Seconde Guerre mondiale: la question des compensations financières relancée
Varsovie accueillait à la mi-journée une quarantaine de délégations parmi lesquelles les chefs d’État et de gouvernement dont Angela Merkel, Édouard Philippe, le vice-président américain Mike Pence. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a prononcé deux discours à l’aube dans la ville de Wielun, au centre du pays, là où sont tombées les premières bombes allemandes et dans la capitale polonaise. Il a demandé pardon aux Polonais pour les actes commis par les nazis. Mais n’a pas évoqué l’épineuse question des réparations financières réclamées par Varsovie à son voisin allemand. De quoi décevoir les habitants venus assister aux discours.
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Avec notre correspondant à Varsovie, Thomas Giraudeau
« Nous, Allemands, devons vivre avec cet héritage douloureux, et nous vous demandons pardon. » Les mots de Frank-Walter Steinmeier sont solennels, prononcés au cœur d’une ville quasi entièrement détruite par les nazis.
Mais justement, Ian, 63 ans, s’attendait à beaucoup plus. « Nous les avons déjà entendues, ces excuses, plusieurs fois, dit-il. Maintenant nous voulons du concret, des formes de compensation financière. Par rapport à tout ce qui est arrivé en Pologne. Tout ce qui a été détruit, pour reconstruire de nouveau. »
Le pays a perdu 17 % de sa population dans le conflit, 6 millions de personnes, dont 3 millions de juifs. Des villages ont été rasés de la carte. À trois reprises, durant la période communiste, la Pologne a renoncé à demander des compensations financières.
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Mais Varsovie relance aujourd’hui la question. Michal, 43 ans, a perdu son grand-père dans un camp d’extermination : « Durant le communisme, la Pologne et l’Allemagne de l’Est étaient en réalité contrôlée par la Russie, souligne-t-il. Ce n’était pas des États libres, souverains. Donc, rester aujourd’hui dans ce statu quo, sans compensations financières, alors que la situation politique a évidemment changé depuis, ce n’est pas possible. La Pologne a le droit de réclamer des réparations. Le sujet n’est pas clos. »
C’est pourtant ce qu’affirme Berlin face aux réclamations de Varsovie. Le parti au pouvoir Droit et Justice a ouvert une commission parlementaire pour évaluer les pertes subies par la Pologne. Le gouvernement actuel réclame déjà plus de 800 milliards d’euros à son voisin.
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