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Indonésie: utiliser une bactérie pour éradiquer la dengue

Pour lutter contre la dengue, une maladie qui touche chaque année plus de 50 millions de personnes, une nouvelle méthode vient d’être testée en Indonésie. En introduisant une bactérie dans la population de moustiques de la ville de Yokyakarta, une équipe de chercheur a réussi à réduire de 77% les contaminations.

L'Aedes aegypti est un moustique qui peut propager la dengue, le chikungunya et le virus Zika.
L'Aedes aegypti est un moustique qui peut propager la dengue, le chikungunya et le virus Zika. Reuters/Paulo Whitaker
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De notre correspondante à Jakarta,

C’est une méthode nouvelle de lutte contre la dengue qui en a d’abord étonné plus d’un à Yogyakarta, ville de l’île de Java dont la densité de population en fait un des plus importants foyers de dengue en Indonésie. « C’est clair que notre approche est contre-intuitive, concède Riris Andono Ahmad, un des chercheurs à la tête du Programme moustique mondial (WMP) à Yogyakarta. Parce qu’on relâche des moustiques justement pour lutter contre les moustiques. Donc quand on a commencé à parler de cela à la communauté locale, il y a eu une certaine résistance. »

Mais les moustiques qu’a relâchés l’équipe de chercheurs ont une petite particularité qui change tout : ils ont été inoculés avec la bactérie Wolbachia, une bactérie déjà bien présent dans la biodiversité, « déjà observée chez 70% des insectes », précise Iris Andono Ahmad. Et chez le moustique responsable de la transmission de la dengue, elle peut faire toute la différence, explique-t-il : « Les moustiques, lorsqu'ils piquent un patient atteint de la dengue, avalent le virus qui se réplique alors dans leur corps, puis ils le transmettent à d'autres personnes. Mais si vous avez déjà la bactérie Wolbachia chez le moustique, la bactérie se reproduira dans le même récepteur où le virus de la dengue devrait le faire. Il y a alors une sorte de compétition entre Wolbachia et la dengue, qui ne peuvent pas s'attacher aux récepteurs et donc se répliquer dans le corps des moustiques. La charge virale de la dengue n'est ainsi pas suffisamment élevée pour transmettre la maladie. » 

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Si cette méthode inédite, étudiée depuis une décennie et testée depuis trois ans, est prometteuse, c’est parce qu'elle demeure bien plus écologique que les incessantes vaporisations géantes d’insecticides prodiguées jusque-là à Yogyakarta : après l’introduction de la bactérie, les moustiques en se reproduisant transmettent cette bactérie à leur progéniture qui sera ainsi également incapable de transmettre la dengue. 

Grâce à cette technique, les hospitalisations de patients atteints de la dengue ont chuté de 86% dans la ville de Yogyakarta. Un espoir pour la lutte contre la dengue qui pourrait également bouleverser de manière plus globale les combats menés contre les maladies transmissibles par les moustiques comme le Zika, la fièvre jaune, ou le chikungunya.

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