Afrobasket 2015: la Centrafrique joue pour la paix
L'équipe centrafricaine de basket est en France pour préparer le championnat d'Afrique qui démarrera le 19 août en Tunisie. Pris en charge financièrement par Paris, les Fauves nourrissent un objectif qui dépasse le cadre sportif : rassembler un pays déchiré par cinq ans de guerre.
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Une équipe, une nation. Lors de la préparation en France, chaque match des Fauves aura sonné le rassemblement derrière les couleurs centrafricaines. Pour un pays ravagé depuis 2010 par un conflit intercommunautaire, et à deux mois de l'élection présidentielle, la sélection de basket de Centrafrique apparaît comme porteuse d'unité de l'avis même des supporters.
« Dans cette équipe, il y a toutes les couches de la société, musulmans, chrétiens du nord, du sud, de l’est et l’ouest. C’est un bel exemple pour la population centrafricaine et pour les politiques qui doivent s’inspirer de ce modèle pour ramener la paix et la sécurité dans notre pays », s'enthousiasme un fan.
Après les troubles, participer à la préparation d'un championnat d'Afrique est forcément un moment particulier pour les joueurs. L'intérieur Eddy Ngoy, 18 ans, 1,98 mètre de timidité, est un des seuls membres du groupe à avoir évolué en Centrafrique la saison passée, au club du Hit Trésor, et enduré les souffrances de la vie à Bangui. « J’étais sur place, j’ai vécu des choses difficiles à raconter. J’ai vu des frères tomber, des coéquipiers mourir, c’était dur », confie-t-il.
Parmi les meilleures équipes d'Afrique
Pour José Ruiz, l’un des deux entraîneurs de cette sélection centrafricaine, les joueurs sont plus que conscients du contexte et de l’enjeu de la compétition : « La mission de l’équipe doit être au-delà de la CAN, elle doit être un vecteur de rassemblement pour les gens sur place. Max Kouguere a un t-shirt où est écrit "L’amour de la patrie", ça veut dire ce que ça veut dire ».
L’importance du basket en Centrafrique s'explique surtout par l'histoire. Jusqu'à la fin des années 80, avec deux titres continentaux et une troisième place, le basket centrafricain comptait parmi les meilleurs d'Afrique. De quoi en faire le sport majeur dans le pays. « C’est grâce au basket que la jeunesse centrafricaine a pu s’exprimer au lendemain des indépendances, replace Symphorien Crozon, créateur du site Nzangue international, dédié au basket centrafricain. Entre 1960 et 1968, il y a eu des compétitions internationales et la Centrafrique s’est tout de suite illustrée. Les pionniers du basket centrafricain ont compris l’importance du sport et depuis 1960, le basket continue de jouer ce lien social entre les générations du pays. »
A deux mois d'une élection forcément sensible, selon un fonctionnaire international basé en Centrafrique, un bon résultat des Fauves à l'Afrobasket ferait plus pour l'unité du pays que six mois de travail sur le terrain.
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