terrain » socialistes, écologistes, insoumis et communistes, à se rassembler avec elle.

Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout nous avons une belle route devant nous, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n'avons pas le droit d'abandonner nos idéaux

La nouvelle candidate s'attelle à un défi quasi impossible : réunir les gauches. Une chose est sûre, si rassemblement il y a, ce sera par étapes. Première cible pour Christiane Taubira : le Parti socialiste, dont la candidate Anne Hidalgo est encore plus en difficulté ce dimanche soir.

Mot d'ordre rassemblement

Christiane Taubira, 69 ans, fut autrefois élue en Guyane, sa région natale, avant de rejoindre l'Assemblée nationale, mais aussi le Parlement européen, et d'être finalement candidate à la présidentielle de 2002, puis garde des Sceaux sous la présidence Hollande à partir de 2012, pendant près de quatre ans. 

Elle est notamment connue pour son combat en faveur d'une loi reconnaissant la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité. Puis en tant que ministre de la Justice, elle a porté au nom de la majorité alors en place la loi ouvrant le droit au mariage et l'adoption aux couples de même sexe, adoptée en 2013.

L'ancienne ministre devait rencontrer ce dimanche soir les organisateurs de la consultation en vue de signer un « contrat de rassemblement », préalable à son investiture. C'est le seul mot d'ordre des organisateurs de la primaire : rassemblement. 

Il y a une campagne qui commence aujourd'hui. Le but, c'est de gagner la présidentielle, pour faire gagner l'écologie et la justice sociale

00:59

Samuel Grzybowski, porte-parole et directeur politique de la «primaire populaire»

Pierre Olivier

Cette primaire a été l'objet de critiques, accusée par certains d'être une rampe de lancement pour Mme Taubira. Mathilde Imer, organisatrice, le dément au micro de notre envoyé spécial Pierre Olivier :

Au début, on était vus comme une bande de militants dignes de Greta Thunberg. Après, on a été vus comme des gauchistes plutôt pro-Mélenchon, parce qu'avec un socle commun très à gauche. Ensuite on nous a dit qu'on était là pour sauver la candidature d'Anne Hidalgo, on nous a dit ensuite qu'on était la rampe de lancement de Christiane Taubira. Nous, ce qu'on dit, c'est que ces rumeurs, elles sont toutes un peu vraies d'une certaine manière, parce que quand on regarde nos bénévoles, oui : ils ont toutes ces couleurs-là, ils mangent ensemble, ils débattent ensemble, et c'est ça la démocratie.

Pas d'union pour l'instant

Les réactions à l'appel lancé par cette primaire n'ont pas tardé. Quand la chaîne TF1 demande à Yannick Jadot ce qu'il pense de la victoire de Christiane Taubira, la réponse du candidat écologiste est lapidaire : « rien »...

L'écologiste a déploré une candidature « de plus », alors que le dirigeant de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, invité sur France 5, a fait part de son indifférence.

Je ne suis pas concerné. J'ai été inscrit d'office dans une élection à laquelle je ne voulais pas participer, et par conséquent je n'ai pas de commentaire à faire

00:25

Jean-Luc Mélenchon estime que pour lui, cela ne change rien

RFI

Mais cette indifférence générale vis-à-vis du résultat de la primaire est évidemment feinte. « Ce n'est pas si mal de terminer deuxièmes en n'ayant pas participé », confiait une dirigeante d'Europe Écologie les Verts, à Aurélien Devernoix, du service politique, deuxièmes qui plus est devant Jean Luc Mélenchon.

Chez les Insoumis on préfère se féliciter du ralliement d'une des candidates de la primaire, la militante écologiste Anna Agueb Porterie. C'est en fait surtout au PS que les genoux tremblent : la cinquième place d'Anne Hidalgo fait mauvais genre et Christiane Taubira n'a pas manqué de viser particulièrement les socialistes dans son appel à l'union. Son conseiller Christian Paul résume la situation : « le parti socialiste sait ce qu'il à faire... S'il reste insensible, il court quand même tout droit à la défaite et peut-être davantage... » Sauf qu'Anne Hidalgo l'a dit et redit : pas question de jeter l'éponge. Son équipe de campagne s'attend donc à des défections dans les prochains jours. La bataille commence, et elle s'annonce sans pitié.

 


►À relire : À Bordeaux, Christiane Taubira veut réhabiliter la démocratie

Et avec agences

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