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Indonésie: de Jakarta à Bornéo, le projet de nouvelle capitale relancé

Il y a plus d’un an et demi, le président indonésien Joko Widodo annonçait la création d'une nouvelle capitale pour le quatrième pays le plus peuplé au monde, à Bornéo. Depuis, la pandémie de coronavirus a suspendu ce projet monumental. Mais une annonce vient de relancer ce projet : le dessin du futur palais présidentiel.

Vue aérienne de Jakarta.
Vue aérienne de Jakarta. AFP - ADEK BERRY
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De notre correspondante régionale,

C'est un immense oiseau de 200 mètres d'envergure, les ailes grandes ouvertes, censé rendre hommage au Garuda, l’aigle mythologique qui est sur le blason du pays. 

Ce symbole est assez évident pour les Indonésiens. Mais beaucoup d’autres se cachent dans l’architecture du palais présidentiel, dévoilée par un ministre via un post Instagram. Le volatile atteint 76 mètres de hauteur car la première pierre est censée être posée cette année, 76 ans après l’indépendance du pays. Une date aussi rappelée par le nombre de plumes de l’oiseau dans ses ailes, sa queue et son coup : 17, 8 et 45 pour rappeler le 17 août 1945, date de la déclaration d’indépendance. 

Mais malgré tous ces hommages, cet oiseau monumental est moqué par beaucoup d’internautes qui n’ont pas tardé à faire des mèmes où il est remplacé par tout un tas d’autres créatures de la pop culture. Le bâtiment a aussi fait grincer des dents certains architectes qui trouvent que cette esthétique très premier degré, et pour certains même un peu kitsch, n’est pas du tout moderne.

Charrue avant les bœufs 

Certains questionnent d'abord les priorités du gouvernement quand l’Indonésie est toujours loin de maîtriser la pandémie de coronavirus. Sur le projet même de nouvelle capitale, des urbanistes trouvent que les autorités mettent un peu la charrue avant les bœufs.

En effet, l’arsenal juridique nécessaire à un tel projet n’est toujours pas explicite. L’architecture proposée ne semble tenir compte d'aucune norme de défense ni de protection antiterroriste, par exemple. 

► À lire également : Covid-19: en Indonésie, la vaccination obligatoire éveille la méfiance

Jakarta coule lentement

Pour les écologistes indonésiens, déplacer la capitale de Jakarta à Bornéo, c’est résoudre une catastrophe environnementale en en créant une autre. 

Car à l’origine, ce projet est censé désengorger la capitale actuelle surpeuplée et polluée avec des embouteillages immenses. Jakarta subit aussi chaque année des inondations spectaculaires. Elle s'est construite de manière anarchique sur des marécages et aujourd’hui, 40 % de la ville est déjà sous le niveau de la mer. La capitale indonésienne coule lentement : certains quartiers s’enfoncent de 20 cm chaque année. 

Déforestation à Bornéo

Si la situation est très préoccupante à Jakarta, d’autres problèmes environnementaux inquiétants existent aussi sur le nouveau site pressenti à l’est de Bornéo. La déforestation et l’activité minière menacent grandement la forêt. Les orang outans qui y vivent encore sont en danger critique d’extinction. Aujourd’hui, construire des routes pour relier cette nouvelle capitale qui sortirait de nulle part, produire ou acheminer toutes les matières premières de ce chantier titanesque ne risque pas d’améliorer la situation. 

Mais Joko Widodo persiste dans ce projet associé à son nom. Il veut que les premiers habitants de cette ville, sortie de terre arrivent en 2024, la dernière année de son mandat en cours. Face aux critiques, il assure que ce projet va stimuler l’économie et que cette nouvelle capitale sera respectueuse de l’environnement. Beaucoup en doutent.

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