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Face aux «trophées» ramenés d’Ukraine, les Russes entre fierté et inquiétude

Cela fait huit jours à Moscou que la file d’attente est longue et les allées bondées : une foule de touristes comme d’habitants de la capitale se presse au parc de la Victoire pour une exposition de « trophées » ramenés d’Ukraine. Cette exposition de matériels occidentaux – blindés, drones, lance-roquettes... – ravive la fibre pro-Poutine de ces légitimistes, mais aussi leur inquiétude face à ce conflit qui, très souvent, leur semble durer trop longtemps.

Des blindés occidentaux au parc de la Victoire à Moscou, le 8 mai 2024.
Des blindés occidentaux au parc de la Victoire à Moscou, le 8 mai 2024. © Anissa El Jabri/RFI
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De notre correspondante à Moscou,

Casquettes à la gloire de l’armée russe ou ruban de Saint-Georges orange et brun, très souvent cette foule de tous âges qui se presse pour se filmer ou se photographier dans les allées revêt les symboles classiques du patriotisme tel qu’il est vanté officiellement dans la Russie de Poutine.

Très sollicités pour prendre la pose avec les visiteurs, des soldats parcourent les allées, médailles sur la poitrine. Mais l’attraction principale, ce sont les blindés occidentaux, et singulièrement les américains et les allemands. Très abîmés ou intacts, ils sont tous signalés avec un drapeau du pays d’origine et une notice d’explication. « Je voulais voir surtout en premier les tanks, les Abrams, les Leopard, ce sont ceux dont on a le plus entendu parler », explique un lycéen de 15 ans accompagné de son père.

Cela fait huit jours à Moscou que la file d’attente est longue et les allées bondées : une foule de touristes comme d’habitants de la capitale se presse au parc de la Victoire pour une exposition de « trophées » ramenés d’Ukraine.
Cela fait huit jours à Moscou que la file d’attente est longue et les allées bondées : une foule de touristes comme d’habitants de la capitale se presse au parc de la Victoire pour une exposition de « trophées » ramenés d’Ukraine. © Anissa El Jabri/RFI

Dans les allées, on s’agglutine pour écouter les explications des soldats sur les performances du matériel occidental, comme ce Kirghiz, ex-officier de l’armée soviétique : « Je viens de me renseigner sur les capacités des obus tirés », dit-il. « Le soldat m’expliquait ce qui était tiré là-bas sur le champ de bataille. Il y a du matériel du monde entier ici. Le monde entier est contre la Russie, et ça, ça montre que la Russie est forte, sait se battre. Bravo aux nôtres ! Moi, je suis pour la Russie. »

« Je ne crois pas qu’on va s’en sortir rapidement »

La Russie qui résiste avec force et courage face à l’Otan qui la menace, tout le monde à cette exposition répète en boucle ce message martelé depuis si longtemps par le pouvoir et les médias d’État. Message tout aussi classique dans la Russie de « l’opération spéciale » comme l’appelle toujours le chef de l’État, l’effort de comparaison entre l'Allemagne nazie et les Occidentaux soutenant l'Ukraine :  cette exposition est en effet organisée dans le parc de la Victoire dédié aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, soit dans la lignée d'une présentation des trophées nazis des années 1943-1948, sous Staline, qui s'était tenue au célèbre parc Gorky, au centre de Moscou.  

Pourtant, sous l’intensité et l’efficacité de la propagande, perce vite une inquiétude : toute question sur la durée de la guerre lancée par Vladimir Poutine assombrit la grande majorité des visages.

L’attraction principale, ce sont les blindés occidentaux, et singulièrement les américains et les allemands. Très abîmés ou intacts, ils sont tous signalés avec un drapeau du pays d’origine.
L’attraction principale, ce sont les blindés occidentaux, et singulièrement les américains et les allemands. Très abîmés ou intacts, ils sont tous signalés avec un drapeau du pays d’origine. © Anissa El Jabri/RFI

« Malgré la force de la Russie, je pense que l’opération militaire spéciale va durer un certain temps, confie un visiteur. Je ne crois pas qu’on va s’en sortir rapidement. » « L’atmosphère s’envenime, des pays de l’Otan parlent d’envoyer des hommes au sol, ils envoient plus d’armes », dit un autre. « Chacun a une perception différente sur la durée, mais on voudrait tous que ça se termine rapidement », affirme de son côté une femme.

Dans son discours d’investiture mardi 7 mai, le chef de l’État russe a placé son cinquième mandat sous le signe d’une confrontation longue avec l’Occident.

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