Accéder au contenu principal
Etats-Unis

Tuerie de Charleston: qui sont les groupes suprémacistes?

L’émotion est toujours vive après le choc suscité par la fusillade du 17 juin dans une église fréquentée par la communauté noire de Charleston, en Caroline du Sud. Bilan : neuf morts, dont le pasteur. « Nous ne sommes pas guéris du racisme », commentait Barack Obama, qui doit prononcer ce vendredi  27 juin l'éloge funèbre du pasteur de la paroisse Emmanuel. On sait aujourd’hui que le tireur présumé, le jeune Dylann Roof, 21 ans, était lié à des groupes extrémistes prônant la suprématie des Blancs. Il avait lui-même publié sur un site internet une sorte de « manifeste » qui défendait cette thèse. Ces organisations ouvertement racistes sont de plus en plus nombreuses aux Etats-Unis. Qui sont-elles et comment sont-elles organisées ? Explications.

Le drapeau confédéré pris dans un poing noir, brandi lors d'une manifestation le 20 juin 2015, en réaction à la tuerie de Charleston, devant le lieu du drame.
Le drapeau confédéré pris dans un poing noir, brandi lors d'une manifestation le 20 juin 2015, en réaction à la tuerie de Charleston, devant le lieu du drame. Reuters/Brian Snyder
Publicité

Il est difficile de connaître le nombre exact de ces groupes, car ils opèrent très souvent en cachette. Mais le « Southern Poverty Law Center », un centre de recherche spécialisé sur les droits de l’homme, a recensé 784 organisations ou associations ouvertement racistes au Etats-Unis, dont 19 en Caroline du Sud. Des groupes très hétérogènes, selon lui, plus au moins discrets, mais qui ont été multipliés par trois depuis 2 000. On retrouve évidemment le « Ku Klux Klan », mais aussi d’autres groupes moins connus comme les « Chevaliers blancs loyaux » ou encore la « Ligue du Sud ». Point commun : la haine des Afro-Américains, très souvent la haine des Juifs et la haine du gouvernement.

Le « Council of Conservative Citizens », par exemple, est une organisation citée comme une référence idéologique par le tireur présumé de Charleston dans son « manifeste ». Dans sa charte, que l’on peut consulter sur le site internet, cette organisation défend un pays qui puise ses racines en Europe : « Nous croyons que les Etats-Unis sont un pays européen et que les Américains font partie du peuple européen ». Les Américains et leur gouvernement, poursuit le texte, doivent conserver leur « caractère européen ». Le Conseil des citoyens conservateurs milite donc pour une immigration exclusivement européenne et s’oppose à toutes tentatives visant à « mélanger les races ».

L’auteur présumé du massacre de Charleston brûlant un drapeau américain – sur le site lastrhodesian.com.
L’auteur présumé du massacre de Charleston brûlant un drapeau américain – sur le site lastrhodesian.com. Reuters

Des réseaux au-delà des frontières

Cette organisation tente d’accroître son influence par le biais de financements politiques destinés surtout au parti républicain, ce qui a mis certains de ses responsables dans l’embarras. Le sénateur et candidat à la Maison Blanche, Ted Cruz, a reconnu avoir touché 8 500 dollars pour sa campagne présidentielle. Il a promis de les rendre. D’autres prétendants républicains, qui ont également reçu de l’argent de cette organisation raciste, n’ont pas encore réagi. Le soutien financier n’est que la partie visible de l’iceberg. L’autre partie, c’est la construction des réseaux qui vont au-delà des frontières américaines.

Certains groupes ont ainsi des relais en Europe. Pour les experts, ce mouvement représente une menace réelle qui ne viendrait pas tant des groupes organisés mais des individus, des loups solitaires radicalisés qui décident, à l’instar de Dylann Roof, de passer à l’action. D’ailleurs, toutes les études le montrent : depuis le 11-Septembre, les extrémistes de droite ont perpétré beaucoup plus d’attentats ou d’attaques sur le sol américain que les islamistes.

Polémique autour du drapeau confédéré 

Le drame a fait ressurgir une polémique : celle du drapeau confédéré. Le tireur présumé s’est fait prendre en photo avec ce symbole du vieux sud esclavagiste. Ce drapeau flotte toujours devant le siège du gouvernement de la Caroline du Sud. En fait, ce drapeau était l’étendard des Etats du Sud pendant la Guerre de Sécession au XIXe siècle. Un drapeau qui avait connu une renaissance un siècle plus tard. En 1961, il avait été hissé sur le siège du gouvernement de la Caroline du Sud pour dénoncer la fin de la ségrégation raciale imposée par Washington. En 2000, suite à une première polémique autour du drapeau, il a été déplacé… à coté d’un mémorial à l’honneur des soldats confédérés.

Depuis la tuerie de Charleston, le maintien ou non de ce drapeau fait à nouveau débat, notamment au sein du parti républicain. C’est sujet délicat pour les conservateurs. D’anciens candidats à la présidence comme Mitt Romney ou John McCain demandent à ce que ce drapeau soit enlevé. Quant aux prétendants actuels à la Maison Blanche, pour l’instant, ils restent très discrets.La population de l’Etat, quant à elle, est divisée sur la question : selon un sondage effectué en novembre dernier, une large majorité des Blancs, 73 %, souhaite garder le drapeau où il est. En revanche, 61%des Afro-Américains préfèrent qu’il soit retiré.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.