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Culture

Exposition BD à Angoulême: les «femmes de réconfort» coréennes déclenchent une polémique

« Le festival de la BD a été contaminé par la propagande sud-coréenne »: des messages de cette nature pleuvent sur la France ces derniers jours au Japon, à cause d'une exposition à Angoulême sur les « femmes de réconfort » coréennes, prostituées de force par l'armée japonaise durant la guerre.

L'affiche de l'exposition Corée : Fleurs qui ne se fanent pas.
L'affiche de l'exposition Corée : Fleurs qui ne se fanent pas. bdangouleme.com
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Des Coréennes ont-elles été réduites à l'état d'esclaves sexuelles de soldats nippons lors de l'occupation de la Corée par l'armée impériale japonaise, cette question empoisonne toujours les relations entre Tokyo et Séoul.

La plupart des historiens estiment à 200.000 le nombre de ces femmes -surtout des Coréennes, Chinoises et Philippines- victimes de cette pratique pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Le sujet est extrêmement sensible et cette exposition (qui présente uniquement le point de vue sud-coréen) ne va faire qu'aggraver les relations difficiles entre le Japon et la Corée du Sud », regrette l'internaute Te Satomi sur la page Facebook de l'ambassade de France à Tokyo où est présenté le Festival.

« Cet événement a sans doute aussi une vocation éducative auprès des jeunes. Le cas échéant, il faut faire preuve de prudence », ajoute le même auteur d'un très long argumentaire. Cette querelle historique est l'une des raisons pour lesquelles le premier ministre japonais Shinzo Abe et la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, arrivés au pouvoir à peu près en même temps, ne se sont jamais rencontrés officiellement.

Outils de propagande ?

« J'adore la France, mais il est franchement regrettable que les bandes dessinées soient utilisées comme outils de propagande », renchérit un autre. « La France doit présenter ses excuses au Japon pour cette injustice, le point de vue du Japon sur ce sujet ayant été oublié », exigent plusieurs intervenants.

« Le sujet nous a été proposé par le gouvernement sud-coréen, mais les artistes ont eu toute liberté pour l'évoquer, en toute indépendance" », se défend Franck Bondoux, délégué général du Festival. Et d'ajouter: « nous ne prenons pas parti et n'acceptons pas qu'il y ait des tentatives de récupération de part et d'autre ».L'ambassade de France à Tokyo n'avait toujours pas réagi lundi en milieu de journée sur sa page Facebook ni ailleurs, mais envisageait de poster plus tard un commentaire.

En attendant, les plus fâchés se déchaînent sur les forums de discussion, ayant en plus appris qu'un petit éditeur nippon, NextDoor, a dû fermer son stand, la veille de l'ouverture, parce qu'il présentait des contenus jugés inappropriés sur le même sujet. « J'avais pour ainsi dire terminé les préparatifs, mais on m'a fait vivement savoir qu'il était préférable que je renonce », a expliqué l'éditeur en question, Mitsuhiko Fujii, qui parle de « malentendu ». « Je voulais juste que le point de vue des Japonais soit aussi montré sur cette question, mais manifestement il y a des passages de mangas qui pouvaient apparemment être choquants pour les Français. Je l'ignorais et je m'en excuse auprès des organisateurs qui sont aussi victime de cette affaire », a-t-il ajouté.

La compréhension à traver la bande dessinée

M. Fujii dit cependant souhaiter que cette polémique au festival serve de leçon afin que la prudence s'impose par la suite sur les sujets politiques. « Le Japon et la Corée du Sud doivent régler ces contentieux entre eux et ne pas en faire des thèmes de propagande à l'extérieur », ajoute-t-il. Le problème lié à cette exposition est aussi relaté par les médias nippons.

Le ministre nippon des Affaires étrangères, Fumio Kishida, a pour sa part déploré que cet incident aille « contre la volonté d'approfondir la compréhension et la paix internationales à travers la bande dessinée ».

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Exposition Corée : Fleurs qui ne se fanent pas, Caves du théâtre d’Angoulême, du jeudi 30 janvier au dimanche 2 février 2014. Production : Gouvernement coréen, Komacon, Association coréenne pour le manhwa, Commissariat et scénographie : Shin Myeong-hwan.

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