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Prévenir les accidents cardiaques lors du sport

Chaque semaine, le Dr Jean Marc Sène, médecin du sport et médecin de l'équipe nationale de judo, présente sa chronique sport dans Priorité Santé. Cette semaine, il aborde la prévention des risques cardiaques durant l'activité physique.

Lors de la pratique sportive, il est nécessaire d’avoir une montée en régime progressive.
Lors de la pratique sportive, il est nécessaire d’avoir une montée en régime progressive. pixabay
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Caroline Paré : Faire du sport est indispensable pour rester en bonne santé. Pourtant il existe parfois des accidents cardio-vasculaires qui surviennent surtout lorsque l’activité est pratiquée de manière très intensive. Pouvez-vous nous donner quelques conseils pour tenter de prévenir ces accidents parfois dramatiques ?

Dr Jean-Marc Sène : En effet, on estime en France à 1 300 le nombre de morts subites par an et à 1 500 le nombre d’infarctus du myocarde survenant pendant ou après l‘effort.

Le Club des Cardiologues du Sport, qui regroupe des cardiologues du sport de terrain a diffusé 10 règles simples validées par l’Académie Nationale de Médecine. L’objectif est de participer à la chaine de prévention des accidents cardiaques sur les terrains de sport en sensibilisant les pratiquants. Par exemple, des enquêtes menées dans différentes populations sportives ont souligné que des symptômes très inquiétants étaient souvent non signalés (les taux pouvant atteindre 70 % de non signalement ! ). Cela a permis d’éditer les 3 premières règles :

Signaler systématiquement à son médecin :

  • toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal.
  • toute palpitation cardiaque
  • tout malaise

Qu’ils surviennent à l’effort ou juste après l’effort, ce n’est pas banal ! Donc il faut le signaler absolument à son médecin !

 

Caroline Paré : Est ce qu’il y a aussi des recommandations sur les conditions de la pratique sportive ?

Dr Jean-Marc Sène : Absolument Caroline, lors de la pratique sportive, il est nécessaire d’avoir une montée en régime progressive. L’objectif cardio-vasculaire est d’obtenir petit à petit une ouverture des vaisseaux et une augmentation suffisante du débit cardiaque. D’où la règle n°4 :

• toujours respecter un échauffement et une récupération de 10 min lors de ses activités sportives.

L’hydratation régulière est aussi indispensable, surtout par des températures extérieures élevées. Elle permettra de limiter les risques de troubles du rythme cardiaque ou d’occlusion des artères coronaires (petites artères qui irriguent le cœur), d’où la règle n°5 :

  • Boire 3 à 4 gorgées d’eau toutes les 30 min d’exercice, à l’entraînement comme en compétition.

Sachons enfin que le froid et la chaleur tout comme la pollution atmosphérique sont des éléments hostiles pour le coeur, ils peuvent favoriser une déshydratation, une angine de poitrine ou un trouble du rythme, d’où la règle n°6

  • Eviter les activités intenses par des températures extérieures < -5°C ou > + 30°C ainsi que lors des pics de pollution. 

Caroline Paré : On imagine aussi que certaines consommations toxiques sont délétères pour le cœur ?

Dr Jean-Marc Sène : Et oui! Fumer une cigarette par exemple, cela favorise un état de spasme coronaire, ce qui peut entraîner l’obstruction de cette artère ! Surtout que lors de la pratique sportive le sang s’agrège, se coagule plus facilement. La règle numéro 7 est donc à suivre !

  • Ne jamais fumer 1 heure avant ni 2 heures après une pratique sportive.

On pourrait presque rajouter : ne jamais fumer tout court !

Penser également aux effets délétères des produits dopants ou de l’auto-médication qui au niveau cardiovasculaire ont été largement décrits : hypertension artérielle, thrombose, spasme vasculaire, troubles du rythme, hémorragies… Donc vraiment la règle 8 n’est pas de trop :

  • Ne jamais consommer de substance dopante et éviter l’automédication en général.

 

Caroline Paré : L’état de santé général du pratiquant ne doit pas non plus être négligé j’imagine ?

Dr Jean-Marc Sène : Absolument, Une angine ou une bronchite virale peut s’accompagner de la présence du même virus qui siège cette fois-ci au niveau du cœur mais de manière silencieuse ! L’inflammation du muscle cardiaque qui en résulte, constitue un terrain propice à la survenue d’un trouble du rythme cardiaque, mortel à l’effort.

Alors que pour éviter ces décès, il suffit simplement d’attendre une huitaine de jours après la disparition de la fièvre pour reprendre un sport intense ! La règle n°9 s’impose :

  • Ne pas faire de sport intense si on a de la fièvre y compris dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures).

Enfin plusieurs études montrent le rôle majeur du déconditionnement physique dans la survenue des accidents cardiovasculaires lors d’une activité sportive intense. Le risque pour le sportif occasionnel est 100 fois supérieur à celui d’un sportif régulier pratiquant au moins 4 séances par semaine. Aussi, avant de reprendre un sport intensivement, un bilan médical est fortement recommandé. Règle n°10 :

  • Pratiquer un bilan médical cardiaque avant de reprendre une activité intensive si on a plus de 35 ans pour les hommes et plus de 45 ans pour les femmes.

Pas de sexisme là dedans, les femmes sont moins sujettes que les hommes aux maladies cardiovasculaires mais cette différence s’estompe après la ménopause.

Pour conclure, si vous suivez ces 10 Règles d’Or, vous pourrez pratiquer avec une grande sécurité cardio-vasculaire votre activité physique et sportive !

 

 

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