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Au salon de l’auto de Pékin, les constructeurs chinois à pleine puissance

À Pékin, le salon de l’automobile fait le plein ce dimanche. Les 1 500 exposants, près de 120 nouveaux modèles et 278 véhicules à énergie nouvelle sont à l’image de la toute-puissance de l’industrie chinoise passée au rang de premier exportateur mondial l’année dernière.

Des visiteurs du salon de l'automobile de Pékin devant une Xiaomi SU7, le 28 avril 2024.
Des visiteurs du salon de l'automobile de Pékin devant une Xiaomi SU7, le 28 avril 2024. AP - Andy Wong
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Avec notre correspondant, Stéphane Lagarde, et Chi Xiangyuan, du bureau de RFI à Pékin

Il a fallu pousser les barrières. Il y avait près de vingt minutes d’attente à l’ouverture des portes ce dimanche matin, avec des visiteurs impatients de découvrir les huit grands halls du centre international d’exposition de la capitale. C’est une forêt de smartphones tendus vers les nouveaux modèles, et notamment ce coupé sport électrique avec des caméras à la place rétroviseur qui intrigue ce professeur d’anglais.

« Ça, c’est une voiture électrique. C'est pour des gens comme mon fils, pour les jeunes. Regardez le rétroviseur, c’est un véhicule rechargeable. Bon moi, je vis dans un immeuble assez haut et dans le sous-sol, on n’a pas de borne de recharge. S’il y avait une station de recharge électrique pas loin, j’achèterai ce genre de voiture. »

Modèle réduit du salon de Shanghai, Pékin fait aussi la part belle aux voitures à énergies nouvelles (+ de 50 % des modèles exposés cette année) bardés d’électronique et d’équipement dernier cri. Cette cinquantenaire réfléchit à passer à l’électricité.  

« Aujourd’hui, on roule encore à l’essence, mais on voudrait voir comment marchent les voitures électriques. Cette exposition montre que l’industrie automobile chinoise a totalement changé en quelques années. Il y a toutes ces voitures électriques, avec de nouveaux concepts. »

La Chine, modèle pour les constructeurs étrangers

Fermé pendant la pandémie, le salon de l’auto de Pékin revient sur un marché ou les constructeurs nationaux réalisent 55% des ventes, contre 40% avant la pandémie. La Chine est devenue un modèle pour les constructeurs étrangers, nous dit le professeur d’anglais. « La Chine est le premier marché de l’automobile. Cela fait 20 ans maintenant que le gouvernement chinois encourage les constructeurs de voitures électriques. On a commencé les premiers et on est aujourd’hui numéro un. Les Occidentaux nous suivent, ils apprennent de nous. C’est notre fierté ! »

Dans les allées du salon, nous avons croisé des techniciens sud-coréens en quête d’information sur les derniers modèles électriques. Des constructeurs allemands et japonais ont annoncé qu’ils continueraient d’investir dans des partenariats locaux.

Avec 30 millions d’unités sorties des usines en 2023 et 21,7 millions de voitures écoulées localement en 2023, la Chine est le premier producteur et le premier exportateur automobiles devant le Japon. 800 000 visiteurs sont attendus sur le salon jusqu’à samedi prochain, le 4 mai.

Guerre des prix

Malgré ces bons chiffres, ce salon arrive dans un contexte ultra-concurrentiel marqué par les surcapacités et les prix cassés depuis un an. C’est l’Américain Tesla qui a commencé la guerre des prix, selon les constructeurs chinois de voiture électriques, qui ont tous emboîté le pas, jusqu’à risquer le dérapage.

Mais promis, la baisse des prix, c'est fini, jure-t-on sur le stand BYD, en tout cas pour le moment nous dit ce représentant de la marque. « C’est peu probable que les prix baissent encore. La dernière fois, pendant la réunion du parlement à Pékin, ce sont les autorités qui ont encouragé ces réductions sur les véhicules à énergies nouvelles. Mais maintenant, on vient de lancer un nouveau modèle, donc on ne peut pas casser le prix. Et puis les marges sont très faibles. Sur cette voiture à 79 800 yuans [environ 10 300 euros, NDLR], les concessionnaires touchent entre 130 et 390 euros. »

Le stand du constructeur chinois BYD lors du salon de l'automobile de Pékin, le 28 avril 2024.
Le stand du constructeur chinois BYD lors du salon de l'automobile de Pékin, le 28 avril 2024. © Stéphane Lagarde / RFI

Une chute des prix qui pourrait affecter la rentabilité du secteur, affirme Goldman Sachs. Le bénéfice global des véhicules électriques a chuté de 25% depuis juillet 2023, poursuit le rapport de la banque d’investissements américaine cité par le South China Morning Post. La surcapacité, et l’hyper concurrence qu’elle entraine, a aussi déclenché une forte réaction aux États-Unis et en Europe, les Occidentaux dénonçant une exportation de la demande. Star des ventes ces dernières semaines, le constructeur auto Li a aussi baissé ses prix d’environ 5% en avril sur quatre de ses modèles.

Un geste qui pourrait intéresser cette trentenaire, cliente potentielle. « Mes capacités d’achats sont limitées vue mon âge. Donc oui, ça compte les réductions dans le choix d’une voiture. Mais il faut aussi qu’elle me plaise. »

En parallèle à ces prix cassés et dans cette course à la voiture propre de demain, le ministère du Commerce a annoncé en plein salon de l’automobile que les conducteurs qui troqueraient leur ancienne voiture contre un modèle plus récent, pourraient être éligible à une subvention allant jusqu’à 1 300 euros.

Visite discrète d'Elon Musk

Dans le même temps, Elon Musk est arrivé discrètement en Chine ce dimanche. La mission d'Elon Musk est délicate, il s’agit de convaincre les dirigeants chinois de lui laisser utiliser les données de la flotte chinoise de Tesla pour entrainer aux États-Unis, son logiciel d’autopilotage (FSD) réclamée par les 1,7 million de clients en Chine, alors que les véhicules de la marque sont encore aujourd’hui interdits dans certains bâtiments officiels par crainte d’une fuite des données.

Cette mission intervient en plein plongeon des ventes mondiales du constructeur américain : -20% au cours des trois premiers mois de l’année et en Chine, un sérieux coup de frein de moins 18,6% en mars.

Tesla qui n’est pas présent au salon de l’auto de Pékin cette année, a annoncé le licenciement de 10% de ses effectifs mondiaux. Sur les réseaux sociaux chinois, des jeunes diplômés disaient ces derniers jours que le constructeur avait mis fin à leur contrat, moyennant un mois d’indemnités de départ. Ce voyage surprise en Chine s’il se confirme, arrive un peu plus d’une semaine après une visite annulée en Inde pour rencontrer le premier ministre Narendra Modi, au motif « d’obligations très lourdes avec Tesla. »

DécryptageLa Chine, impossible à doubler sur le marché de la voiture électrique ?

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