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Festival de Cannes 2015 / Cinéma / Israël

En interview avec Natalie Portman

« A Tale of Love and Darkness » (« Une histoire d’amour et de ténèbres »), le premier film de l’actrice deux fois oscarisée en tant que réalisatrice, a été projeté samedi 16 mai en sélection officielle, hors compétition, au Festival de Cannes. Ce projet très personnel de Natalie Portman, basé sur le best-seller homonyme d’Amos Oz, raconte les souvenirs d’enfance de l’écrivain, avant et après la création de l’Etat Israël en 1948. Mais là où l’auteur israélien arrivait à dépeindre et à faire partager la complexité des espoirs, des doutes et des désespoirs de l’époque, la réalisatrice se concentre surtout sur la création de l’Etat Israël, racontée de l’intérieur d’une famille, avec, au centre, Fania, la mère d’Amos Oz, incarnée par Natalie Portman elle-même. Entretien réalisé lors d’une interview groupée (une spécialité cannoise) avec des questions posées en ordre dispersé.

L’actrice et réalisatrice Natalie Portman le 17 mai 2015, lors du photocall au Festival de Cannes pour présenter son  premier film «A Tale of Love and Darkness» («Une histoire d’amour et de ténèbres»), projeté en séance spéciale de la sélection officielle.
L’actrice et réalisatrice Natalie Portman le 17 mai 2015, lors du photocall au Festival de Cannes pour présenter son premier film «A Tale of Love and Darkness» («Une histoire d’amour et de ténèbres»), projeté en séance spéciale de la sélection officielle. REUTERS/Regis Duvignau
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Après avoir lu le livre d’Amos Oz, quelle était la première scène que vous avez voulu adapter pour le cinéma ?

C’était celle à la maison des Arabes, parce que cette scène est écrite dans le livre d’une manière cinématographique [où l’on voit Amos, 9 ans, lancer à une fille palestinienne la phrase : « Ici, il y a assez de place pour nos deux peuples. Il faut apprendre à vivre en paix », avant de blesser par accident la petite sœur de la fille avec la balançoire, ndlr]. Dès le début, c’était très clair comment cette scène sera adaptée au cinéma.

Quand on vous voit à l’écran incarner Fania, cette mère qui avait quitté à temps sa ville natale Rovno en Pologne pour échapper au génocide, vous donnez presque l’impression que c’est votre histoire personnelle qui est montrée à l’écran. À quel degré vous vous êtes identifiée à la mère et la famille d’Amos Oz ?

J’ai eu de la chance de naitre à une époque très différente dans des conditions bien meilleures [Natalie Portman est née en 1981 à Jérusalem avant que sa famille déménage trois ans plus tard dans le Maryland aux États-Unis, ndlr]. D’abord, la possibilité d’entrer en relation avec un autre être humain est pour moi toujours très importante et inspirante. Jouer un rôle, regarder un film, lire un livre est une forme d’empathie, parce qu’il s’agit de la vie de quelqu’un. Je me suis alors mise à la place de cette femme pour ressentir ce qu’elle avait ressenti. Après, il y a beaucoup de choses qui sont très proches à l’histoire de ma propre famille. Et il y a d’autres choses avec lesquelles je me sens proche même aujourd’hui : être une mère, une femme, une immigrée…

Dans votre film, la création de l’État Israël et le conflit entre Palestiniens et Juifs sont  montrés exclusivement du point de vue juif. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir fait un film « patriotique » ?

Non. À aucun moment cela ne m’a effleuré l’esprit de faire un film patriotique. Le point de vue est le contexte, l’endroit d’où vous venez. Je ne sais pas comment je pourrais faire ce film sans un point de vue juif. C’est la toile de fond du film. Et quand vous regardez un film américain sur la création des États-Unis, vous ne diriez pas où est le point de vue des Amérindiens, même si je ne veux pas établir une équivalence entre ces deux histoires qui sont très différentes. Mais quand vous regardez un film qui a lieu à un certain lieu, vous voulez et attendez le point de vue de l’endroit où cela se passe. Dans mon film, je montre l’époque où le père d’Amos Oz commence à devenir un écrivain et sa mère dépressive. Pour moi, la question est comment raconter et cadrer nos histoires et nos identités ?

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L’actrice et réalisatrice Natalie Portman dans son premier film derrière la caméra : « A Tale of Love and Darkness » (« Une histoire d’amour et de ténèbres »).
L’actrice et réalisatrice Natalie Portman dans son premier film derrière la caméra : « A Tale of Love and Darkness » (« Une histoire d’amour et de ténèbres »). Festival de Cannes 2015

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