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Les dessous de l'infox, la chronique

Non, une Ukrainienne n’a pas gagné le «championnat du monde de sexe»

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La nouvelle a fait le tour des réseaux sociaux cette semaine. Une jeune femme ukrainienne aurait remporté « le championnat du monde de sexe » en Espagne, fin mars. Alertée par un auditeur congolais, la cellule Info Vérif a vérifié cette information devenue virale. En réalité, l’événement n’a rien d’officiel et la gagnante n’est pas ukrainienne. Il s’agit là d'une nouvelle infox poussée par la propagande russe dans le but de dépeindre une Ukraine décadente.

Contrairement à ce qu'affirment des milliers d'internautes, Nausi Love, la gagnante du «championnnat du monde de sexe» est Suédoise et non Ukrainienne.
Contrairement à ce qu'affirment des milliers d'internautes, Nausi Love, la gagnante du «championnnat du monde de sexe» est Suédoise et non Ukrainienne. © Captures d'écran/ montage RFI
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Une Ukrainienne a-t-elle récemment remporté le « championnat du monde de sexe » ? C’est ce qu’avancent, à tort, des milliers d’internautes ces derniers jours. La même photo, vue des millions de fois, accompagne chacune de ces publications. On y voit une jeune femme blonde, tout sourire, prenant la pose avec son attestation de gagnante du championnat du monde de sexe 2024. Nausi Love, de son som de scène, tient un drapeau aux couleurs bleu et jaune sur ses épaules. Ceux qui partagent ce cliché affirment que Nausi Love s'appellerait « Olesia Prikhodko », et qu'elle serait originaire d’Ukraine. « L'Ukrainienne a réussi à satisfaire 210 hommes (...) et la guerre dans tout ça », s'indigne un internaute dans un tweet cumulant plus de 512 000 vues, « la déprave de l'Ukraine », commente un autre.

De nombreux commentaires partagent le narratif d'une Ukraine "décadente".
De nombreux commentaires partagent le narratif d'une Ukraine "décadente". © Captures d'écran/ Montage RFI

Sauf qu’en réalité, Nausi Love n’est pas ukrainienne. Cette travailleuse du sexe de 26 ans, que nous avons contactée, nous a confirmé qu’elle était est Suédoise. « Je m'appelle Nausi Love. Récemment, sur Twitter, Telegram et d'autres sites, il y a eu beaucoup de messages disant que je suis Ukrainienne, et que je m'appelle Olesia Prikhodko.Tout ça est faux. Je suis uniquement Suédoise ».

Interview de Nausi Love.
00:16

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La photo sur laquelle elle tient son drapeau a été volontairement recadrée, de sorte que le drapeau suédois qu’elle porte ressemble au drapeau ukrainien, lui aussi jaune et bleu.

La photo originale a été recadrée pour faire passer le drapeau suédois comme le drapeau ukrainien.
La photo originale a été recadrée pour faire passer le drapeau suédois comme le drapeau ukrainien. © Captures d'écran/ Montage RFI

Sur le fond aussi, il y a du faux. Certains affirment que Nausi Love aurait « couché avec 210 hommes pour remporter le concours », un chiffre totalement inventé. « On a aussi prétendu que mon mari se battait sur le front en Ukraine, ou encore que j'étais Russe, ce qui n'est pas le cas », ajoute Nausi Love qui a découvert cette infox en se réveillant et en voyant son compte Telegram « rempli de messages en provenance de Russie et d'Ukraine ».

Un championnat du monde de sexe ?

Existe-t-il vraiment un championnat du monde de sexe ? Présenté comme un concours officiel et reconnu par certains médias et internautes, le sujet suscite de nombreuses interrogations sur les réseaux sociaux. En réalité, il n’y a pas de championnat officiel. Le sexe n’est pas reconnu comme une pratique sportive en Suède ou ailleurs. Cet événement a été organisé par une entité privée se présentant comme « la Fédération suédoise du sexe ».

Un nom volontairement trompeur puisque cette organisation n’est pas reconnue par la Confédération nationale du sport suédois, ni d’autres pays. Ce concours est une initiative privée lancée par un Suédois. L’édition 2024 a rassemblé en Espagne une dizaine d’acteurs X et de travailleurs du sexe venus « d’un peu partout, des États-Unis, de Colombie, d’Iran, de Suède, mais pas d’Ukraine », explique Nausi Love.

Présenter l’Ukraine comme un pays décadent

D’après nos recherches, cette fausse information a d’abord été publiée par des internautes russophones sur Telegram et VKontatke. Parmi eux, on retrouve de nombreux comptes identifiés comme des vecteurs importants de la propagande russe. C’est le cas d’Olga Skabeyeva, journaliste russe, véritable star des médias officiels du Kremlin.

L'infox est d'abord apparue en russe avant de devenir virale sur les réseaux sociaux de premier plan.
L'infox est d'abord apparue en russe avant de devenir virale sur les réseaux sociaux de premier plan. © Captures d'écran/ Montage RFI

La rumeur est ensuite devenue virale sur X (anciennement Twitter) et Facebook, avant de se retrouver dans différents médias, notamment africains, du Togo, de Côte d'Ivoire, du Bénin ou encore du Sénégal. Ce qui a poussé l’un de nos auditeurs à nous alerter pour démêler le vrai du faux.

Plusieurs sites internet ont repris cette infox dans le but de faire du clic.
Plusieurs sites internet ont repris cette infox dans le but de faire du clic. © Captures d'écran/ Montage RFI

L’objectif initial de cette infox, repartagée par certains uniquement pour faire du clic, est de présenter l’Ukraine et plus globalement l’Occident comme décadent. Ce narratif est omniprésent dans le discours officiel russe depuis le début de la guerre en Ukraine. Il y a quelques mois, la propagande russe avait affirmé qu’une actrice porno ukrainienne était candidate à l’élection présidentielle de son pays, mais là encore, c’était une infox.

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