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Priorité Santé

Le Sport peut induire une allergie

Tous les mercredis, retrouvez la chronique sport du Dr Jean Marc Sène, médecin du sport et médecin de l'équipe de judo. 

Des allergies peuvent avoir lieu à cause d'une ingestion d'un produit allergène suivie d'un effort.
Des allergies peuvent avoir lieu à cause d'une ingestion d'un produit allergène suivie d'un effort. Getty Images/Ian Hooton/SPL
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Caroline Paré :

Dr Sène, vous allez nous parler aujourd’hui de l'allergie alimentaire induite par l'effort, une allergie méconnue. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Jean-Marc Sène :

C’est une forme particulière de l'allergie alimentaire qui survient au cours d'un effort physique lui-même précédé de l'ingestion d'un aliment. En revanche, l'ingestion de l'aliment en cause et la pratique de l'activité physique réalisée isolément ne sont à l'origine d'aucune symptomatologie.

On sait que les signes d'une allergie alimentaire peuvent être plus marqués si le patient effectue dans le même temps un effort physique. Mais chez certains allergiques, l'activité physique est indispensable pour que l'allergie alimentaire se produise, on parle alors d'allergie alimentaire induite par l'effort (AAIE).

La définition de l'AAIE répond donc à des critères bien précis :

 • L’ingestion de l’aliment sans effort est bien tolérée,

 • L’effort non précédé de l’ingestion de l’aliment impliqué est également bien toléré,

 • L’ingestion de l’aliment suivie d’un effort entraîne l’apparition des symptômes.

La première observation d’AAIE a été publiée il y a une trentaine d’année à la fin des années quatre-vingts. Alors que l’allergie alimentaire concerne de 2,5 à 3,4% des adultes et 6 à 8% des enfants, la fréquence de l’AAIE apparaît beaucoup plus rare puisqu’elle toucherait de 2 à 20 enfants ou adolescents / 10 000 dans différentes études japonaises.

Caroline Paré :

Quels sont les symptômes ?

Jean-Marc Sène :

Les symptômes sont les mêmes que ceux d'une allergie alimentaire : signes cutanés toujours présents (urticaire, oedème sur le visage, les mains ou les pieds...), atteintes respiratoires et digestives (douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée) moins fréquentes... Plus graves, les malaises ou les chocs anaphylactiques sont rares.

Les symptômes cliniques apparaissent généralement entre une demi-heure à deux heures après l'ingestion de l'aliment et entre 5 et 50 minutes après le début de l'exercice.

La durée de la crise peut persister de 3 à 4 heures après arrêt de l'exercice. Si le patient arrête l'exercice dès l'apparition des signes annonciateurs (ou prodromes), l'allergie régresse.

Cette forme d'allergie conserve une part de mystère, ainsi les manifestations cliniques de cette forme d'allergie varient d'un épisode à l'autre et la récidive n'est pas systématique. Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour identifier les facteurs favorisant sa survenue.

Caroline Paré :

Qu’est ce qui peut favoriser ce type d’allergie ?

Jean-Marc Sène :

Le type d'effort : le jogging, la marche ou le fitness sont les activités sportives le plus souvent en cause alors que le ski de descente, la natation ou le vélo sont plus rarement concernés. A ce jour, aucune donnée physiopathologique ne permet de l'expliquer ;

Les aliments : Les crustacés et la farine de blé sont les deux aliments les plus fréquemment en cause dans l'AAIE. D'autres aliments sont toutefois possibles : céleri, pêche, tomate, raisin, oignon, pomme, fruits à coque, kiwi, poulet, escargot, graine de pavot, vin, maïs, céleri, lentilles... Les viandes sont exceptionnellement en cause ;

Les médicaments : l’aspirine et les AINS auraient un rôle aggravant dans l'AAIE. Ils augmenteraient le passage d'allergènes alimentaires à travers la barrière épithéliale digestive ;

Les facteurs environnementaux et individuels : Certains auteurs ont constaté l'influence de facteurs environnementaux : effort réalisé en saison pollinique chez un patient souffrant d'allergie aux pollens ; au contraire certaines AAIE ne surviennent qu'en hiver. Des facteurs individuels comme le stress, le manque de sommeil, la fatigue, les règles peuvent favoriser la survenue d'une AAIE.

Caroline Paré :

Comment ca se traite ?

Jean-Marc Sène :

Comme pour les allergies alimentaires, le traitement repose sur l'évitement des facteurs provoquant les crises (allergène + effort physique et facteurs favorisants) et le recours à des traitements symptomatiques contre les manifestations.

Si les progrès en biologie ont permis d'identifier un allergène majeur (l'oméga-5gliadine) pour les AAIE liées au blé et la commercialisation d'un test diagnostique, ils n'ont pas entièrement élucidé l'origine et les mécanismes de cette forme d'allergie.

Aujourd'hui, les chercheurs redoublent d'effort pour percer ce mystère et demain, améliorer le diagnostic et la prise en charge de cette maladie.

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