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Culture / Arts numériques

«ArtJaws Media Art Fair», la foire des artistes nouveaux médias

La Biennale internationale des arts numériques à Paris propose chaque année 130 événements autour de la création artistique à l’ère du numérique. Un point fort est la première foire française d’art contemporain dédiée aux artistes nouveaux médias. L’ArtJaws Media Art Fair présente sous le titre « Variation » 80 œuvres d'une quarantaine d’artistes et se déroule jusqu’au samedi 25 novembre à la galerie de la Cité internationale des arts, en plein cœur de Paris. Entretien avec Anne-Cécile Worms, une des actrices les plus actives dans ce domaine et fondatrice de la foire.

« Hello World » (2017), de Fabien Léaustic. L’installation jongle entre un optimisme naïf et une poétique ténébreuse et pointe les dérives de l’univers digital. Présentée à ArtJaws Media Art Fair.
« Hello World » (2017), de Fabien Léaustic. L’installation jongle entre un optimisme naïf et une poétique ténébreuse et pointe les dérives de l’univers digital. Présentée à ArtJaws Media Art Fair. Siegfried Forster / RFI
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RFI : ArtJaws Media Art Fair est une foire exclusivement dédiée aux artistes nouveaux médias. En 2017, est-ce toujours un genre à part ?

Anne-Cécile Worms : Non, on pourrait dire que c’est le mouvement le plus contemporain de l’art contemporain. Ce sont souvent des artistes qui sont sous-représentés dans le marché de l’art. C’est pour cela qu’on garde cette foire dédiée aux artistes nouveaux médias. Mais ce sont vraiment des artistes contemporains. On ne les appelle plus des artistes numériques, ce sont des artistes contemporains qui travaillent avec les nouvelles technologies.

Vous présentez ArtJaws Media Art Fair comme la première foire française d’art contemporain dédiée à cet art nouveaux médias. Quelle est la situation de cet art numérique en France par rapport à la grande foire d’art contemporain, la Fiac, par rapport au marché de l’art ou aux ventes aux enchères ?

C’est vrai, c’est encore très émergent dans le marché. On l’a vu à l’édition de la Fiac 2017 où il n'y avait quasiment aucune œuvre d’art vidéo. Vu le monde dans lequel on vit, c’est un peu inquiétant de voir que les grandes foires ne représentent pas les artistes qui décrivent la société digitale dans laquelle on vit. Même s’il y a un début de frémissement du marché. Depuis qu’on a lancéArtJaws, on a vendu beaucoup d’œuvres art-tech en ligne. Aujourd’hui, c’est une des parties du marché qui évolue le plus rapidement, notamment avec les primo-collectionneurs, pas forcément avec les collectionneurs d’art contemporain classiques. Ce sont souvent des gens qui n’ont jamais collectionné et pour lesquels l’art-tech raconte aussi une histoire du monde contemporain.

Vous promettez dans l’exposition des dialogues improbables, lesquels ?

Les dialogues improbables consistent à montrer la diversité des supports utilisés par ces artistes. On a une œuvre en intelligence artificielle, on a des peintures avec de la vidéoprojection, on a de la photographie numérique de photographes qui n’ont jamais pris un appareil photo entre les mains. Il y a des œuvres qui communiquent entre elles. Les correspondances concernent surtout le sens et les émotions que suscitent ces œuvres.

Quelle est l’œuvre qu’on trouve ici et nulle part ailleurs ?

Cette année, il y a une spécificité : on rend hommage à l’histoire de la rencontre entre art et technologie. On a une pièce magnifique de Nicolas Schöffer (1912-1992), un des pionniers de l’art cinétique. Pour nous, l’art cinétique fait partie de l’histoire de l’art contemporain qui utilise les nouvelles technologies. On a la chance d’avoir deux rétrospectives d’exposition historiques sur la côte Est et la côte Ouest des États-Unis, en 1966. Le Lacma (Los Angeles County Museum of Art) à Los Angeles et le EAT (Experiments in Art and Technology) à New York nous ont prêté des documents que vous ne verrez nulle part ailleurs. En remontant les salles de l’exposition, vous allez remonter dans l’histoire et vous apercevoir que dans les années 1960, il y avait déjà une rencontre entre art et technologie.

Quand est-ce que l’art numérique va doubler l’art contemporain traditionnel en chiffre d’affaires ?

Ce n’est pas une question de doubler l’art institutionnalisé, on aura toujours des collectionneurs qui voudront acheter des Delaunay. L’objectif du site de vente ArtJaws est de convaincre des collectionneurs que la préservation et la conservation de ces œuvres ne sont pas plus compliquées que la préservation d’une peinture à l’huile qui - elle aussi - demande des restaurations. On accompagne le collectionneur surtout avec toutes les œuvres en ligne, ce qui donne confiance aux gens par rapport à l’authenticité des œuvres qu’ils achètent. Et on travaille avec quelqu’un qui propose aux collectionneurs un abonnement pour la préservation et la conservation de leurs œuvres. Donc, on couvre vraiment toutes les interrogations d’un collectionneur qui achèterait ce type d’œuvre aujourd’hui.

Est-ce cela, le plus grand défi pour l’art numérique d’aujourd’hui ? De convaincre que ce n’est pas plus compliqué et aussi pertinent que l’art contemporain traditionnel ?

Exactement. On essaie de dire que cet art va devenir l’art contemporain traditionnel.

« Variation », ArtJaws Media Art Fair, jusqu’au 25 novembre à la Cité internationale des arts, dans le cadre de la Biennale internationale des Arts numériques à Paris.

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