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UE

Sommet de Trieste: le «marché commun des Balkans» suscite des interrogations

Comment rassurer les pays des Balkans impatients d'entrer dans l'Union européenne? En leur proposant une plus forte intégration économique régionale, suggère l'Allemagne. Ces projets sont inscrits au menu du sommet UE-Balkans occidentaux organisé ce mercredi 12 juillet dans le port italien de Trieste, sur la mer Adriatique.

Angelino Alfano, ministre itaien des Affaires étrangères au sommet des Balkans, le 11 juillet 2017.
Angelino Alfano, ministre itaien des Affaires étrangères au sommet des Balkans, le 11 juillet 2017. AFP
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Plus de vingt ans après la fin des guerres de l'ex-Yougoslavie, la Slovénie et la Croatie ont rejoint le club européen mais six autres pays des Balkans sont encore dans la salle d'attente : il y a les candidats officiels, comme la Serbie, le Monténégro, la Macédoine, et l'Albanie; et les potentiels comme la Bosnie et le Kosovo.

En 2014, l’Allemagne, le premier partenaire commercial de la plupart de ces pays, a lancé une initiative pour donner un coup d'accélérateur à leur ancrage européen. Une série de projets de coopération ont été proposés dans le cadre de ce processus dit « de Berlin ». Fin mai 2017, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a suggéré un nouveau chantier : celui de la création d’un marché des Balkans, qui sera précisé ce 12 juillet à Trieste.

A Belgrade, on se méfie de cette belle idée, y compris parmi les opérateurs économiques étrangers. « Un grand projet des Balkans, on n'est pas tout à fait mûr. Même si il y a une cohérence économique qui existe, qui était le noyau de la Yougoslavie. Beaucoup d’entreprises serbes ont gardé leur réseau et commercent avec les pays de la zone des Balkans. Mais politiquement les cicatrices du conflit sont encore assez vives. Un des blocages pour l’adhésion de la Serbie, c’est la Croatie, qui fait obstruction. La réconciliation n’est pas encore faite », estime Carlos de Cordoue, le président de la filiale serbe du Crédit Agricole.

Des réserves

L'Albanais Ardian Haçkaj, qui est l’un des partenaires du processus de Berlin en tant que directeur de l’Institut pour la Coopération et le Développement, a lui aussi des réserves sur ce futur marché régional, car il trouve que les pays des Balkans commercent surtout avec les pays d’Europe de l’Ouest, mais peu entre eux, faute de production nationale. Mais il apprécie le volet investissement prévu par l'Allemagne : « Pour la première fois, l’Allemagne, la locomotive économique de l’Europe, a décidé d’identifier des secteurs clés de développement dans les pays des Balkans, l’infrastructure, la formation professionnelle, les IT, etc. Et de le supporter. Avec des fonds spéciaux d’investissement. »

Des accords seront signés ce mercredi 12 juillet à Trieste dans le domaine des transports et de l’énergie entre autre, avec le concours de la Banque européenne d'investissement. Le bras financier de la Commission est un des grands bailleurs dans les Balkans occidentaux. En dix ans, elle y a injecté six milliards et demi d'euros sous forme de prêts pour réaliser des projets visant à relier ces pays morcelés.

L’Europe concurrencée par la Chine ?

Aujourd'hui un autre bailleur de premier plan pointe son nez : la Chine. En Serbie, au Monténégro et en Bosnie, Pékin a investi dans des infrastructures ou a racheté des industries en pleine déliquescence. Une présence qui n'est pas vécue comme une concurrence, explique la directrice régionale de la BEI, Dubravka Nègre. « On est disponible pour travailler éventuellement avec des entreprises chinoises si certains objectifs peuvent être communs. Sachant qu’en tant qu’institution européenne, nous adhérons à des valeurs qu’on ne peut pas abandonner. Si les autres investisseurs sont prêts à accepter nos principes, on est prêt à coopérer. Mais souvent le financement de ce partenaire est organisé au niveau bilatéral avec les pays en question. »

Des liens directs qui permettent aux Chinois de décider plus vite que les Européens, sans peur des risques. C'est leur principal atout. Mais l'Union conserve un pouvoir d'attraction intact dans la région, selon Ardian Haçkaj : « C’est vrai que la Chine à travers la Route de la soie met depuis 2014 une attention particulière sur l’Europe centrale et orientale et aussi sur les Balkans. Je pense que c’est une bonne chose, parce que, plus il y a de l’intérêt pour développer cette région, mieux c’est pour nous. Mais il faut que cela soit clair aussi pour les collègues et les amis chinois : la perspective des Balkans, c’est dans l’Union européenne ! »

En marge de ce sommet annuel très politique, entre sept pays de l'Union européenne et six pays des Balkans occidentaux, est organisée pour la première fois une rencontre des milieux d'affaires de la région.

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