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Asie/Inde

Inde: la contestation ne faiblit pas malgré les morts qui augmentent

En Inde, les manifestations continuent contre la nouvelle loi sur la citoyenneté, jugée par beaucoup discriminatoire contre les musulmans. Dix morts ont été enregistrés ce vendredi 20 décembre et ce samedi 21 décembre. Ce qui porte à vingt le nombre de morts depuis le début de la mobilisation.

La police charge des manifestants contre la nouvelle loi sur la citoyenneté à Lucknow, le 19 décembre 2019.
La police charge des manifestants contre la nouvelle loi sur la citoyenneté à Lucknow, le 19 décembre 2019. Reuters
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Malgré les coupures internet, malgré les interdictions de rassemblement, les manifestants continuent à battre le pavé en masse dans toute l’Inde contre la loi sur la citoyenneté, favorisant la naturalisation des réfugiés non-musulmans. Et la violence des affrontements va croissante puisque des heurts avec la police ont occasionné plusieurs morts et de nombreux blessés hier et ce vendredi, rapporte notre correspondant à New Delhi, Côme Bastin.

D’importants dispositifs sécuritaires ont été déployés près de certaines mosquées, par crainte de troubles à la sortie de la prière du vendredi 20 décembre. À New Delhi où la police a utilisé aujourd’hui des canons à eau, près de 5 000 personnes se sont rassemblées malgré l’interdiction qui leur avait été signifiée à la sortie de la grande mosquée Jama Masjid, et ont déployé un drapeau indien de 30 mètres de long en scandant « Liberté, liberté » et en déchirant des posters du Premier ministre Narendra Modi

Jeudi 19 décembre, des manifestants ont été tués à Lucknow, en Uttar Pradesh, l’Etat le plus peuplé de l’Inde, les affrontements ont dégénéré et plusieurs véhicules ont été incendiés. La police affirme ne pas avoir tiré à balles réelles. C’est en tous cas ce qu’elle fait à Mangalore, dans le sud, où deux manifestants ont été tuées : la police est intervenue pour disperser 200 personnes : charges à coups de bâtons, lacrymogènes et ensuite tirs. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu au motif que ces manifestants tentaient d’attaquer un poste de police. Internet a depuis été coupé dans toute la ville.

Des centaines de milliers de manifestants

Au moins cinq personnes, dont un enfant de huit ans, ont été tuées dans le nord de l'Inde lors de manifestations, portant à vingt le nombre de morts depuis le début des protestations la semaine dernière, a indiqué ce samedi la police locale. Quatre manifestants ont succombé après avoir été blessés par balles ce vendredi dans l'État d'Uttar Pradesh. L'enfant de huit ans, lui, a été tué lors d'une bousculade.

Pour le gouvernement, les morts de ces deux jours sont dus à la violence des émeutes. Mais pour beaucoup de manifestants, elle ne font qu’exacerber la colère de la semaine. De nombreuses vidéos s’échangent sur les réseaux sociaux pour contester l’usage fait par la police des armes à feu. À côté de ces victimes, des centaines de milliers d’indiens ont continué à défiler à New Delhi, Bombay, Pune, Nagpur ou encore Vaniyambadi.

La loi passée il y a un peu plus d’une semaine facilite l’attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés fuyant l’Afghanistan, le Pakistan et le Bangladesh, sauf s'ils sont musulmans. Dans un éditorial, le quotidien The Indian Express estime que la mise en application de cette loi, dans un pays où les musulmans représentent 14% de la population, placerait l’Inde dans un état de conflit permanent. Le journal appelle le gouvernement à initier un dialogue.

C'est un peuple, une communauté qui est droit au mur et qui cette fois sort de ses gonds, mais il ne faut surtout pas considérer que la communauté musulmane est la seule à sortir dans la rue.

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Christophe Jaffrelot, spécialiste de l'Inde et du Pakistan et directeur de recherche au CERI Sciences Po

Vincent Souriau

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