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France / Automobile

Mondial de l’auto: la voiture électrique enfin sur la bonne voie?

Après avoir connu du retard à l’allumage, la voiture électrique est en voie de trouver un deuxième souffle à l’heure où la transition énergétique redevient une priorité en France. Même si l’on est loin des projections d’il y a cinq ans, des signes encourageants viennent  dégager l'horizon du « zéro émission ».

Les voitures électriques (ici la Zoé de Renault) n'occupent pour le moment que 0,5% du marché automobile français.
Les voitures électriques (ici la Zoé de Renault) n'occupent pour le moment que 0,5% du marché automobile français. Christophe Carmarans / RFI
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 C’est le véhicule du futur et ça le restera toujours ». Longtemps, les pronostics sur l’avenir de la voiture électrique en France et dans le monde furent comparables à ce que l’on disait du football aux Etats-Unis, il y a encore vingt ans (« soccer is the sport of the future and always will be* » avait-on coutume d’entendre). Vingt ans ont passé et le « soccer » est devenu une activité profitable outre-Atlantique où il a séduit le public et même les médias. On va arrêter ici le parallèle mais de nombreux signes indiquent que la voiture électrique - comme le foot aux Etats-Unis il y a vingt ans - est en train de convaincre industriels et consommateurs qu’elle a effectivement un avenir, après être partie de très loin.

Les ventes n’ont pas décollé

Le niveau de charge de la batterie sur une Renault Zoé au Mondial de l'Auto 2014.
Le niveau de charge de la batterie sur une Renault Zoé au Mondial de l'Auto 2014. Christophe Carmarans / RFI

Le plus convaincu d’entre tous, c’est sans aucun doute Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan, qui a été le premier chez les grands constructeurs à faire le pari du tout électrique, du moins à une très grande échelle [Honda s’y était essayé en Californie dans les années 1990 mais avait fini par renoncer, en partie à cause des lobbies, ndlr]. Encouragé par les promesses du « Grenelle de l’Environnement » de 2009, lors duquel le ministre français du Développement durable Jean-Louis Borloo avait fixé un objectif de 2 millions de véhicules électriques circulant en France en 2020, le patron de l’alliance franco-nippone décida d’investir 4 milliards d’euros pour faire de Renault-Nissan le leader mondial dans le domaine.

Si la somme était colossale, les chiffres annoncés étaient eux-mêmes extrêmement ambitieux pour ne pas dire déraisonnables : 1,5 million de véhicules électriques par an à l’horizon 2016 avec, pour produits phares, la Zoé de Renault et la Nissan Leaf, ajoutés au rigolo quadricycle Twizy et à l’utilitaire Kangoo dans sa formule zéro émission. Pour Carlos Ghosn, l’avenir s’annonçait radieux : en 2020, la voiture électrique devait représenter, selon lui, 10% du marché mondial. Or, l’année 2014 touche à sa fin et les chiffres sont cruels pour l’audacieux PDG.

Entre janvier et août, le nombre de véhicules électriques vendus en France - le pays européen ou l’électrique marche le mieux avec la Norvège - s’élevait à seulement 5 500 unités, soit exactement 0,43 % du marché hexagonal. Bien loin des chiffres espérés, Renault n’a écoulé que 2 500 Zoé durant ce laps de temps, ce qui est quand même mieux que le modèle iOn coproduit par Peugeot et Mitsubishi qui n’a, lui, convaincu que 134 acheteurs. Au niveau mondial, l’électrocardiogramme est encore un peu plus plat : à peine 0,3 % des ventes mondiales pour l’électrique en 2013, très loin des 7 millions de véhicules hybrides vendus depuis leur création par le seul Toyota, précurseur sur ce marché de l’hybride qui, lui, ne cesse de progresser.  

Le public moins réticent

Les «wallbox» de ce type permettent de recharger une voiture en 4 heures.
Les «wallbox» de ce type permettent de recharger une voiture en 4 heures. Christophe Carmarans / RFI

Alors, on arrête les frais et on change de stratégie ? Pas du tout répondent en chœur les partisans du zéro émission, prenant exemple sur le succès spectaculaire du constructeur californien Tesla Motors qui est en train de faire un malheur aux Etats-Unis (25 000 unités vendues en 2013) avec un modèle certes très cher à l’achat (environ 65 000 euros) mais doté d’une batterie ultraperformante dont l’autonomie garantie est de 500 km, contre guère plus de 150 km pour un modèle type Zoé. L’autonomie des batteries et les bornes de rechargement, c’est bien là le cœur du problème, là que tout se joue et l’on est bien obligé de constater que Carlos Ghosn et ses émules n’ont pas été très aidés dans ce domaine par les pouvoirs publics, si l’on prend le seul cas de la France.

