Cyclisme: Adrien Niyonshuti, un Rwandais sur les routes du Critérium du Dauphiné

A 30 ans, le Rwandais Adrien Niyonshuti participe pour la première fois de sa carrière au Critérium du Dauphiné, une des courses à étapes majeur du calendrier français. Ce rescapé du génocide du Rwanda avait été le porte-drapeau de sa délégation lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Londres en 2012. Il a aussi été le héros d’un documentaire produit en 2013 par l’Américain Forest Whitaker sur le cyclisme au Rwanda.

Adrien Niyonshuti a été le premier cycliste tout terrain (VTT) à représenter le Rwanda aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Photo: Dimension Data

Pour la première fois dans l’histoire du Critérium du Dauphiné, un cycliste rwandais fait partie du peloton. Il s’agit d’Adrien Niyonshuti de la formation sud-africaine Dimension Data.

Dans le milieu du cyclisme, on connaissait Adrien Niyonshuti pour avoir été l’inspirateur et le héros d’un documentaire produit en 2013 par l’Américain Forest Whitaker, Oscar en 2006 pour son interprétation du dictateur Idi Amin Dada, dans le dernier roi d'Écosse. Rising from ashes (« Renaître de ses cendres ») retrace cinq années de la vie de Niyonshuti, lui qui avait surmonté les traumatismes du génocide au Rwanda.

« Chaque fois qu'Adrien pédale, c'est l'Afrique qui roule avec lui »

Pendant 82 minutes, Rising From Ashes raconte le parcours de jeunes cyclistes rwandais qui ont, pour la plupart, perdu de la famille durant le génocide de 1994. Un groupe entraîné à l’époque par Jock Boyer, le premier Américain à avoir disputé le Tour de France.

Rising From Ashes est surtout une histoire d’amitié entre deux hommes : Jock Boyer et Adrien Niyonshuti. En 2006, Boyer sort tout juste de prison après avoir été condamné pour agression sexuelle sur mineur. Niyonshuti, lui, a perdu une soixantaine de membres de sa famille à l’âge de 7 ans. L’ex-coureur professionnel s’attache progressivement au jeune Rwandais dont il décèle le potentiel. Niyonshuti considère en retour l’Américain «  comme un frère et un père ».

Porte-drapeau de la délégation rwandaise lors de la cérémonie d'ouverture, Adrien Niyonshuti a été le premier cycliste tout terrain (VTT) à représenter le Rwanda aux Jeux olympiques de Londres en 2012. « Chaque fois qu'Adrien pédale, c'est l'Afrique qui roule avec lui, expliquait le président de la Fédération rwandaise de cyclisme, Aimable Bayingana. Notre continent est unanimement à son côté. »

Premier cycliste rwandais à courir en Europe

Vainqueur du Tour du Rwanda en 2008, d’Adrien Niyonshuti participe au Tour d'Irlande l’année suivante : sa première course en dehors du continent africain. Il devient ainsi un pionnier en étant le premier coureur rwandais à participer à une course professionnelle en Europe.

Le triple champion du Rwanda sur route a, depuis, posé ses roues dans divers pays européens, notamment aux Tour de Pologne, Tour de Suisse, Tour de Norvège ou encore à la Coppa Sabatini en Italie. Son prochain grand défi serait de pouvoir accrocher un dossard dans l'un des trois grands tours de la planète (Italie, France, Espagne). « Courir le Dauphiné, c’est comme courir le Tour de France », avoue-t-il.

Après les Erythréens Daniel Teklehaimanot, Merhawi Kudus et Natnael Berhane, un Rwandais pourrait bien un jour se lancer dans la Grande Boucle.