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Reportage

Alain Delon, idole américaine

Initialement prévu entre le 12 et le 19 avril, le Festival hommage à Alain Delon au Film Forum, le plus ancien cinéma indépendant de New York, a été prolongé d’une semaine supplémentaire au vu de l’immense succès des projections. La légende du septième art français, dont les films ont été projetés pour la première fois aux États-Unis il y a plus de quarante ans déjà, jouit d’une très grande notoriété de ce côté de l’Atlantique, et de fans de tous âges. 

Bruce Goldstein, le directeur de la programmation du Film Forum de New York lors de l’hommage à Alain Delon.
Bruce Goldstein, le directeur de la programmation du Film Forum de New York lors de l’hommage à Alain Delon. © Michaël Oliveira Da Costa / RFI
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De notre correspondant à New York,

Le soleil est au rendez-vous depuis quelques jours sur la Grosse Pomme. Les terrasses sont pleines à craquer, les New Yorkais et les touristes remplissent les parcs, l’ambiance est bon enfant. Sur la partie ouest de Houston Street, dans le Greenwich Village, au sud de Manhattan, une longue file d’attente d’environ 150 personnes n’attend qu’une chose : prendre place pour la projection de La Piscine, film ô combien classique du cinéma français, devenu aussi incontournable pour les aficionados du septième art de ce côté de l’Atlantique.

« Pour les premiers jours du Festival, on a vendu tous nos billets, les salles étaient pleines à craquer, c’est vraiment toujours une immense réussite de projeter les films d’Alain Delon », sourit Bruce Goldstein, le directeur de la programmation du Film Forum, grand amoureux du cinéma français. « Le New York Times, le New Yorker et de grands médias ont parlé de l’évènement, mais Delon a toujours déclenché, et déclenche toujours une grande curiosité. Regardez la foule qui vient voir ses films, c’est vraiment incroyable, son charme séduit même ici, à plusieurs milliers de kilomètres de la France ! »

Dans les salles, des gens de tous âges, de divers horizons, pour certains fans de longue date, amoureux de Delon, qui n’auraient manqué les projections pour rien au monde. C’est le cas de James et Dahlia Taylor, un couple de septuagénaires de Brooklyn, fan de Delon depuis plus de 40 ans, et qui ne rate aucune projection et aucun évènement lié au français sur New York. « À la maison, on a tous ses films, en DVD, mais aussi en cassettes VHS ! C’est une idole pour nous, un symbole de la sensualité à la française, de la vie et des plaisirs de celles-ci, et je n’oublierai jamais, lorsque j’ai vu La Piscine lors d’un voyage en France dans les années 1970, dans un petit cinéma de Marseille. Dès ce jour-là, je suis tombée amoureuse de lui, d’une certaine manière », rit-elle. « Je n’en suis pas jaloux, Alain Delon, c’est un homme d’une rare beauté, mais aussi, et surtout, un acteur d’un immense talent, dont les films traversent le temps sans prendre, contrairement à nous, une seule ride », ajoute le mari.

Avec onze films au programme, dont La Piscine, Le Samouraï, mais aussi Mr. Klein et Le Léopard, le festival hommage à l’octogénaire français permet aussi de conquérir une nouvelle base de fans, chez les plus jeunes, curieux de ces œuvres classiques, remasterisées pour l’occasion. Une trentaine de projections sont au programme, et après le succès des premiers jours, la direction de Film Forum vient de décider de prolonger le plaisir pour une semaine supplémentaire ! « Il y a un effet Delon, c’est certain. Ses films sont, pour nous, dans le top 3 des projections qui attirent le plus de monde. Et on projette des œuvres de tellement d’autres grands artistes, mais Delon, ici, a et aura toujours une place spéciale et importante pour nous », sourit Goldstein.

« French way of life », et sex symbol à la française 

Parmi les 1 500 personnes attendues pour les projections, de nombreux jeunes sont également présents pour les projections, et des discussions programmées durant la quinzaine. Une bonne partie d’entre eux découvrent Delon pour la première fois, et veulent en savoir plus sur l’idole. « Je suis de nature curieuse de cinéma, et je découvre les talents des années 1960, 1970 qui ont brillé surtout hors des États-Unis, comme Alain Delon », souligne Taysha, 20 ans, étudiante en sociologie. « Je suis allée à la projection de La Piscine, et j’ai pris une énorme claque ! Son jeu d’acteur, son style, sa beauté naturelle, je comprends pourquoi il a fait, et fait encore tourner les têtes », sourit-elle. « Je pense que s’il était plus jeune, ce serait une superstar mondiale, au niveau des DiCaprio et autre Brad Pitt. Il dégage un truc fou, une aura, un charme fou. J’ai donc décidé de prendre des tickets pour 6 autres projections, car je voulais voir d’autres films, et il est juste extrêmement talentueux ».

De 7 à 77 ans (et plus), le charme de Delon conquis donne le sourire. La reconnaissance outre-Atlantique de l’acteur ne surprend que peu, même si celle-ci est un peu tardive, du fait d’une publicité souvent limitée ou de critiques infondées sur ses films, comme pour La Piscine, défini à l’époque comme « poussant à la débauche, et à la déviance sexuelle et morale », par de grands critiques du cinéma dans les années 1970. « Il a fallu pousser pour que ses films soient projetés par le passé », affirme Goldstein, « mais les gens qui ont vu les films, les œuvres de Delon, sont tombés amoureux des histoires, des sujets abordés, mais aussi du talent de l’acteur. Aujourd’hui, il représente beaucoup pour le cinéma français classique, et toutes les générations sont curieuses de voir, et de revoir, les classiques dans lesquels il a joué ».

Bien loin des soucis de santé et familiaux que vit actuellement Delon et son clan, les fans américains sont séduits par la « figure Delon » qui renvoie à une vision de la vie à la française, et du sex symbol, bourreau des cœurs, qui vit la vie à fond. « Les gens qui aiment son cinéma se projettent souvent sur le côté "charmeur" et "beau gosse" de Delon, mais aussi sa personnalité, qui transparait beaucoup dans ses films », explique Tina Rozier, professeure de cinéma à l’Université de Michigan, et présente à New York pour la durée du festival. « Les Américains fantasment aussi sur le talent, brut, de l’acteur, mais également sur le fait qu’il représente l’homme français, classe, sexy et aussi un peu la vie française, avec la cigarette au bec, et les scènes sur la Côte d’Azur ou dans les rues de Paris, toujours bien habillé. Delon, il ne laisse pas indifférent, quelle que soit l’âge et le sexe, c’est certain ! », rigole-t-elle.

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