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France / 13-Novembre

13-Novembre: «deux ans après, on a parfois l’impression d’être oublié»

C’est un homme fatigué qui nous invite chez lui en cette veille d’hommages aux victimes des attaques du 13 novembre 2015. Il y a deux ans, Mohamed Amghar surveillait la billetterie de la porte H du Stade de France. Il est 21h05, à dix mètres de lui, l’un des kamikazes déclenche sa bombe. Mohamed fera partie des 350 blessés ce soir-là. Les attentats lui ont volé ses nuits, son travail et l’ont contraint à déménager.

Mohamed Amghar chez lui, à Paris, deux ans après les attentats du 13-Novembre.
Mohamed Amghar chez lui, à Paris, deux ans après les attentats du 13-Novembre. RFI / Stéphane Lagarde
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Certains boutons de l’ascenseur doivent être changés, mais il fonctionne pour le huitième. Tant mieux, car c’est à cet étage, dans un appartement d’une résidence du boulevard de la Villette, au nord-est de Paris, que Mohamed Amghar a trouvé refuge. Il y a un peu plus d’un an, l’ancien stadier a quitté la Seine-Saint-Denis pour s’éloigner du Stade de France. Le voilà maintenant à Paris.

Ironie du sort, son nouveau chez lui se trouve à une dizaine de minutes à pieds des terrasses prises pour cibles par les terroristes en 2015.

Depuis le 13 novembre ma vie a carrément changé, je ne suis plus le même.

00:30

Mohamed Amghar

Stéphane Lagarde

Suivi psychologique

Mais peu importe, Mohamed cherche de toute façon à changer de quartier et si possible à vivre dans un endroit plus calme. Divorcé, deux enfants, il n’a pas pu reprendre le travail après les attentats. Impossible pour lui de monter dans un bus, dans un métro ou de prendre l’avion. Pour changer d’air l’été, c’est donc en voiture qu'il se rend au Maroc.

Mohamed Amghar ne dort plus, ou très peu. Il voit son psychologue chaque semaine avec l’espoir de renouer avec Morphée. En attendant, il faut vivre avec son traumatisme, apprendre à domestiquer les angoisses. Oubliés le marché, les musées ou les centres commerciaux, le moindre bruit le fait sursauter. La foule le terrifie.

On vous invite à des cérémonies mais rien ne suit derrière. Le bruit me dérange, j’ai l’impression d’être le gardien de la résidence.

00:15

Mohamed Amghar

Stéphane Lagarde

Statue de la Liberté

Surtout ne pas sombrer et penser à « tout ce qui est positif ». « J’ajoute une goutte de mieux chaque jour, explique-t-il. Aujourd’hui, mon verre est à moitié plein. » Ecouter la musique du film le Dernier des Mohicans, regarder des films animaliers…

A côté de l’écran de télévision, une photo de la Statue de la Liberté à New York attire l'oeil. Mohamed Amghar était chauffeur de VTC dans la « Grosse Pomme » quand les Twin Towers se sont effondrées. Le destin, probablement. Il a aujourd’hui trois nationalités : américaine, française et marocaine, ce qui lui a valu d’être reçu chaleureusement par l’ambassade des Etats-Unis à Paris l’année dernière.

Le kamikaze était à 10 mètres de moi. Ce soir-là, il y avait le président de la République, Madame Merkel. Si je devais le refaire, je le referais.

00:20

Mohamed Amghar

Stéphane Lagarde

« Accident du travail »

Victime d’un « accident du travail », Mohamed Amghar est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Ce qui ne lui permet pas de payer entièrement son loyer. L’aide au logement lui ayant été refusée, il accueille un étudiant de l’Ecole d’architecture comme colocataire.

Ce lundi, Mohamed est invité à la cérémonie en présence du président de la République près du Stade de France. Sur une table trône la « médaille d’argent de la Sécurité intérieure » remise par l’ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Il ne se fait plus aucune illusion : « Nous sommes invités aux cérémonies, mais il n’y a rien derrière. »

La médaille d'argent de la Sécurité intérieure, remise à Mohamed Amghar par Bernard Cazeneuve.
La médaille d'argent de la Sécurité intérieure, remise à Mohamed Amghar par Bernard Cazeneuve. RFI / Stéphane Lagarde

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