Accéder au contenu principal

Un tribunal de Hong Kong interdit un chant prodémocratie, une première depuis la rétrocession

La cour d'appel de Hong Kong a interdit ce mercredi 8 mai le chant « Glory to Hong Kong » (« Gloire à Hong Kong », NDLR) popularisé pendant les manifestations prodémocratie de 2019. C'est la première décision du genre depuis la rétrocession du territoire à la Chine. Les États-Unis ont dénoncé cette décision mercredi.

Des membres de la Ligue des sociaux-démocrates brandissent une banderole devant les bureaux du gouvernement central à Hong Kong le 27 février 2024.
Des membres de la Ligue des sociaux-démocrates brandissent une banderole devant les bureaux du gouvernement central à Hong Kong le 27 février 2024. © Peter Parks / AFP
Publicité

Après la demande du gouvernement local d'empêcher la diffusion ou encore l'interprétation de ce morceau, « nous sommes convaincus qu'une injonction doit être accordée », a écrit le juge Jeremy Poon dans la décision judiciaire.

Pékin a de son côté qualifié de « mesure nécessaire » cette interdiction. « Empêcher quiconque d'utiliser ou de diffuser la chanson en question (...) est une mesure légitime et nécessaire prise par Hong Kong pour assumer sa responsabilité en matière de protection de la sécurité nationale », a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors de son point presse régulier.

« La décision d'interdire cette chanson est le dernier coup porté à la réputation internationale d'une ville qui s'enorgueillissait auparavant d'avoir un système judiciaire indépendant, protégeant le libre-échange d'informations, d'idées et de biens », a déclaré à la presse Matthew Miller, porte-parole du département d'État des États-Unis.

« Glory to Hong Kong » est ainsi le premier chant interdit dans le territoire depuis la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine en 1997. Devenu un hymne du mouvement prodémocratie de la ville, il a été écrit et popularisé pendant les manifestations parfois violentes de 2019 qui ont vu des millions de personnes descendre dans la rue pour réclamer des libertés politiques. Ses paroles incluent un slogan devenu célèbre lors des protestations, « Libérez Hong Kong, révolution de notre temps ».

Un chant devenu « une arme »

L'exécutif de la place financière du sud de la Chine avait déposé en juin une demande d'injonction pour que soit interdit ce chant. Mais fin juillet, la justice l'avait rejetée, estimant que son interdiction soulèverait de graves questions de liberté d'expression et qu'une injonction n'aurait « pas de réelle utilité ».

La cour d'appel, sollicitée par le gouvernement, n'a pas été du même avis mercredi. « Le compositeur du chant souhaitait en faire une "arme" et c'est ce qu'il est devenu », a encore écrit le juge Poon. Une injonction civile était donc nécessaire, estime la cour, puisque « le droit pénal seul ne permettrait pas d'atteindre l'objectif d'intérêt public de protection de la sécurité nationale ». Cette injonction comporte des exceptions pour les « activités académiques et journalistiques ».

L'avocat Benjamin Yu, qui représentait le gouvernement lors d'une audience en appel au mois de décembre, avait déclaré que le morceau s'apparentait à « de la désinformation et de la propagande ». Le chant est toujours « répandu » et « reste particulièrement efficace pour susciter des émotions » parmi la population, avait-il affirmé.

En décembre, les juges avaient soulevé la question des conséquences d'une éventuelle injonction sur les fournisseurs d'accès à internet. Des responsables locaux avaient demandé à des géants du web comme Google de supprimer le chant prodémocratie des résultats de recherche et des plateformes de vidéo, mais avaient été pour l'essentiel éconduits.

En mars 2023, Google avait dit avoir reçu une requête de la part des autorités hongkongaises pour retirer deux vidéos de YouTube montrant le chant joué par erreur lors d'une compétition sportive, à la place de l'hymne national chinois, la « Marche des volontaires ». Selon la police, le contenu de ces images constituait une insulte envers l'hymne national mais Google n'avait pas supprimé les vidéos.

Une coalition de groupes de la tech réagit

D'après la décision de la cour d'appel de mercredi, une injonction était « nécessaire » car les plateformes telles que Google « ont indiqué être prêtes à accéder à la demande du gouvernement s'il y avait une décision de justice ».

Selon le gouvernement, l'injonction sollicitée par le gouvernement vise en partie à convaincre Google de déréférencer « Glory To Hong Kong » de ses résultats de recherche, ce qui n'a pas manqué de faire réagir un regroupement d'entreprises de la tech, dont les géants Apple, Google ou X. « Nous croyons qu'un internet libre et ouvert est fondamental au regard des ambitions de la cité de devenir un hub international en matière de technologies et d'innovation », a déclaré Jeff Paine, le directeur exécutif de Asia Internet Coalition avant d'ajouter que l'organisation était en train d'évaluer les conséquences de cette décision de la cour d'appel de Hong Kong.

Plus de 290 personnes ont été arrêtées, 174 inculpées et 114 condamnées, la plupart des personnalités politiques, militants et journalistes prodémocratie, depuis l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong en 2020, renforcée par un deuxième texte promulgué en mars.

À écouter aussiHong Kong : une nouvelle loi de sécurité en perspective pour « combler des lacunes »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.