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Chronique des matières premières

En Australie, le charbon donne des vapeurs aux partis politiques

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En Australie, l'avenir du charbon met dans l'embarras les candidats des deux grands partis. Moteur de la croissance économique, il pose des problèmes de conscience aux Australiens, qui s'opposent sur le projet de mine de charbon du groupe indien Adani dans le Queensland (nord-est).

des manifestants portant des têtes de marionnettes géantes du Premier ministre australien Scott Morrison et du chef de l'opposition, Bill Shorten protestent contre le projet de mine de charbon du groupe indien Adani.
des manifestants portant des têtes de marionnettes géantes du Premier ministre australien Scott Morrison et du chef de l'opposition, Bill Shorten protestent contre le projet de mine de charbon du groupe indien Adani. ©AAP Image/Lukas Coch/via REUTERS
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Le projet de mine de charbon du groupe indien Adani se retrouve au centre de la campagne électorale fédérale. Il divise profondément les Australiens, qui se rendront aux urnes le 18 mai prochain.

Cela fait 9 ans qu'Adani tente d'obtenir une licence d'exploitation dans le bassin de Galilée, un immense réservoir de 27 milliards de tonnes de charbon vapeur d'excellente qualité, situe au cœur de l'État du Queensland. Initialement, en 2010, Adani ambitionnait d'ouvrir une méga-mine et d'extraire 60 millions de tonnes de charbon par an pour alimenter les centrales thermiques indiennes.

Tandis que d'autres mines de charbon plus petites ont été autorisées en Australie sur la même période, dans un relatif silence médiatique, le projet pharaonique d'Adani est très vite devenu le symbole absolu du massacre du climat pour une partie des Australiens, et une bénédiction économique qu'il serait irresponsable de refuser pour les autres.

D'un coté l'exploitation du charbon menaçait de libérer dans l'atmosphère 77 millions de tonnes de CO2 par an, en plus de causer un impact important sur la Grande barrière de corail a cause du trafic soutenu des bateaux chargés de charbon. De l'autre, la mine était vue comme une façon de sortir cette région du Queensland du marasme économique provoque par la fermeture d'autres industries, en créant 10 000 emplois.

Feu vert fédéral à Adani, un geste de campagne fort

Début avril, quelques heures avant le début de la campagne électorale, le Premier ministre libéral sortant, Scott Morrison a tranché. Son dernier geste politique a été de faire approuver par le Parlement le plan d'Adani pour protéger les nappes phréatiques. Il s'agissait du dernier obstacle à la mine a l'échelon fédéral.
Le projet minier a été révise a la baisse par rapport au plan initial de 2010. Adani envisage désormais d'extraire 10 à 28 millions de tonnes de charbon par an, en créant 10 fois moins d'emplois qu'initialement prévu. Le groupe indien est en effet force de financer lui-même sa mine, devant le refus des banques australiennes et internationales de lui prêter de l'argent, qui ont craignent de subir un boycott de la part de clients et d'investisseurs.

En cause également : la guerre d'usure livrée depuis 2010 par les associations de défense de l'environnement, des groupes aborigènes et des fédérations d'agriculteurs. Tous ont multiplié les recours juridiques contre la mine d'Adani. Et puis il y a eu la valse-hésitation des gouvernements fédéral et du Queensland, qui ont promis des subventions publiques au groupe indien, avant de se rétracter devant l'indignation populaire.

Le pinson à gorge noire, dernier obstacle sur la route d'Adani

Aujourd'hui l'avenir de la mine de charbon d'Adani dépend du résultat des élections fédérales de mai. Le charbon a détrône le fer comme premier produit d'exportation australien en 2018. Il tire actuellement la croissance du pays. Mais les électeurs australiens n'ont jamais été aussi soucieux du climat, très marques par les records de chaleur extrême de ces derniers mois, une terrible sècheresse puis des inondations totalement inédites.

La mine de charbon d'Adani fracture profondément a la fois l'électorat des Libéraux sortants, et celui des Travaillistes, qui sont pour l'instant donnes gagnants dans les sondages.

Les députés libéraux des régions minières sont pro-charbon, tandis que ceux des villes risquent de perdre des points auprès de leur électorat s'ils soutiennent ouvertement la mine d'Adani. Pour les Travaillistes, la situation est similaire. S'ils penchent trop pour le charbon, ils perdront des électeurs en ville, qui risquent alors de préférer les Verts, mais s'ils critiquent le charbon, une partie de leur électorat ouvrier dans les zones minières leur tournera le dos.

Pour l'instant donc le candidat travailliste Bill Shorten se garde bien de préciser s'il annulera tous les feux verts accordes par le gouvernement libéral sortant au projet minier d'Adani, dans l'hypothèse ou il serait élu Premier ministre.

Même si les obstacles sont évacués au niveau fédéral, il en reste encore au niveau du gouvernement du Queensland, qui doit se prononcer sur plusieurs aspects, comme celui de la protection du pinson a gorge noire, une espèce qui serait menacée par la future mine de charbon. La « saga Adani », comme la surnomment les Australiens, peut encore durer des mois.

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