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Hong Kong

Hong Kong: le stress post-traumatique en hausse depuis les manifestations

Depuis le début des manifestations qui secouent l’ex-colonie britannique, près d’un tiers des adultes hongkongais souffrent de troubles de stress post-traumatique (PTSD), alerte une étude publiée dans le journal The Lancet.

La police de Hong Kong fait face au défilé du Nouvel An, le 1er janvier 2020
La police de Hong Kong fait face au défilé du Nouvel An, le 1er janvier 2020 REUTERS/Tyrone Siu
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La crise politique que traverse Hong Kong depuis juin 2019 a fortement marqué la population. Selon une étude publiée par le journal The Lancet le 9 janvier, près d’un tiers des Hongkongais de plus de 18 ans, soit deux millions d’adultes, présentent des symptômes de troubles de stress post-traumatique (PTSD) depuis le début de la mobilisation pro-démocratie qui secoue l’ex-colonie britannique.

Le PTSD regroupe différents troubles anxieux qui interviennent généralement après des évènements traumatisants. Les experts notent d’ailleurs dans leur rapport que le nombre de personnes ayant des symptômes est comparable à celui que l’on retrouve lorsque des populations sont victimes d’une « catastrophe naturelle majeure, un conflit armé ou une attaque terroriste ».

L’estimation la plus faible

En septembre – novembre 2019, 32% des personnes observées présentaient des symptômes de PTSD. Un chiffre six fois supérieur à celui de 5%, relevés lors du mois de mars 2015, quelque temps après le mouvement des parapluies, une grande mobilisation pour les droits civiques qui avait eu lieu en 2014, mais qui, à l’inverse d’aujourd’hui, n’avait pas été marquée par autant de violences.

Une hausse des cas de dépression probables a également pu être établie. 11,2% des participants à l’étude sont concernés alors qu’ils n’étaient que 1,9% entre 2009 et 2014 et 6,7% en 2017. En outre, les chercheurs relèvent que cette étude pourrait sous-estimer le nombre de symptômes de PTSD ou de dépression étant donné qu’elle se cantonne aux Hongkongais majeurs. L'estimation donnée est donc « la plus faible » préviennent les chercheurs.

Le nombre de personnes de moins de 18 ans ayant participé à la mobilisation pro-démocratie pourrait grossir les rangs des personnes atteintes de troubles psychiques. À la date du 4 décembre 2019, 15% des personnes arrêtées lors des manifestations avaient moins de 18 ans, selon les autorités.

Violences et réseaux sociaux

Les résultats publiés vendredi ne permettent pas d’établir de lien de cause à effet direct entre les affrontements qui ont émaillé les rues de la cité semi-autonome chinoise et les troubles relevés. L’étude fournit une analyse statistique sur les dix dernières années montrant seulement un lien temporel entre la hausse des cas et les mouvements sociaux.

Cependant, elle note que les personnes qui indiquent consulter régulièrement les réseaux sociaux, qui ont été largement utilisés pour promouvoir, organiser ou documenter le mouvement social, présentaient davantage de signes de PTSD ou de dépression que les autres. L’étude relève également que « la neutralité à l’égard du projet de loi sur l’extradition », à l’origine de la contestation des Hongkongais, a réduit de moitié le risque de « suspicion de PTSD ».

« Un fardeau potentiel pour la santé mentale de l’ensemble de la population »

L’étude dure depuis 10 ans, c'est la plus vaste et la plus longue du monde sur l'impact de troubles sociaux sur la santé mentale des habitants, assurent les auteurs. Une décennie durant laquelle les chercheurs ont interrogé 18 000 Hongkongais grâce à des formulaires spécifiques. Les résultats ne concernent donc que Hong Kong mais l’impact des mouvements sociaux sur la santé mentale pourrait toucher le monde entier. « Au moment où les troubles sociaux augmentent un peu partout dans le monde, et notamment dans de grandes villes comme Barcelone, Delhi, Paris ou Santiago en 2019, la question de l’impact des troubles sociaux sur la santé mentale des populations est devenue un très grand enjeu de santé publique », détaille l’un des co-directeur de l’étude, Michael Ni, de l’Université de Hong Kong.

Dans le cas de Hong Kong, les experts pronostiquent un « manque de ressources pour faire face à cette surcharge de santé mentale ». Selon leurs hypothèses, « une augmentation substantielle des besoins de services - provisoirement 12% de plus que le niveau de référence actuel sans tenir compte des soins hospitaliers et des services non médicaux » pourrait se faire ressentir.

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