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Royaume-Uni / Union européenne

Report de la décision sur l'accord de Brexit

Réunis depuis la matinée en session parlementaire extraordinaire, les députés britanniques ont adopté à 322 voix contre 306 l'amendement du député Oliver Letwin qui prévoit de reporter tout vote sur le Brexit tant que la législation nécessaire à son application n'a pas été votée au Parlement.

La Chambre des Communes après l'annonce du résultat du vote sur l'accord différé, le 19 octobre 2019.
La Chambre des Communes après l'annonce du résultat du vote sur l'accord différé, le 19 octobre 2019. Parliament TV via REUTERS
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■ Ce qu’il faut retenir :

- Boris Johnson a, en vain, enjoint aux députés d'adopter sans délai l'accord de Brexit conclu entre Londres et Bruxelles

- Le vote en faveur de l’amendement Letwin a changé la donne : il prévoit de reporter tout vote sur le Brexit

- Une manifestation monstre s'est déroulée devant le Parlement pour réclamer un nouveau référendum sur le Brexit


« Je ne négocierai pas de report avec l'UE », a déclaré Boris Johnson après ce revers au Parlement. Il a regretté que le vote historique qui était prévu samedi sur son accord de divorce avec Bruxelles soit désormais « vidé de son sens ».

Les députés britanniques ont adopté à 322 voix contre 306 l'amendement du député Oliver Letwin qui prévoit de reporter tout vote sur le Brexit tant que la législation nécessaire à son application n'a pas été votée au Parlement.

La Commission européenne a « pris acte » du vote des députés britanniques reportant la décision sur l'accord de Brexit et intimé au gouvernement de Boris Johnson de lui donner la marche à suivre « dès que possible ». « C'est au gouvernement britannique de nous informer sur les prochaines étapes dès que possible », a réagi dans un tweet Mina Andreeva, porte-parole de l'exécutif européen, peu après le revers essuyé par le Premier ministre britannique devant son Parlement.

Les députés britanniques siègent exceptionnellement ce samedi pour une session extraordinaire - la première depuis la guerre des Malouines - consacrée au vote sur le Brexit.

À lire aussi : Brexit : l'Europe suspendue au vote de Westminster

Tout a commencé à 9h30 (heure de Londres, 10h30 heure de Paris), rappelle notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix. Boris Johnson a ouvert la séance pour défendre bec et ongles son accord face aux questions des députés.

Boris Johnson s'exprimant au Parlement, le 19 octobre 2019.
Boris Johnson s'exprimant au Parlement, le 19 octobre 2019. ©UK Parliament/Jessica Taylor/Handout via REUTERS

Le Premier ministre britannique a assuré, à l'ouverture de cette séance historique du Parlement, que l'accord de Brexit obtenu à Bruxelles constituait « une nouvelle manière d'aller de l'avant » pour le Royaume-Uni et l'Union européenne.

Saluant « un nouvel accord meilleur à la fois pour le Royaume-Uni et l'UE », le Premier ministre conservateur a appelé les députés à « se rassembler et à rassembler le pays » et à adopter l'accord, qualifiant le vote prévu samedi de « chance historique » de « réaliser le Brexit » et de « permettre au pays d'aller de l'avant » plus de trois ans après le référendum de 2016.

Toute cette expérience ces 3 dernières années s’est avérée tellement difficile et a tellement divisé ce pays qu’il est maintenant vraiment urgent de passer à autre chose et de construire une nouvelle relation avec nos amis européens sur la base d’un nouvel accord. Un accord qui peut cicatriser les dissensions au sein de notre classe politique. Le moment est venu pour cette grande Chambre des Communes de se rassembler et de rassembler le pays aujourd’hui comme l’attendent et l’espèrent les Britanniques qui nous regardent chez eux grâce à une nouvelle façon d’aller de l’avant et un nouvel accord meilleur à la fois pour le Royaume-Uni et pour nos amis dans l’UE.

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Boris Johnson

Muriel Delcroix

Mais pour Jeremy Corbyn, le chef de l'opposition, cet accord risque de compromettre les emplois, les droits, l'environnement et les services de santé. Selon le chef du parti travailliste, il est « bien pire » que celui qu'il remplace, rejeté à trois reprises.

