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Turquie

Législatives turques: l'AKP face à la perspective d'une coalition

L’heure des tractations a déjà commencé en Turquie pour la formation d’un possible gouvernement de coalition. Le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan va devoir composer avec ses adversaires,  après avoir perdu la majorité absolue au Parlement. Mais la tâche s'annonce compliquée face aux trois partis d'opposition, dont le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurdes), désigné comme le vrai vainqueur de ce scrutin.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 8 juin 2015 à Ankara.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 8 juin 2015 à Ankara. REUTERS/Umit Bektas
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A Ankara, l’heure est au bilan. Le parti de gouvernement AKP s’est réuni lundi pour analyser ce qui est le premier désaveu électoral de leur mouvement, fondé par l’actuel chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan. Le président devrait recevoir ce mardi le chef de son gouvernement, Ahmet Davutoglu, pour le voir signifier sa démission. Mais il devrait lui demander de former une nouvelle équipe gouvernementale.

Réunion en conclave pour aborder la nouvelle donne

Lundi, tous les yeux étaient tournés vers le siège de l'AKP, relate notre correspondant à Istanbul Jérôme Bastion. Les ténors de ce qui est toujours le premier parti de Turquie, près de 13 ans après son accession au pouvoir, se sont réunis en conclave. La palme de l’honnêteté est revenue au vice-Premier ministre Bülent Arinç, qui a déclaré : « Nous nous étions habitués au pouvoir. Trois fois de suite, nous avons dirigé le gouvernement seuls. Mais cette fois, nous n'aurons pas cette chance. De ce point de vue, on peut se dire déçus, en effet. »

Même constat du ministre de la Santé Mehmet Müezzinoglu, qui se montre néanmoins confiant pour l’avenir : « L'AKP n'a pas obtenu de voix pour être seul au pouvoir, mais au bout du compte, il a été salué pour sa gestion globale. Aussi, après quelques ajustements, nous pourrons poursuivre notre chemin. » Le vice-président de l’AKP Numan Kurtulmus préfère lui aussi regarder le verre à moitié plein : « Depuis notre première élection, le 3 novembre 2002, c'est notre 10e scrutin. Et 10 fois, nous l'avons emporté avec une large avance. On peut donc dire que nous menons par le score de 10 à 0. »

L'actuel Premier ministre turc Ahmet Davutoglu devrait être chargé par le président de former un nouveau gouvernement. Photo: Ankara, 7 juin 2015.
L'actuel Premier ministre turc Ahmet Davutoglu devrait être chargé par le président de former un nouveau gouvernement. Photo: Ankara, 7 juin 2015. REUTERS/Umit Bektas

La perspective d'un gouvernement de coalition en Turquie

La réunion des dirigeants de l’AKP devrait durer au moins deux jours. C’est de là que devraient sortir les noms de la nouvelle équipe gouvernementale, et les noms de ceux qui auront pour mission de redresser le parti. Il est certain que le président Erdogan fera tout pour maintenir son mouvement au pouvoir. Il semble toutefois exclure l’hypothèse d’un gouvernement AKP minoritaire, donc forcément instable. L’équipe sortante va ainsi chercher à former une coalition.

Cela pourrait s'avérer compliqué. Les trois partis d’opposition avaient refusé, avant les élections, toute idée d’une coalition avec l’AKP, encore et toujours sous la tutelle d'un président qu'ils ont traité pendant toute la campagne électorale de « dictateur » et de « voleur ». Certes, les calculs post-électoraux risquent de changer la donne, mais si l’AKP ne trouvait finalement pas de partenaire pour gouverner, les trois partis d’opposition pourraient alors s’allier pour le faire eux-mêmes.

Ces élections législatives ont été marquées par le score du parti pro-kurde HDP et son entrée au Parlement.
Ces élections législatives ont été marquées par le score du parti pro-kurde HDP et son entrée au Parlement. REUTERS/Murad Sezer

Divergences non négligeables dans les rangs de l'opposition

Sur le papier, une coalition rassemblant les partis de l'opposition semble tout à fait possible. Les sociaux-démocrates du Parti républicain du peuple (CHP) ont recueilli 25 % des voix et 132 sièges de députés, les nationalistes ont récolté 16,3 % avec 80 sièges et le parti pro-kurde HDP a raflé 13,1 % et 80 sièges. Soit un groupe majoritaire de 292 députés. Problème : politiquement, cette triple alliance est peu probable.

Il est difficile d’imaginer une cohabitation entre le parti pro-kurde HDP, proche des rebelles du PKK, et les nationalistes qui traitent le leader kurde Abdullah Öcalan de « terroriste ». Reste le scénario incluant seulement deux partis avec un soutien informel du troisième au Parlement. Mais en cas d’échec de toutes les tractations dans les 45 jours, des nouvelles élections seront nécessaires.

La Turquie fait la Une de la revue de presse française ce mardi

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