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France: sept militants d'utra-gauche jugés à Paris pour terrorisme

Sept militants anarchistes, soupçonnés d'avoir projeté des actions violentes contre des policiers et des militaires, comparaissent depuis ce mardi 3 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris. C'est la première fois en presque 30 ans qu'une affaire terroriste d'ultragauche arrive devant les tribunaux. Le dossier semble, toutefois, assez fragile.

La façade du tribunal correctionnel de Paris (images d'illustration)
La façade du tribunal correctionnel de Paris (images d'illustration) © CC BY-SA 4.0 DEED / Wikimedia commons
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Le dossier repose essentiellement sur l'enregistrement de ce qui se disait dans la fourgonnette dans laquelle vivait à l'époque des faits, en 2020, le principal suspect, Florian D., 39 ans, aujourd'hui. Les enquêteurs ont parfois eu du mal à suivre les conversations à cause du bruit de la route ou de la musique. Et puis cette fourgonnette, Florian D. l'a parfois délaissée quand elle était en panne ou quand il partait en voyage, notamment à l'étranger. Ce militant anarchiste a en effet la bougeotte. Après des études dans un lycée agricole, il décide de parcourir la France. Il va de squats en squats, puis emménage dans son fourgon. Il vit de petits boulots de saisonnier agricole ou fait la manche. Particularité de son profil : en 2017, il passe dix mois au Rojava, dans le nord-est de la Syrie, où il combat le groupe État islamique aux côtés des Kurdes. Rien d'illégal aux yeux de la justice française.

Ce séjour intrigue pourtant les services de renseignement. Florian D. est placé sur écoute. Les enquêteurs le soupçonnent de chercher à recruter des connaissances pour commettre des actions violentes contre les forces de l’ordre. D'après l'acte d'accusation, il aurait en effet « œuvré à la constitution d'un groupe armé, formé et entraîné ses membres grâce à l'expérience militaire acquise sur un théâtre de guerre dans le but de provoquer une révolution, de renverser l'État et d'attenter à la vie de ses représentants ».

Six autres trentenaires, sympathisants de la mouvance ultragauche, qui ne se connaissaient pas tous entre eux, comparaissent à ses côtés. Parmi eux : sa compagne, un artificier à Disneyland rencontré lors de soirées punk, un camarade de lycée et trois personnes croisées sur la ZAD du barrage de Sivens. Selon le Parquet national antiterroriste, Florian D. les aurait embrigadés et leur aurait appris à se servir des moyens de communication cryptés. Il est également reproché au groupe d'avoir fabriqué des explosifs, notamment du TATP – un explosif fabriqué à base de produits vendus dans le commerce – et d'avoir participé à des entraînements militaires et des séances de tir. Poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, ils encourent jusqu'à dix ans de prison.

Des parties d'airsoft et un « gros pétard »

Les sept prévenus nient en bloc tout projet terroriste. Les explosifs ? C'était juste pour fabriquer un « gros pétard » pour s'amuser, explique Florian D. Les séances d'entraînement ? De simples parties d'airsoft, un jeu d’équipes utilisant des répliques en plastique d’armes à feu, pour « jouer à la guéguerre ». Et les propos violents tenus à l'encontre des policiers et des militaires ? Il s'agit des phrases sorties de leur contexte, mal interprétées ou prononcées alors qu'il avait bu, dit encore le principal prévenu. « Je voulais faire le mariole et le rebelle », a-t-il précisé lors de ses auditions. L'enquête n'a permis d'identifier aucune cible ou projet précis, aucun passage à l'acte imminent et en tout, seulement quatre rencontres potentiellement incriminantes.

La dernière fois que la justice antiterroriste française s'était saisie de faits liés à l'utragauche, c'était lors de l'affaire de Tarnac en 2008. Cette dernière portait sur des soupçons de sabotage de lignes TGV. Le dossier s'était dégonflé. Les qualifications terroristes avaient été abandonnées juste avant le procès qui s'est tenu en 2018 et s'est conclu par une relaxe générale. « Le groupe de Tarnac était une fiction », avait conclu la présidente du tribunal.

Aujourd'hui, les avocats des sept prévenus dénoncent un nouveau « procès politique ». Me Kempf, qui défend Florian D., compte faire celui de la justice antiterroriste, qui face « au déclin des dossiers jihadistes (...) a besoin de se tourner vers d’autres horizons (...) et décide sur des critères obscurs, ce qui est terroriste ou non ». « Ne nous laissons pas anti-terroriser », ont d'ailleurs inscrit quelques dizaines de soutiens des prévenus, sur des feuilles déposées sur le parvis du tribunal avant l'ouverture de l'audience.

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