En Egypte, la «chasse aux athées» indigne la Toile
La « chasse aux athées », lancée par les autorités depuis la semaine dernière, fait réagir sur la Toile égyptienne. Et ce n'est autre que la très respectable Grande Mosquée d'al-Azhar qui a ouvert cette traque de mauvais goût.
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C’est un conseiller du grand imam de la Mosquée qui a « tiré la sonnette d’alarme » en annonçant que « l’Egypte détenait le record d’athées dans le Monde arabe ». Il a même précisé qu’ils étaient 866 en Egypte, suivis de la Tunisie qui compte 322 athées. « Mais comment les a-t-il comptés? », s'interrogent des internautes. Des internautes d’autant plus remontés que l’Azhar avait refusé, quelques jours auparavant, de qualifier les membres de l’organisation Etat islamique de mécréants. « Car nous ne fouillons pas les âmes », avait expliqué un cheikh. « A l’Azhar, ils ne sont pas capables de voir les extrémistes, mais ils sont capables de détecter 866 athées au milieu de 90 millions d’Egyptiens », pouvait-on lire sur Twitter.
L’affaire ne s’est pas arrêtée là. Dimanche, la police a effectué une descente musclée contre ce qu’elle a appelé « le café des athées » et des « adorateurs du diable » a précisé fièrement, sur une chaîne de télé, le responsable du quartier d’Abdine jouxtant la célèbre place Tahrir. Celui-ci a même précisé que le café « Hikayetna » avait été « fracassé ». De quoi alimenter les commentaires moqueurs sur Facebook et Twitter qui comparaient l’opération à une « ghazwa », le nom donné aux razzias du temps où les premiers musulmans lançaient des raids contre les mécréants. Les internautes ont même dévoilé le portrait-robot qui avait permis de reconnaître les athées : jeunes, imberbes, dévoilés, six orteils au pied gauche et mangeant avec le coude.
Dans cette « chasse aux athées », les autorités ne s’appuient sur aucune base légale puisque la Constitution garantit la liberté de croyance et qu’il n’existe aucune loi interdisant l’athéisme. Mais comme pour l’homosexualité, qui elle non plus n’est pas prohibée par la loi, il existe les expédients du genre « incitation à la débauche ». Ainsi, pour sanctionner l’athéisme, on peut utiliser la loi sur « le mépris des religions ». Toutefois, le vrai danger pour les médias sociaux est le déchaînement de certaines télés. Riham Saïd, la présentatrice d’un programme sur les possédés du démon, a appelé les Egyptiens à frapper les athées à coups de souliers. De là à passer aux coups de couteau ou à la kalachnikov, il n’y a qu’un pas, déjà franchi par les islamistes par le passé. Ils avaient poignardé le romancier Naguib Mahfouz et mitraillé l’écrivain Farag Foda.
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