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Procès de l'ex-jihadiste Jonathan Geffroy: «À l'époque, je suis dans une utopie»

C'est une parole rare qu'a entendue ce vendredi 20 janvier la cour d'assises spécialement composée de Paris. Jonathan Geffroy est poursuivi pour « association de malfaiteurs terroristes  pour avoir rejoint la Syrie en famille en février 2015. Il y a rallié les rangs des combattants de l'État islamique avant de contacter les renseignements français pour demander son exfiltration. Incarcéré à son retour en France en septembre 2017, le Toulousain, âgé de 40 ans aujourd'hui, se présente comme repenti. Il s’est longuement expliqué sur son parcours, sans chercher à se dédouaner.

Le hall de la Cour d'assise spéciale de Paris (image d'illustration).
Le hall de la Cour d'assise spéciale de Paris (image d'illustration). © AP/Francois Mori
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Compte rendu d'audience,

En 2007, Jonathan Geffroy, 25 ans, se convertit par amour. Mais tombe vite, dit-il, sur « les mauvaises personnes » à la mosquée près de chez lui.

Une mosquée qu'ont effectivement fréquentée de nombreux jihadistes toulousains, et où Jonathan Geffroy rencontre notamment les frères Jean-Michel et Fabien Clain, futurs propagandistes de l'EI.

Tous avaient une lecture littérale du Coran. Moi, je n'avais aucune notion de l'islam, je cherchais à bien faire en appliquant les textes : c'est le début de mon apprentissage et le point de départ de ma radicalisation.

Le « point de bascule », poursuit-il, c'est en 2012. « Traumatisé par les exactions de Bachar el-Assad », Jonathan Geffroy commence à penser au départ, d'autant qu'au fil du temps, « tous mes amis sont partis là-bas », pointe-t-il.

 

« Je porte une responsabilité »

Quand il rejoint finalement la Syrie en février 2015, avec femme et enfant, Jonathan Geffroy soutient qu'il veut « être ambulancier ». « Mais, je n'exclus pas de combattre », reconnait-il.

Je suis complètement sous emprise à cette période. Fier d'avoir des armes – c'est une sensation de puissance – et très content de rencontrer des gens du monde entier venus participer à ce combat contre Bachar, même si ce combat n'a, en fait, que très peu existé, et que l'EI n'était pas du tout du côté des Syriens. Mais à l'époque, je suis dans une utopie totale que j'ai construite et que l'EI a prônée dans ses vidéos.

Son « désengagement » va se faire en deux grandes étapes : il est d'abord personnellement « déçu » de l'EI, qui veut le renvoyer au front alors qu'il est blessé. Vers mai 2016, le couple cherche alors un moyen de quitter la zone.

Puis vient l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Jonathan Geffroy, qui a pourtant vu une personne crucifiée dès son arrivée en Syrie, commence à ouvrir les yeux.

Au début, je me suis auto-protégé en me disant que je n'avais rien à voir avec les exactions, ce n'était pas moi. Avec Nice, je me suis dis : « J'ai rejoint ces gens-là, je porte une responsabilité. »

 

« Partir est un choix »

Ce « long processus » de désengagement, Jonathan Geffroy dit l'avoir poursuivi depuis son retour en France, en septembre 2017 et durant ces plus de cinq ans passés détention.

Aujourd'hui, j'ai honte d'être parti, d'avoir rejoint ces gens, de ne pas avoir été capable de réfléchir par moi-même, et surtout d'avoir emmené ma femme et mon fils sur un terrain de guerre.

Mais n'essaie-t-il pas de se défausser en se présentant, comme dit le président, en « jiahdiste malgré lui » ? « Il y a eu embrigadement, c'est certain, mais partir est un choix. »

Debout face à la cour, il confie se sentir comme un « condamné présumé ».

C'est très dur de s'assumer. J'ai toujours été coopératif avec les services de renseignement, puis le juge, parce que je ne vois pas d'autre moyen pour prouver mon désengagement.

« Je ne peux rien faire de plus. Tout ce que je demande, c'est de retrouver ma vie », souffle-t-il.

►À relire : L'ex-jihadiste toulousain Jonathan Geffroy devant la cour d'assises spéciale de Paris

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