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Cyclisme

Chris Froome, un quatrième Tour de France pour le challenge de sa vie

Avec trois succès au compteur, Chris Froome est déjà en bonne position au palmarès du Tour de France. Avec un quatrième sacre, le Britannique de la formation Sky serait à une longueur des quatre géants de l’histoire de la Grande Boucle: Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain, tous vainqueurs à cinq reprises.

Chris Froome lors de la conférence de presse de l'équipe Sky à Düsseldorf, le 28 juin 2017.
Chris Froome lors de la conférence de presse de l'équipe Sky à Düsseldorf, le 28 juin 2017. REUTERS/Christian Hartmann
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Une tête qui se dodeline dans tous les sens, des jambes d’allumettes, des coudes écartés et un regard qui ne fait que scruter le bitume. Chris Froome, talentueux, caresse le doux rêve de se retrouver en jaune sur les Champs-Elysées dans trois semaines, pour la quatrième fois. Histoire de retrouver cette sensation de gloire qu’il a connue lors de son premier titre en 2013 et de se rapprocher du cercle très fermé des quintuples vainqueur de la Grande Boucle.

Pourtant, au moment d’aborder cette 104e édition de la Grande Boucle, celui que l’on surnomme le Kenyan blanc, qui parle couramment le swahili*, paraît moins serein qu’à l’accoutumée. Il faut dire que le parcours proposé n’est pas aussi évident que lors des précédentes éditions pour écraser la concurrence comme en 2015 dans les Pyrénées ou lors des chronos individuels. « Je peux tirer beaucoup de confiance du fait d'avoir déjà gagné trois Tours. Ce n'est plus un fardeau. Je sentais la pression, et là je sens que je suis capable de plus me concentrer sur la course », annonce cependant celui qui vit à Monaco et roule pour l’équipe la plus riche au monde.

Les mains libres en 2013

Depuis sa première victoire d’étape dans la Planche des Belles Filles en 2012, une arrivée au même endroit est à nouveau prévue, Christopher Froome plane sur le Tour de France. A l’époque, équipier de Bradley Wiggins, Froome rongeait son frein et se voyait déjà l’élu sur les Champs-Elysées. Mais il sera vite rappelé à l’ordre. On ne s’oppose pas à la hiérarchie établie par la direction de l’équipe Sky. « J’ai payé cher pour apprendre ça. Je peux comprendre qu’il y ait un leader et qu’on s’en tienne à ça », explique-t-il dans l’ouvrage Le vélo sur la sellette. Déjà lors de son arrivée en Europe, Froome ne maîtrisait pas les codes du peloton. « J'ai grandi en Afrique, je n'ai pas suivi le cyclisme dès mon plus jeune âge », confiait à L'Equipe celui qui est passé par le Centre mondial du cyclisme à Aigle, en Suisse, un endroit conçu pour les coureurs venant des « petits pays » du cyclisme.

En 2013, les mains libres et le statut de leader en poche, Chris Froome s’offre la 100e édition du Tour en ayant pris soin de faire un numéro dans le Mont Ventoux, un 14 juillet, avec le maillot jaune sur les épaules. Tout un symbole. A moins de deux kilomètres de l’arrivée, au niveau de la stèle Simpson, il se débarrasse de Nairo Quintana, son plus farouche adversaire, avec un rythme de pédalage effréné et une facilité déconcertante. Une victoire insensée commentée pendant des heures. Pour se justifier, Froome affirme qu’il est capable de souffrir sur un vélo au-delà des limites !

L’homme termine les trois semaines de course avec plus de quatre minutes d’avance sur le Colombien. Son plus grand regret : que sa mère protectrice décédée d’un cancer en 2008 ne soit pas là pour assister au premier sacre, elle qui l’a élevé seule après un divorce.

Abandon sur le Tour 2014

L’année suivante, il est contrait à l’abandon lors de la cinquième étape après avoir chuté à plusieurs reprises. Un vrai cauchemar. La roue tourne, mais pas dans le bon sens. A ce moment-là, Froome réalise que « la gloire ne tient qu’à un fil ». Une deuxième victoire sur le Tour est peut-être le challenge le plus difficile pour un coureur cycliste, se dit celui qui a découvert en Afrique du Sud les vraies courses cyclistes.

En 2015, personne n’arrive à se mettre en travers de sa route et il assomme le Tour dès la première semaine bien avant d’attaquer les Pyrénées. Mais une partie du public le siffle sur le bord des routes et plusieurs commentateurs le suspectent de recourir au dopage. Quintana est encore deuxième. L’idée d’un cyclisme à plusieurs vitesses refait surface.

En 2016, pour son troisième sacre, Froome attaque même dans les descentes, mais ses performances sont moins commentées et le public n’est plus aussi hostile. Très vite, ses concurrents espèrent monter sur la deuxième ou troisième marche du podium. Le maillot jaune est solidement accroché sur ses épaules et Quintana pédale dans la semoule. Une nouvelle fois, il devance son dauphin de plus de quatre minutes : il se nomme Romain Bardet. Le Colombien se décale d’un rang…

Aucune victoire cette saison

Contrairement aux années précédentes, Chris Froome se présente au départ sans aucune victoire cette saison et avec 27 jours de course dans les jambes comme en 2016. « Je ne peux pas compter sur ce que j'ai fait auparavant, avoue-t-il. Je dois toujours essayer de chercher à améliorer, essayer de faire ma propre course. Je vais devoir profiter de toutes les occasions que m'offre la route ». Sur les routes du dernier Critérium du Dauphiné, il a été largement moins impérial et a fini à une modeste 4e place, alors qu'il avait remporté l’épreuve en 2013, 2015 et 2016.

Froome marche sur des œufs et ne fanfaronne pas quand on lui demande si la concurrence sera plus forte. « A mon avis, oui, dit-il. Elle est d'un autre niveau, encore plus forte que lors des dernières années. Richie Porte est le favori ici, au regard de ce qui s'est passé dans le Dauphiné. Il était le plus fort en montagne et en contre-la-montre. Il est l'homme à battre. » Pourtant, en six participations, l’Australien n’est entré qu’une seule fois dans le top 10 en 2016 avec une cinquième place.

Chris Froome devra aussi faire face aux questions que l’on ne manquera certainement de lui poser sur l’enquête ouverte par l’agence britannique antidopage contre l’équipe Sky. Dans une interview publiée dans le Guardian, il assure n'avoir jamais pris le corticoïde triamcinolone, dont 55 doses ont été commandées par l’équipe entre 2010 et 2013. Ni avoir constaté sa « circulation libre » au sein de l'équipe.

Sky, victorieuse de quatre des cinq derniers Tours de France sera encore une fois au centre des débats avec comme question principale : comment obtenir le quatrième sacre du Kenyan blanc ?

* Une des langues principales parlées en Afrique de l'Est avec environ 50 millions de locuteurs

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