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Asie centrale: vastes campagnes de lutte contre le crime organisé

En Asie centrale, le crime organisé connaît une phase difficile. Au Kirghizistan, le « grand patron » du crime, Kamchybek Kolbaïev, a été tué par les forces de l’ordre. Et une série d’arrestations dans le milieu du crime s’en est ensuivie. Ces derniers jours, en Ouzbékistan cette fois, une campagne de lutte de quarante jours contre le crime organisé été lancée. Ces événements ont une importance certaine en raison de la porosité entre les milieux politiques et criminels dans les anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale.

Forces de l'ordre en action au Kirghizistan (image d'illustration).
Forces de l'ordre en action au Kirghizistan (image d'illustration). AFP - OXANA ONIPKO
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Avec notre correspondant régional,

En Ouzbékistan, on parle de plus de 200 arrestations de figures locales du crime organisé. Mais plus que le nombre, c’est la qualité, l’importance, des figures arrêtées qui surprend : avec, en particulier, l’arrestation de Salim Abdouvaliev, 73 ans, dit « Salimbay », ou encore « Salim le riche ».

Il apparaissait jusqu’alors comme intouchable, notamment du fait de ses relations haut placées dans l’État. Il est notamment connu pour avoir - des années durant - vendu de très lucratives positions officielles dans l’administration du pays. Il aurait encore plus pris de poids en Ouzbékistan depuis l’arrivée à la tête du pays de Shavkat Mirzioïev, fin 2016. D’autres figures du crime, comme Bakhtior Koudratoullaïev, accusé d’extorsion à grande échelle, ont été mises derrière les barreaux.

Ces arrestations surprennent

Au Kirghizistan, où la vague d’arrestations d’octobre 2023 est très certainement un processus à part, on observe aussi de vastes coups de filet suite au meurtre du « boss » Kamchibek Kolbaïev par les forces de l’ordre, mais également des arrestations dans les milieux criminels et les milieux d’affaires liés à ceux-ci.

On ne sait pas pourquoi il y a eu cette soudaine vague d’arrestations dans ces deux pays. Il est même difficile d’émettre des hypothèses. Il est certain qu’il ne faut pas comprendre ces arrestations comme une volonté de nettoyer le pays de sa criminalité. Ce qu’on peut souligner cependant, c’est qu’elles surprennent. Parce que ces figures criminelles sont connues, et nous savons qu’elles entretiennent des relations avec les pouvoir en place. Donc, pourquoi ces vagues d’arrestations ont-elles eu lieu alors que ces bandits ne semblent pas avoir changé d’attitude envers le pouvoir et lui être restés loyaux ?

« Salimbay », par exemple, demeure vice-président du Comité national olympique d'Ouzbékistan. On peut donc penser qu’il s’agit d’image, que le pouvoir ouzbek, et peut-être celui du Kirghizistan, tentent de faire croire, aux pays occidentaux ou aux investisseurs étrangers en général, qu’ils sont en train de détruire les restes du monde criminel dans leurs pays.

Des États mafieux ?

Faut-il pour autant dire que Le Kirghizistan ou l’Ouzbékistan sont des sortes d’États mafieux ? Les deux pays sont différents de ce point de vue. On peut se poser la question pour le Kirghizistan, où, depuis des années, les liens entre le politique et le criminel sont évidents. Il a par exemple été montré que le président actuel, Sadyr Japarov, élu en 2021, a eu des liens avec les auteurs d’un grand scandale de corruption dans les douanes kirghizes auquel a pris part Kamchibek Kolbaïev. En Ouzbékistan, la pénétration du crime dans l’État est probablement moins forte, mais il est certain qu’un nombre de figures criminelles sont tolérées, probablement pour remplir diverses fonctions « utiles » à l’État.

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