Car le particulier, lui, serait de plus en plus mûr pour l’aventure électrique, surtout pour l’achat d’une deuxième voiture, s’il n’y avait cette fameuse barrière psychologique à franchir : cette peur de se trouver en rade, en rase campagne, au volant d’un engin qui n’avance plus, isolé à des kilomètres de la première borne de rechargement. L’angoisse absolue pour l’automobiliste lambda ! Si la voiture, c’est la liberté, ce doit surtout être la certitude d’arriver à bon port et, plus ou moins, à l’heure prévue. Il n’empêche que 28 % des Français seraient prêts, selon un sondage Ipsos récent, à acheter une voiture électrique plutôt qu’une voiture à essence.

Et ce pourcentage devrait encore s’accroître au fur et à mesure que les usagers testent le produit en conditions réelles par le biais des services d’autopartage de voitures électriques en ville comme Autolib' (Paris), Bluely (Lyon), Bluecub (Bordeaux) ou Autobleue (Nice), lesquels rencontrent un vif succès. « Reste ces fameuses réticences sur les recharges et sur l’autonomie. Mais avec un public mieux informé et l’expansion du réseau de bornes, les ventes devraient bientôt s’accélérer » nous affirmait un pilote essayeur de chez Renault jeudi dernier, au Mondial de l’Automobile de Paris, l’événement du genre le plus fréquenté au monde.

Super bonus et extension des bornes

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Emmanuel Macron

Clémence Denavit

Les mentalités sont donc en train de changer petit à petit et certains chiffres sont effectivement encourageants pour le secteur, notamment celui-ci annoncé par le coordonnateur chez Renault-France pour les véhicules zéro émission, Julien Cotteverte : « 87 % des automobilistes européens font quotidiennement des trajets de moins de 60 km », autant d’automobilistes qui, a priori, pourraient ne se servir que d’un électrique pour déplacements habituels (v. l'interview de Julien Cotterverte dans l’encadré en fin d'article). Conscients du retard pris par la France dans un domaine où elle aurait pu jouer les précurseurs, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron et la ministre de l’Environnement Ségolène Royal se sont relayés samedi sur les stands de la Porte de Versailles pour proposer des mesures susceptibles de donner un coup de pouce au véhicule électrique.  

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Segolène Royal

Clémence Denavit

Premier coup de pouce : la possibilité de bénéficier d’un super bonus écologique de 10 000 euros pour tout acheteur d’un véhicule électrique qui se débarrasserait d’un diesel vieux de plus de 13 ans à condition de résider en zone urbaine (donc polluée). Cette offre, certes assez restrictive, s’inscrit dans la lignée du bonus de 6 300 euros déjà accordé aux acheteurs de véhicules électriques. Plus important sans doute, ce deuxième coup de pouce : l’engagement pris par Bercy d'ajouter dans les quatre ans 16 000 unités au parc des bornes de recharge actuel qui compte environ 10 000 bornes en service. Voyant plus grand et plus loin, Ségolène Royal a pour sa part avancé le chiffre de 7 millions de bornes de recharge à l’horizon … 2030.

La BMW I3 sortie cette année, les Allemands aussi se mettent à l'électrique.
La BMW I3 sortie cette année, les Allemands aussi se mettent à l'électrique. Christophe Carmarans / RFI

L’année 2030, c’est loin et, d’ici là, les bornes ainsi que les batteries auront gagné en performance, un élément crucial pour le développement du véhicule électrique. A l’heure actuelle, il n’y a pas réellement de modèle standard de bornes mais plutôt une multitude de solutions avec des performances qui vont de 30 mn à 8h00 pour une recharge complète suivant la voiture, la marque de l’appareil, l’ampérage et l’installation, de quoi perturber un peu plus l’acheteur éventuel. Pour remédier à ces tracas, chaque marque amène ses solutions.

Ainsi la nouvelle BMW I3 , première « béhème » à propulsion électrique (environ 30 000 euros à l’achat, taxe déduite), propose en option un « Rex », ou Range expander (comprenez un extenseur de distance), sorte de petit moteur qui vient en option pour la « modique » somme de 4 700 euros. L’intérêt ? Il permet de faire passer l’autonomie de la batterie de 150 à 300 km. La Zoé de Renault, elle, peut se conduire en mode économique avec un limiteur de vitesse à 90 km/h qui permet de diminuer la consommation en énergie et aussi de mieux la récupérer… Encore très perfectible en terme de performances, la voiture électrique ne s’adresse pas pour le moment, à tous les publics. Mais les progrès techniques en cours et les incitations mises en œuvre sont en train de lui dégager l’horizon.

* Traduction : Le football est le sport du futur et le restera toujours 

 

Christophe Carmarans / RFI

 

Trois modèles électriques sous le feu des projecteurs (Diaporama)

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