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Cyclisme

Cyclisme: Nicholas Dlamini, d'un township au Sultanat d'Oman

Nicholas Dlamini fait partie de la formation sud-africaine Dimension Data. Né dans un quartier pauvre du Cap, il évolue aujourd'hui avec le gratin du cyclisme mondial. Sur les routes du Sultanat d’Oman du 13 au 18 février, il a pu côtoyer les meilleurs coureurs et s'en réjouit. Portrait d'un jeune espoir sud-africain.

Nicholas Dlamini lors du Tour Down Under en Austalie en 2018.
Nicholas Dlamini lors du Tour Down Under en Austalie en 2018. Photo: Dimension Data
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« J’avais un pote qui faisait du vélo et ça me fascinait. J’aimais bien l’idée d’aller d’un point à l’autre en profitant des paysages ». Aujourd’hui, Nicholas Dlamini savoure ceux du Sultanat d’Oman, tout en faisant son métier de coureur cycliste. Sous le soleil, il continue à parfaire sa condition physique avant de se rendre sur le continent européen où il aura à son programme les premières courses belges.

Sorti du township

Le chemin parcouru entre son quartier pauvre du Cap, Capricorn, en Afrique du Sud, et sa vie actuelle, est presque invraisemblable. Grandir dans un endroit où l’on porte des armes, où la vie ne tient qu’à un fil, et se retrouver dans un hôtel cossu de Mascate, la capitale d’Oman, reste une histoire pas banale.

Nicholas Dlamini a commencé le cyclisme à l’âge de 12 ans, dans un petit club de son quartier. A 17 ans, il a finalement décidé de s’y consacrer et de laisser de côté l’athlétisme, un sport où il excellait aussi. Il adorait courir le 1500m et le 5000m. Entre les deux disciplines, le jeune homme a bien eu du mal «  à choisir ». Dlamini, qui est passé par Centre Mondial du Cyclisme UCI en Afrique à Potchefstroom doit sa décision à Stephen Roche, vainqueur du Tour de France et du Tour d’Italie la même année en 1987. « Il était venu sur une course amateur en Afrique du Sud et m’a dit que je devais persévérer », narre l’intéressé.

Le soutien de Ben Swift

Puncheur avant tout, Nicholas Dlamini, passé par l’équipe réserve de Dimension Data, a eu aussi d’autres mentors, comme le Britannique Ben Swift qui s’entraîne chaque hiver au Cap. « On a roulé souvent ensemble, et il a tenté de me lâcher dans les côtes. J’ai serré les dents et j’ai tenu, avance avec spontanéité Nicholas Dlamini. Il m’a toujours assuré que je pourrais faire un bon coureur. »

Bernie Eisel, élément le plus expérimenté de la formation Dimension Data avec Mark Cavendish, croit aussi que Dlamini a toutes les capacités pour devenir un bon coursier. En 2016, Dlamini s’est emparé du classement de meilleur grimpeur sur le Tour d'Italie pour les moins de 23 ans avec l’équipe réserve de Dimension Data.

En janvier, Nicholas Dlamini, 22 ans, a entamé sa première saison chez les professionnels sur les chapeaux de roues. En Australie, lors du Tour Down Under, il s’est fait remarquer en s’emparant du maillot de meilleur grimpeur. Celui qui aime les montées sèches rêve de l’Amstel Gold Race aux Pays-Bas ou de Liège-Bastogne-Liège en Belgique.

« J’ai encore du travail », dit-il avec décontraction. Il n’y a pas si longtemps, Dlamini regardait les épreuves sur son poste de télévision. « Lors de mes premières courses, j’étais plus impressionné par les coureurs qui m’entouraient que par ce qui m’attendait. J’avais bien du mal à me concentrer. Je me disais : "C’est dingue, tu es à côté de tous ces gars que tu regardais à la télé, comme Nibali". » Dlamini, coureur de WordTour finira bien par s’y habituer.

Une nouvelle vie ponctuée de voyages et de rencontres

Issu d’une famille pauvre, avec un père qui a disparu de la circulation alors qu’il était encore petit et une mère qui a dû « se battre » pour élever ses quatre enfants, le voilà qui « apprécie » sa vie ponctuée de voyages et de rencontres. « Je suis très proche de ma famille et de mon quartier. C’est une vraie communauté et ce sont mes plus fervents supporters. J’aime quand mon téléphone n’arrête pas de sonner pour recevoir des encouragements ».

Dlamini a l’ambition d’aider sa mère à s’installer dans un endroit plus sécurisé. Il lui envoie pour le moment de quoi vivre pour qu’elle ne soit plus dans l’obligation de faire du travail domestique. Il a aussi envie d’aider les gamins du quartier. « Il y a beaucoup de talent, tout cela ne demande qu’à être révélé ! », lâche le seul Noir sud-africain en activité dans le peloton.

Comme les Erythréens Daniel Teklehaimanot, Merhawi Kudus, Natnael Berhane ou l’Ethiopien Tsgabu Grmay, Nicholas Dlamini pourrait un jour se retrouver sur les routes du Tour de France comme son compatriote Daryl Impey, seul Sud-Africain à avoir porté le Maillot jaune. « C’est encore trop tôt pour se lancer dans le grand bain », confie modestement le nouvel espoir du cyclisme africain.

Entretien réalisé à Oman le 14 février 2018.

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