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Festival d’Avignon 2018 / Théâtre

Festival d’Avignon: une édition générationnelle et en tous genres

Pour sa 72e édition, le Festival d’Avignon présentera 47 spectacles dont plusieurs interrogent la jeunesse, la famille et le genre. Et c’est presque devenu une tradition, RFI y présentera six auteurs venus d’Afrique et d’Haïti dans le cycle de lectures Ça va, ça va le monde ! dirigé par Armel Roussel.

« Ahmed revient », d’Alain Badiou et Didier Glas, création d’un spectacle itinérant proposé au Festival d’Avignon 2018.
« Ahmed revient », d’Alain Badiou et Didier Glas, création d’un spectacle itinérant proposé au Festival d’Avignon 2018. Festival d'Avignon 2018
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La conférence de presse du festival d’Avignon fait partie de ces rites qui annoncent l’été, le temps des vacances et des pérégrinations culturelles dans le sud de la France. Une mise en bouche ! Jusqu’à ce jour le secret était bien gardé et c’est Olivier Py, tel un cuistot qui « décloche », a annoncé le menu des réjouissances. 47 spectacles, dont un peu moins de la moitié sont mis en scène par des femmes, permettront de sacrées découvertes puisque 36 metteurs en scène sont invités pour la première fois au festival. C’est l’une des lignes de force de cette édition que de faire la part belle à une nouvelle génération, à l’image des deux stars actuelles de la scène française.

Thomas Joly, 36 ans, monte Thyeste de Sénèque en ouverture du festival dans la Cour d’honneur du Palais des papes. Julien Gosselin, 31 ans, adapte trois romans de l‘Américain Don Delillo, Mao II, Joueurs, Les noms, proposant ainsi une trilogie sur le terrorisme, dans un spectacle-fleuve de 8 heures. Chloé Dabert, David Bobée, Richard Brunel, Gurshad Shaheman, Milo Rau, etc. flirtent tous avec la quarantaine donnant à Olivier Py, malgré son air d’adolescent virevoltant, des allures de patriarche, nouvellement moustachu.

Genre et singularité

Cette nouvelle génération en haut de l’affiche, la « marque Py » n’en est pas moins omniprésente. Il signe deux mises en scène : une tragédie contemporaine intitulée Pur présent dont on ne sait rien encore et une adaptation d’Antigone de Sophocle avec les détenus du Centre pénitentiaire d'Avingon-Le Pontet sur laquelle il dit que « c’est le spectacle dont il est le plus fier de sa carrière ».

La place du texte et le parfait équilibre entre classiques (Sénèque, Sophocle, Molière, Racine) et auteurs contemporains font partie de sa marque de fabrique. Enfin, le thème de cette 72e édition, le genre, lui va comme un fourreau, lui qui depuis vingt ans se travestit régulièrement sur scène pour faire vivre son personnage de cabaret Miss Knife. En résonnance avec les questions d’identité qui traversent les sociétés modernes, plusieurs spectacles témoignent ou interrogent cette autre façon d’être au monde, de le vivre, de le subir ou de le sublimer quand on n’est ni homme, ni femme, mais humain. Paroles de transgenres espagnols avec Trans de Didier Ruiz, témoignages d’hommes discriminés pour leur sexualité dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète de Gurshad Shaheman ou encore l’histoire d’Edward Manning devenu Chelsea Manning pendant son incarcération dans l’affaire WikiLeaks avec Pale Blue Dot d’Étienne Gaudillère. Avec ce thème, Olivier Py ne veut pas enfermer le genre à la question sexuelle, mais plutôt mettre en lumière des artistes singuliers, en rupture avec la mode du temps qui nous laisserait à penser qu’il n’y a pas d’alternative.

Un programme africain avec RFI

Côté international, cette édition verra le retour d’Oskaras Korsunovas. En mettant en scène Tartuffe, le Lituanien va redonner à Molière sa force corrosive et innovante. En Lituanie, comme dans plusieurs de ces pays de l’Europe de l’Est en proie à la morale la plus réactionnaire, dénoncer l’hypocrisie religieuse, même avec les mots de Molière, est un acte politique majeur. Place est faite aussi à l’Égypte et au monde arabe avec Mama d’Ahmed El Attar ou au musicien Abdullah Miniawy.

L’Afrique quant à elle, après le Focus de 2017, se fait discrète avec un seul spectacle, Ben et Luc, mené par un duo de danseurs burkinabè, Ben Salaah Cisse et Luc Sanou. En ces temps de Francophonie exaltée jusqu‘au plus haut sommet de l’État, le temps fort pour les artistes africains restera le cycle de lectures de RFI, Ça va, ça va le monde !, avec six textes d’auteurs confirmés comme l’Haïtien Guy Régis Jr ou l’immense poète congolais Tchicaya u Tam’Si dont on commémore le 30e anniversaire de sa disparition. Sa poésie et son théâtre n’avaient pas été entendus à Avignon depuis 1976.

Ce cycle de lectures enregistrées permettra aussi de retrouver Edouard Elvis Bvouma auréolé du Prix RFI Théâtre et dont la pièce La poupée barbue partira ensuite à la fin de l’année dans une dizaine de capitales africaines grâce à une tournée orchestrée par l’Institut français.

Le cycle de lectures de RFI, Ça va, ça va le monde !

14 juillet : La poupée barbue, d’Edouard Elvis Bvouma / Cameroun. Lauréat du Prix RFI Théâtre 2017.

15 juillet : Les cinq fois où j’ai vu mon père, de Guy Régis Junior / Haïti

16 juillet : Que ta volonté soit Kin, de Sinzo Aanza / RDC

17 juillet :Retour de Kigali. Texte collectif coordonné par Dorcy Rugamba et Olivia Rosenthal / Rwanda - France

18 juillet : Sœurs d’ange, d’Afi Gbegbi / Togo

19 juillet : Le bal de Ndinga, de Tchicaya U Tam’si / Congo-Brazzaville

Lire aussi l'entretien avec Olivier Py sur l'édition 2018 du Festival d'Avignon : «Au théâtre, la vérité est face à nous», rfi, 29/3/2018

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