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Allemagne

Election en Bavière: un scrutin aux enjeux extra-régionaux

En Allemagne, les électeurs bavarois se rendent aux urnes ce dimanches 14 octobre pour un scrutin régional dont les enjeux et les conséquences dépassent le cadre de cette région.

Au pouvoir en Bavière depuis pratiquement la fin de la guerre, la CSU pourrAu pouvoir en Bavière depuis pratiquement la fin de la guerre, la CSU pourrait y enregistrer une défaite historique lors du scrutin régional, le 14 octobre 2018.
Au pouvoir en Bavière depuis pratiquement la fin de la guerre, la CSU pourrAu pouvoir en Bavière depuis pratiquement la fin de la guerre, la CSU pourrait y enregistrer une défaite historique lors du scrutin régional, le 14 octobre 2018. Christof STACHE / AFP
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Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

En Allemagne, la Bavière fait figure de meilleure élève. Le chômage y est quasi-inexistant, à seulement 2,8 %, et les chiffres de la criminalité sont les plus bas du pays. Au pouvoir dans cette région depuis pratiquement la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Union chrétienne sociale (CSU) pourrait pourtant encaisser ce dimanche une défaite historique.

Allié de la CDU d'Angela Merkel, le parti conservateur fait les frais du changement structurel qui touche tous les grands partis traditionnels. « Nous avons un énorme recul des votes pour la CSU, mais aussi pour le SPD, constate Horst Möller, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Munich. Seehofer, le président de la CSU, est devenu le bouc émissaire pour tous. Il y a une perte de crédibilité, pas seulement en Bavière, mais aussi au niveau national. »

La tâche de Merkel compliquée

A Berlin, la chancelière Angela Merkel pourrait se féliciter de la défaite de cet allié encombrant qui lui a mené la vie dure ces trois dernières années, notamment sur les questions migratoires. Mais cet échec annoncé signifie aussi que le camp conservateur dans son ensemble faiblit. Et une CSU défaite pourrait être encore plus compliquée à gérer pour la chancelière. Horst Seehofer, président de la CSU et ministre de l’Intérieur, pourrait en faire les frais. Mais les chrétiens-sociaux bavarois qui dénonçaient déjà dans la campagne le rôle négatif de la politique nationale pourraient monter le ton contre la chancelière.

Un échec trop cinglant de la CSU dans son fief ne faciliterait pas la tâche de la CDU en Hesse, autre land dirigé par les chrétiens-démocrates, qui votera à son tour dans deux semaines. Si les difficultés de son parti devaient se transformer en défaite, Angela Merkel se retrouverait en bien mauvaise posture pour le congrès de son parti début décembre où elle remettra son mandat en jeu.

Fiasco annoncé pour le SPD

Le SPD ne devrait pas profiter de l'échec de la CSU. Car lui aussi fait partie à Berlin de la très impopulaire coalition gouvernementale. Le parti social-démocrate n'est pas considéré comme une force crédible et synonyme de renouveau, contrairement aux Verts qui, à gauche, sont ceux qui réalisent le meilleur score dans les sondages.

Si le SPD a mené campagne jusqu'au bout, le parti ne se fait plus d'illusions. La Bavière n'a jamais été son fief. A part une parenthèse de cinq ans au pouvoir dans les années 1950, le parti social-démocrate a toujours dû ronger son frein dans les rangs de l'opposition. C'est là qu'il a enregistré ses pires scores avec environ 20 % des voix. Cette fois, les derniers sondages ne lui accordent que 10 à 11 %.

Le mauvais score attendu ne va pas remonter le moral de ses troupes. Après un échec historique aux dernières élections générales de septembre 2017, les derniers sondages sont catastrophiques. La direction du parti doit maintenant prier pour que la prochaine élection régionale dans deux semaines en Hesse, où le SPD est traditionnellement plus fort, ne débouche pas sur un fiasco à la bavaroise. Sinon, la nouvelle présidente du parti Andrea Nahles, en poste depuis le printemps seulement, pourrait être bousculée. La base du parti qui a accepté à contrecœur une nouvelle grande coalition pourrait se rebeller. Mais de nouvelles élections reviendraient aujourd'hui à un hara-kiri électoral.

Pour l'AfD, un succès mitigé

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) devrait quant à lui figurer parmi les gagnants de ce scrutin régional et faire son entrée pour la première fois au Parlement régional bavarois. Comme ailleurs, l’AfD a mis en avant son rejet de l’immigration dans sa campagne dans une région par laquelle beaucoup de réfugiés sont arrivés il y a trois ans.

Mais crédité de 10 à 14 % des voix, l’AfD n’enregistre pas dans les sondages des scores aussi élevés qu’espérés. En cause, selon Markus Walbrunn, son candidat de l’AfD à Munich, le positionnement adopté par la CSU : « La CSU a sûrement réussi dans un premier temps à réduire l’hémorragie de ses sympathisants les plus à droite. Et maintenant, ses attaques frontales contre nous sont contre-productives. »

La présence par ailleurs en Bavière du parti indépendant conservateur des Freie Wähler (voir encadré), présents au Parlement depuis dix ans, explique aussi le succès moindre de l’AfD comparé à d’autres régions allemandes.

Les Freie Wähler, petit parti devenu incontournable

Ce sont des conservateurs pragmatiques. Des élus locaux, souvent ancrés dans le monde rural, qui se présentent comme les défenseurs des intérêts concrets de leurs administrés et rejettent les partis établis. Les Freie Wähler (électeurs libres en français) ont longtemps été actifs dans leurs communes ou leurs cantons. Ce n’est que sur le tard qu’ils ont décidé de jouer dans la cour des grands en se présentant aux élections régionales, comme ils le font en Bavière depuis 20 ans. Depuis 2008, les Freie Wähler sont parvenus à recueillir à deux reprises près de 10 % des voix dans cette région. C’est environ le score que leur donnent les sondages pour l’élection de ce dimanche.

Fidèles à leurs racines rurales, ils plaident pour un rééquilibrage économique entre villes et campagnes et défendent les valeurs du terroir. Ils veulent plus de places de crêches, moins de contrats à durée déterminée, comme la gauche. Ils défendent l’environnement et rejettent une troisième piste pour l’aéroport de Munich, comme les Verts.

Pour la CSU, ce parti serait le partenaire naturel car le plus proche. « Ce ne serait sûrement pas simple, tempère le secrétaire général des Freie Wähler Michael Piazolo. Sur le contenu, nous ne sommes pas si éloignés que ça. Mais les prises de position très radicales de la CSU ces dernières semaines et ces derniers mois ne sont pas notre tasse de thé. Ce style politique n’est pas le nôtre et un rapprochement sur ces questions de style sera plus difficile. »

S’allier à un partenaire à l’ancrage régional présenterait l’avantage pour la CSU de garder les mains libres au sein du gouvernement à Berlin. Cela serait moins le cas si les libéraux devaient s’associer aux Freie Wähler pour obtenir une majorité. Une coalition avec les Verts qui ont le vent en poupe est pour la CSU la solution de la dernière chance.

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