Tennis: Alexis Klegou s’est refait une santé aux Jeux africains

Alexis Klegou, 26 ans, a décroché la médaille d’argent des Jeux africains 2015, ce 16 septembre à Brazzaville. Le Béninois né en France a retrouvé une grande part de son tennis, après 18 mois de galère et de sacrifices.

Le Béninois Alexis Klegou. DR

De notre envoyé spécial à Brazzaville,

C’est un « Ecureuil » (1) avec une frappe de mule et un orgueil de taureau. A 26 ans, Alexis Klegou n’est pas du genre à faire des sentiments sur les courts de tennis. Et encore moins lorsqu’une médaille d’or aux Jeux africains 2015 est en jeu. Le Béninois a cogné, couru, parfois râlé auprès de l’arbitre et d’un public congolais indiscipliné. Mais il s’est tout de même incliné (7-6, 3-6, 6-3) en finale du tournoi simple messieurs face à Denis Indondo (RDC), ce 16 septembre à Brazzaville. « Je ressens beaucoup de déception parce que j’ai mené 5 jeux à 1 dans le premier set, déplore l’intéressé. Je n’ai pas réussi à finir ce set. Ça, c’est le genre de choses qui ne doit pas arriver à ce niveau de la compétition. Cela montre mon manque de lucidité et mon manque de compétition ».

De fait, le tennisman né en France a eu son lot de galères depuis deux ans. « J’ai eu une blessure à la gaine des tendons de la main droite qui a amené d’autres blessures, raconte Alexis Klegou. Le tendon n’était plus retenu et la gaine s’est cassée à plusieurs reprises. Aujourd’hui ma main va mieux. C’est encourageant de constater que ma main a tenu durant tout ce tournoi et durant une finale de trois heures ». Il ajoute : « Mon deuxième but durant ces Jeux africains était de voir si j’étais de retour sur le terrain. Et je suis bien de retour. »

Mais le chemin a été long, assure Alexis Klegou : « Le tennis est un sport très compliqué. Vous vivez de la compétition. Si vous ne jouez pas, vous ne gagnez pas d’argent. J’ai dû travailler et trouver d’autres moyens de gagner de l’argent. J’ai dû retourner vivre chez mes parents. J’ai dû faire beaucoup de sacrifices. » Une remise en cause difficile pour un joueur qui a atteint le 633e rang du classement mondial (ATP) et qui a déjà battu des joueurs de la trempe de Nicolas Mahut. « Ce qui m’a aidé à tenir, ce sont les objectifs que je m’étais fixés, pour moi et pour mon pays. J’ai encore beaucoup de choses à réaliser, lâche-t-il, alors que sa voix s’étrangle et qu’il réprime difficilement ses larmes. Je remercie tous les gens qui me soutiennent. Et la famille est derrière moi, c’est le plus important. Je pense qu’elle est fière de moi ».

« Mon père m’a mis la raquette dans les mains »

Alexis Klegou était un peu prédestiné à jouer au tennis avec un oncle, Martin Klegou, ancien joueur béninois, et un papa féru de ce sport. « Mon père m’a mis la raquette dans les mains, se souvient-il. J’ai pu étudier grâce au tennis. Je suis parti aux Etats-Unis pendant quatre ans. J’ai reçu une bourse. Tout ça, c’est grâce à mon père et au Bénin. Mon oncle a été le premier champion du Bénin, le premier à voyager et à disputer des tournois à l’étranger. C’est lui qui a mis mon père dans le tennis. Tout vient donc du Bénin. Ça a donc toujours été facile de représenter mon pays ».

Gamin, Alexis Klegou demandait sans arrêt à son père pourquoi ses copains d'origines africaines retournaient chaque été sur le continent et pas lui. La famille n’avait pas les moyens d’y aller, ni de lui offrir toutes les facilités que le tennis requiert. Le joueur a donc découvert Cotonou grâce au sport. Depuis, il dispute régulièrement la Coupe Davis avec la sélection béninoise. « Je vais maintenant m’entraîner vraiment dur pour disputer un maximum de matches et reprendre sur le circuit ATP [professionnel, Ndlr], lance-t-il. Il y a aussi la Coupe Davis le 25 octobre avec une confrontation en Egypte, au Caire. J’ai cette date en tête depuis très longtemps. C’est aussi pour ça que je voulais disputer plusieurs matches sur terre battue, ici. (…) J’espère représenter le Bénin aux Jeux olympiques à Rio », conclut-il.

(1) Surnom des sportifs béninois.