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Cyclisme

Christopher Froome, un troisième Tour de France dans sa musette

Le Tour de France 2016 est remporté pour la troisième fois par le Britannique Christopher Froome, parfait stratège, entouré des meilleurs coureurs du monde. Romain Bardet et Nairo Quintana complètent le podium. Sur les Champs-Elysées, l'Allemand André Greipel s’est imposé au sprint lors de la 21e étape ce dimanche 24 juillet à Paris.

Chris Froome gagne son troisième Tour de France.
Chris Froome gagne son troisième Tour de France. REUTERS/Juan Medina
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De notre envoyé spécial,

En deux coups de cuillère à pot, Raymond Poulidor, 80 ans, résume la situation : « Une 2CV ne peut pas rouler aussi vite qu’une Mercedes. » « L’éternel second » du Tour de France, derrière Jacques Anquetil dans les années 1960, en connaît un rayon. Il y a plus de cinquante ans, Poulidor subissait lui aussi la loi du plus fort.

En jaune depuis les Pyrénées

Aujourd’hui, c’est une formation, Sky, et un homme, Christopher Froome, qui ont régenté la course. L'équipe britannique au budget le plus élevé du monde (environ 35 millions d’euros), met la main sur le Tour de France avec une facilité déconcertante, huit jours après le départ au Mont-Saint-Michel le 2 juillet. Chris Froome prend le Maillot jaune en arrivant à Bagnères-de-Luchon dans les Pyrénées, après une descente en trombe dans le final, presque posé à l’avant de son vélo. « Il aurait pu se tuer, c’est bizarre comme attitude », commente Poulidor.

Froome a plutôt tué les autres prétendants au Maillot jaune, à petit feu. Son rival annoncé, le Colombien Nairo Quintana, deuxième derrière le Britannique en 2013 et 2015, est resté impuissant face à l’hégémonie du « Kényan blanc ». Le Sud-Américain de la formation espagnole Movistar attendait son heure après la traversée des Pyrénées. Sa montre lui a largement fait défaut. Le Tour est passé en Suisse, pays de l’horlogerie, mais Nairo Quintana n’en a pas profité pour la remettre à l’heure. « Cette année, il n'était pas à son mieux. Il sera certainement de retour l'an prochain pour tenter de gagner », lance beau joueur le vainqueur du Tour.

Christopher Froome a pris du temps à chaque fois que cela était possible. En descente, sur le plat, quand la route s’élevait et lors des deux contre-la-montre individuels. Surtout, le Britannique s’est entouré de la meilleure équipe possible, avec des coéquipiers de luxe comme le Néerlandais Wouters Poels ou le Colombien Sergio Henao. Ce qui lui a permis de passer quatorze journées en jaune, sans jamais être inquiété par la concurrence, souvent agacée.

Une chute pour ménager le suspense

Depuis l’entrée dans les Alpes le dimanche 17 juillet, Froome survolait la course. Les rivaux de 2016 et Quintana ont donc manqué d’imagination en suivant péniblement le rythme imposé par la formation Sky. Les Alpes, durant les quatre dernières journées, devaient rebattre les cartes. « La course n’est pas finie tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie », a-t-on coutume de dire. Le suiveur attend toujours. Souvent assoupi, il est sorti quelques minutes de sa léthargie en voyant Chris Froome courir à pied dans le Ventoux le jour de la Fête nationale, un épisode vite oublié.

Certes, quarante-huit heures avant de l'arrivée à Paris, dans massif alpin, Chris Froome a failli tout perdre, à cause d'une maudite bande blanche glissante au milieu de la route, qui l'a fait chuter à 12 km du but, du côté de Saint-Gervais Mont Blanc. Sauf que le Maillot jaune, avec la tête sur les épaules et des nerfs d’acier, n’a presque rien lâché sur ses principaux rivaux et a pu compter une fois de plus sur le soutien de son équipe. Le lendemain, dans le dernier col du Tour, Joux-Plane, Froome faisait toujours la loi.

Eddy Merckx prenait aussi les meilleurs coureurs

Ceux qui suivent le Tour de France depuis très longtemps le savent : il y a souvent eu des équipes au-dessus du lot. Entre 1999 et 2005, Lance Armstrong avait lui aussi les meilleurs coureurs du monde avec lui. Si les sept victoires de l’Américain ne font plus partie du palmarès du Tour, à l’époque, tout le monde s’offusquait de la supériorité du Texan. Le Tour est un éternel recommencement.

« Je ne suis pas impressionné par la Sky, on savait avant le départ du Tour que l’équipe était très forte. C’est toujours facile lorsque l’on a beaucoup d’argent de prendre de très bons coureurs. Chez Sky il y a des garçons qui sont coéquipiers et qui pourraient être des leaders », résume tout sourire Yvon Ledanois, directeur sportif dans l’équipe BMC de Richie Porte (5e au général). « Ce n’est pas nouveau, cela existait à l’époque d’Eddy Merckx (cinq Tours de France, ndlr) qui avait l’intelligence de prendre les meilleurs coureurs. Celui qui découvre cela, c’est qu’il ne connaît pas grand-chose au vélo », ajoute-t-il.

Dans une société qui court après la nouveauté coûte que coûte, l'hégémonie de Chris Froome sur le Tour de France pourrait finir par lasser. L’indifférence du public et des médias à son égard ne changera rien. Froome reviendra en 2017, pour le quadruplé, alors que Quintana va certainement ruminer son échec tout l'été même s’il avoue : « Trois Tours, trois podiums, c'est beaucoup de joie. » Le petit Colombien sera-t-il le successeur de Raymond Poulidor ?

« Poupou » reste le détenteur absolu du record de huit podiums sur la Grande Boucle. Tout le contraire de Chris Froome, huitième coureur dans l'histoire de la Grande Boucle à avoir remporté au moins trois fois la plus grande course du monde.
 

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