Boris Johnson a tenté de peser de tout son poids

Tous les partis d’opposition sont vent debout contre le nouvel accord, y compris les unionistes nord-irlandais du DUP qui estiment avoir été trahis par le Premier ministre. Sans ce soutien crucial, chaque voix comptait désormais pour Boris Johnson et son équipe qui voulaient essayer jusqu’au bout de convaincre suffisamment de députés travaillistes dans des circonscriptions pro-Brexit, de rebelles conservateurs et de Brexiters durs pour ratifier son accord.

Et pour bien montrer aux électeurs qu’il faisait tout son possible face à un Parlement récalcitrant, lors d'une déclaration télévisée vendredi soir, Boris Johnson a appelé les députés à l’appuyer afin que le pays passe à autre chose, décrivant lui-même le Brexit comme « un facteur de discorde ».

Un amendement qui change la donne

Il y avait néanmoins un amendement à surveiller, présenté par le conservateur Oliver Letwin. Bien que favorable à cet accord, Sir Letwin, 63 ans, avait rédigé cet amendement visant à écarter le risque d'une sortie de l'UE sans accord le 31 octobre : il contraint Boris Johson à demander un report du Brexit le temps que soit adoptée toute la législation nécessaire à la mise en oeuvre de l'accord qu'il a décroché à Bruxelles.

« Le but (...) est de garder en place la police d'assurance (...) qui nous empêche de sortir automatiquement de l'UE le 31 octobre », a expliqué le promoteur de l'amendement, l'ex-tory Oliver Letwin.

Samedi soir, Boris Johnson a assuré au président du Conseil européen Donald Tusk qu'une lettre lui serait envoyée avant minuit pour signifier la demande de Londres d'un nouveau report du Brexit, prévu normalement le 31 octobre.


■ Les partisans d'un nouveau référendum par milliers à Londres

Alors que les débats battaient leur plein pour régler les conditions du divorce, une manifestation anti-Brexit se dérouleait devant Westminster pour pousser à la tenue d'un second référendum.

Avec notre envoyée spéciale à Londres, Béatrice Leveillé

La foule était au rendez-vous à Londres et a laissé éclater sa joie à l'annonce du report. Une foule hétéroclite, des drapeaux irlandais, gallois, écossais, mais aussi européens. Des Anglais qui aiment les migrants, qu’ils soient européens ou non d’ailleurs. Des banderoles de toute sorte. C’est la troisième marche de ce type à Londres et peut-être la dernière.

Les marcheurs étaient joyeux, mais ils n'étaient pas certains malgré leur nombre que leurs slogans soient entendus. Ils disaient : « Nous avons confiance dans le peuple, mais pas dans Boris », et réclamaient effectivement un second référendum.

Le maire de Londres Sadiq Khan, la cheffe des Libéraux démocrates Jo Swinson et la cheffe des Verts Caroline Lucas devaient prendre la parole à la tribune.

Manifestation devant le Parlement à Londres, ce 19 octobre 2019.
Manifestation devant le Parlement à Londres, ce 19 octobre 2019. REUTERS/Henry Nicholls

Des Britanniques divisés

Vendredi, notre envoyée spéciale, Béatrice Leveillé s'est rendue à South Bank, sur la rive sud de la Tamise. Là, si touristes et Londoniens profitaient des théâtres, des librairies et des musiciens entre deux averses, le Brexit était dans toutes les têtes. Avec d'un côté ceux qui applaudissent Boris Johnson, comme Paul : « Je suis heureux qu’il ait réussi à obtenir quelque chose. Je ne sais pas ce qui va se passer, donc je ne redoute rien », assure-t-il.

Et de l'autre, ceux qui devaient manifester contre le Brexit, comme Marc, ce samedi : « C’est une tragédie, c’est le résultat du fait qu’une grande partie de la population ne comprend pas notre place dans le monde, se désole-t-il. Ces gens pensent que nous avons un rôle plus important que celui que nous avons en réalité. Ils ne réalisent pas que ce rôle est amplifié comme pour la France parce que nous sommes membres de l’Union européenne. Ce n’est pas bon pour nous, ce n’est pas bon pour l’Union européenne. Ce n’est pas bon économiquement. C’est catastrophique pour les relations entre les gens. Cela a augmenté le racisme. Nous vivons une sorte de drame et je ne sais pas si on peut l’arrêter. Je pense qu’on sera plus d’un million dans les rues de Londres ».

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