Les Afghans, victimes collatérales des attaques visant les étrangers
Six jours après l’attaque au camion piégé contre le complexe résidentiel fortifié Green Village qui a fait 16 morts et plus d’une centaine de blessés à Kaboul, la colère s’est emparé des habitants du quartier encore sous le choc.
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Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Le magasin de pneus de Fahim se trouve juste en face de l’entrée du vaste complexe de Green Village où résident des étrangers expatriés ou en mission dans le pays ainsi que des employés d’ONG. Il a été soufflé par l’explosion du camion piégé lundi.
« Je suis en colère, bien sûr. Mon magasin est détruit, ma maison est très endommagée. Au début de l’année il y a déjà eu une explosion ici. J’ai dû emprunter de l’argent que je n’ai toujours pas réussi à rembourser, déplore-t-il. Et cette nouvelle explosion, avec l’hiver qui arrive. Qu’est-ce que je vais faire ? »
Gulolai habite dans une ruelle à côté. L’instituteur est père de trois enfants. Ses trois enfants en bas âge montrent les morceaux de murs et de plafond et les fenêtres de sa maison arrachés. Sa fille Zinad a 5 ans, elle écarte ses cheveux et montre la croûte de sang sur sa tête. « Je suis blessée ici », lance la fillette.
Tous sont sains et saufs, mais Gulolai est hors de lui. « Je suis allé manifester mardi. Depuis le début, je suis contre ce complexe sécurisé, je serai toujours contre. Depuis qu’ils se sont installés ici, il y a toujours des explosions. Depuis qu’ils sont venus en Afghanistan il y a des kamikazes et des attentats. Si j’en avais le pouvoir je les ferai sortir d’Afghanistan ».
Dans la ruelle voisine, d’autres voisins se bousculent pour montrer leurs blessures et parler des dégâts dans leurs maisons. Les étrangers sont bien protégés dans leurs résidences sécurisées, disent certains. La population du quartier vit elle très modestement, souvent dans de simples maisons en terre.
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